Archives de Survie en Alsace

Nos recherches jusqu'en octobre 2008  sur l'attentat du 6 avril 1994

Avertissement : Cette page est désormais gelée en archivage, telle qu'elle était au moment de l'arrestation de Rose Kabuye, sans sa partie actualité. Cette page servira de point de repère de notre recherche de la vérité sur l'attentat du 6 avril 1994 avant novembre 2008 - E.C. le 16 novembre 2008.

Les questions résolues

Google Earth nous fournit une aide précieuse qui fait voler en éclat de nombreux documents de propagande sur l'attentat

Toutes les distances calculées par l'outil de mesure de Google Earth sont à vol d'oiseau :

  • Il n'y a qu'une seule piste à l'aéroport de Kigali, de direction est-ouest, 100 °-280 °
  • Longueur de la piste d'atterrissage : 3.6 km
  • En septembre 2006 sur Google Earth, on ne voit qu'une rampe de phares devant la piste : côté ouest. Côté Est, il y a un terrassement qui semble préparer l'installation d'une rampe. En 1994, à partir de l'installation du FPR au CND, disposition des accords d'Arusha, l'avion présidentiel atterrit uniquement dans le sens est-ouest pour passer le plus loin possible du CND
  • Distance entre le lieu de tir présumé de Masaka et le lieu du crash : 2.8 km selon le plan fournit par Filip Reyntjens
  • Altitude la piste côté Est 1489 mètres
  • Altitude de La ferme à Masaka 1345 mètres soit 144 mètres plus bas que l'aéroport.
  • Altitude la colline en face de Masaka côté Nord : 1468 mètres..., juste dans l'axe de la piste d'atterrissage et la colline semble très peu peuplée contrairement à Masaka.
  • Tous les missiles détenus ou présumés détenus par les FAR et le FPR (sam 7, sam 14, sam 16, mistrals, stinger, etc.) avaient une portée largement suffisante, de 4 à 6 km, pour réaliser cet attentat.
  • La distance entre le CND, où résidait le bataillon du FPR à Kigali, et la tour de contrôle de l'aéroport : 4 km
  • Entre le CND et le début de la piste (côté est) : 6.6 km
  • Entre le CND et la fin de la piste (côté ouest) : 3 km
  • Distance entre le lieu présumé de tir, "La ferme" à Masaka et le CND : plus de 11 km à vol d'oiseau
  • Distance entre le CND et la propriété d'Habyarimana, lieu du crash : 8.5 km... et l'avion se dirigeait vers le CND. Il aurait donc été touché encore plus loin du CND. Les portées des missiles envisagés rendent donc impossible leur tir depuis le CND dans tous les cas de figure
  • Distance du camp militaire de Kanombe au Côté Est de la piste de l'aéroport : 580 mètres
  • Longueur du camp de Kanombe 1.8 km, mais peut être plus loin encore vers l'est
  • A Kanombe : distance la plus courte avec le prolongement de l'axe de la piste, trajectoire présumée de l'avion, à 580 mètres de la piste : 90 mètres
  • A Kanombe, qui se situe juste au delà du lieu du crash par rapport à la direction de l'avion, distance la plus courte avec le prolongement de l'axe de la piste, trajectoire présumée de l'avion, à 1.5 km de la piste : 300 mètres
  • Entre Kanombe et et le lieu de tir éventuel de Masaka nous ne situons pas exactement la limite du camp militaire. La distance entre les deux se situent entre 1.3 et 2.5 km
  • De Masaka à l'aéroport on passe à vol d'oiseau au-dessus du camp de Kanombe, exactement le long du côté nord du camp, côté le plus prêt de la trajectoire présumée de l'avion (dans l'axe de la piste à l'atterrissage)
Le lieu du crash d'au moins une partie de l'avion
  • Sur la propriété d'Habyarimana  : Reyntjens "3 jours qui ont fait basculer l'histoire" - interviews de la famille Habyarimana - Colonel français Grégoire de Saint-Quentin - Un Officier de Bagosora devant Dallaire, selon Dallaire "J'ai serré la main du diable" - conclusions du juge Bruguière.  
    Ce lieu semble unanimement admis. Mais il n'est pas impossible qu'une autre partie de l'avion soit tombée ailleurs. (Voir ci-dessous les questions non résolues)
    Voir ci-dessous le courrier du Lieutenant-Colonel Grégoire Saint-Quentin à la mission parlementaire.
Présence immédiate de militaires français sur le lieu du crash

page 241 des annexes sur l'attentat du rapport des députés français, le Lieutenant-Colonel Grégoire Saint-Quentin confirme qu'il était les 6-7-9 et 11 avril sur les lieux du crash.

Rapport du parlement français :

"pour ce qui concerne la France, les visites du Lieutenant-Colonel Grégoire de Saint-Quentin sur les lieux du crash n'ont pas permis d'obtenir une version rendue publique du déroulement de l'attentat, pas plus que les éléments que prétend détenir M. Paul Barril" page 247 de la version PDF

"Le Lieutenant-Colonel Grégoire de Saint-Quentin a pu accéder une première fois sur les lieux du crash vers vingt-deux heures, accompagné d'un officier rwandais qu'il connaissait et qui lui avait servi de sauf-conduit pour franchir les postes d'une Garde Présidentielle devenue très nerveuse. Il a entamé les recherches au milieu des restes de l'avion afin de retrouver les corps des membres de l'équipage français et a pu observer le désarroi des militaires rwandais lorsqu'ils se rendirent compte que le corps du Président était dans l'avion. Jusqu'à trois heures du matin, il avait recherché les corps de l'équipage français. Il était retourné sur place une deuxième fois le lendemain matin à 8 heures, dans le but de retrouver la boîte noire dans les débris, mais sans succès." page 248 de la version PDF

article de Libération du 7 avril 2004 :

le 7 avril 1994 à Kigali, au moins 25 officiers français, plus probablement une cinquantaine, sont présents parmi les troupes rwandaises, dont Emmanuel de Saint-Quentin [ndlr : Grégoire de Saint-Quentin], basé à la Garde présidentielle qui, la première, arrive sur les lieux du crash de l'avion du président Juvénal Habyarimana et qui, très vite, assassine les principaux responsables de l'opposition. "

« Seuls les Français ont pu arriver sur place » 
La Meuse et Le Soir - Colette Braeckman 25 avril 2007
"[...]C'est également ce que confirme le général Rwarakabije. Aujourd'hui chargé de la démobilisation et de la réinsertion des anciens militaires rentrés du Congo, il participait à l'époque au « comité de crise » mis sur pied par le colonel Bagosora dans les heures qui suivirent l'attentat : « Dans la nuit même, les officiers supérieurs se sont réunis à l'Ecole supérieure militaire. Nous avions tous été pris par surprise, y compris le colonel Bagosora, et nos opinions divergeaient sur la conduite à tenir : les trois quarts des officiers refusaient que l'armée prenne le pouvoir et voulaient s'en tenir à la Constitution, mais d'autres, comme Bagosora, avaient d'autres projets. »

Évoquant les premières minutes qui suivent la chute de l'avion, le général rappelle que « si la Mission des Nations unies au Rwanda gardait l'aéroport, toute la zone était protégée par le bataillon d'artillerie anti-aérien. Nos meilleures unités se trouvaient là et je ne vois pas comment une équipe de tireurs inconnus aurait pu s'infiltrer sur les lieux. Dès la chute de l'avion, la garde présidentielle s'est précipitée dans le jardin de la villa, et elle en a interdit l'accès à la Minuar. Seule une petite équipe de militaires français, dirigée par le colonel Grégoire de Saint Quentin, qui se trouvait tout près, a pu arriver sur place. Eux seuls pourraient dire ce qui s'est passé, parce que le colonel français a tout de suite ramassé des débris encore brûlants. Par la suite, les Forces armées rwandaises ont collecté plusieurs pièces, dont des douilles, et en mai, lorsque le lieutenant-colonel Rwabalinda s'est rendu en mission à Paris, il a remis tous ces objets au général Huchon, chef de la coopération militaire à l'Élysée ».[...]"
Les détenteurs d'éléments de preuves de l'attentat
Les Forces armées rwandaises du président Habyarimana (passées au Zaïre sous le contrôle de l'opération Turquoise), l'armée française et Paul Barril sont les seuls à pouvoir détenir les éléments d'enquête matériels sur l'attentat, puisqu'ils contrôlaient le territoire concerné ou y avaient accès. Pourquoi ne les ont-ils pas communiqués à l'enquêteur initial des nations unies, Monsieur Degni-Segui ? Voir sources
Finalement il n'y avait pas de quatrième français victime directe de l'attentat (29/11/2005)

Le journaliste Mehdi Ba a témoigné devant la commission d'enquête citoyenne en mars 2004 qu'un "quatrième" français, "père du parachutiste Olivier Motti", serait mort à cause de l'attentat. Aucun des membres de l'équipage ne porte le nom de Motti. On aurait toujours parlé de trois français, membres de l'équipage. Il tient cette information d'un document que le Juge Jean Pierre lui aurait permis de consulter et dont il a donné les éléments à la Commission d'enquête citoyenne.

En fait Mehdi Ba a poursuivi son enquête et est en mesure d'affirmer que ce problème est éclairci. Le "jeune Motti" était en fait le compagnon de la fille M. et Mme Héraud. Le document militaire a confondu père et beau-père du jeune Motti ...

Les questions non résolues

Le lieu du tir
  • La colline de Masaka, ou plutôt la vallée qui est au pied de la colline au lieu dit "La ferme". Reyntjens - Lieu retenu par les députés français et la plupart des auteurs.
  • A Masaka ou sur d'autres collines en face de Masaka selon Linda Melvern
  • Le camp militaire des FAR de Kanombe, situé juste avant l'aéroport. n° 97 de Raids (juin 1994) - L'événement du Jeudi du 1 décembre 1994
Le lieu du crash d'une autre partie de l'avion ?
Le général Dallaire parle "d'une explosion à l'aéroport". C'est la tête de chapitre concernant l'attentat dans"J'ai serré la main du diable". Sur les photos qu'on nous présente généralement il n'y a en fait qu'un réacteur sur le sol et quelques débris. Le Falcon 50 a trois réacteurs à l'arrière ( dans son mémoire Bruguière enlève un réacteur au Falcon 50 pour lui il n'y en aurait que deux. Comme quoi son enquête a été soigneuse !). Il est possible qu'un missile ait détruit l'arrière de l'avion (ces missiles sont attirés par la chaleur des réacteurs qui leur sert de repère) qui serait tombé aussitôt ainsi que les passagers , l'avion s'étant cassé, et qu'une partie de l'avion encore planante se soit écrasée plus loin, ailleurs vers l'aéroport.
Le type de missiles ? ... ou de simples RPG 7 ? ou une bombe placée dans l'avion ?

Les missiles étaient-ils vraiment des "SAM 16" ? 

On a parlé aussi de missiles Stinger et de SAM 7. 

Il en existe d'autres, notamment les FAR se sont enfuis au Zaïre en juillet 1994 avec 15 missiles Mistral et 50 à 60 missiles sam 7 selon Human Rights Watch. Comment HRW a-t-elle pu avoir cette information ? A-t-on voulu montrer que ce sont les FAR qui avaient des Mistrals au Rwanda et non les Français, pour le compte desquels ils les auraient fait sortir ostensiblement du Rwanda ? La France aurait-elle vendu des missiles Mistral au Rwanda ? Les députés français considèrent les informations d'Human Rights Watch comme acquises dans leur rapport. :

"Pour ce qui concerne la disponibilité dans l'armée rwandaise de missiles sol-air, un rapport de Human Rights Watch, établissant l'inventaire des armes emportées au Zaïre par les FAR après leur défaite, montre que ce stock comprendrait entre 40 et 50 missiles SAM-7 et 15 Mistral, c'est à dire une capacité sol-air assez importante. Mais il est peu vraisemblable qu'une armée dispose d'un tel arsenal sans en maîtriser parfaitement les conditions d'utilisation, même si de nombreux observateurs se sont plu à souligner l'état d'impréparation et l'inefficacité au combat des FAR." p 228 du rapport des députés français

Cette répétition à dire que ces missiles étaient des SAM 16 viendrait des informations communiquées à la Mission d'information parlementaire française par Filip Reyntjens. Ces informations ont été analysées avec soin par la mission parlementaire française. Les députés français ont déjoué clairement et honnêtement dans leur rapport en 1998 une tentative de manipulation du parlement français par les ex-FAR et des responsables français. p 238 à 247 du rapport des députés français

Pourtant dans ses conclusions en novembre 2006, le juge Bruguière se permet de passer outre les constatations parlementaires et remet sur le plateau ces deux mêmes missiles numérotés. Lire cette analyse faite par Jean-Paul Kimonyo membre de la Commission chargée de rassembler les preuves de l'implication de l'État français dans le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda

Les annexes sur l'attentat du rapport des députés français

Rwanda: International Genocide Expert Refutes Judge Bruguiere Linda Melvern

Tout est envisageable en l'état actuel des choses ( 26 novembre 2006)

Dans la mesure où les informations déduites de ces missiles sont fausses selon les députés, rien n'interdit d'imaginer qu'il pourrait aussi s'agir d'une bombe placée dans l'appareil, même si plusieurs témoignages visuels parlent de tirs sur l'avion, et/ou d'autres types d'engins de guerre tirés sur l'appareil.

Dans l'Evénément du Jeudi du 1 décembre 1994, Jean-François Dupaquier rapporte de son enquête que de simple RPG7 , des lances roquettes, auraient très bien pu être utilisés.

Qui a été témoin du tir de missiles ? En mai 2006, le contrôleur aérien de l'époque a affirmé qu'il a vu trois missiles et que c'est le deuxième qui a touché l'avion. Les autres témoins connus sont présentés comme des transfuges du FPR qui prétendent avoir été membres du "Network commando" mais sont libres de leurs mouvements ! Eux disent avoir tiré deux missiles et non pas trois... Les officiers français qui se sont rendus aussitôt sur les lieux du crash n'ont pas communiqué leurs informations jusqu'à maintenant, pas même à l'enquêteur de l'ONU en 1994, Monsieur Degni-Segui. 

N'oublions pas que nous sommes dans un contexte de guerre psychologique sur cette affaire et que tous les témoins qui se sont manifestés sont proches des auteurs possibles. (Voir chapitre Ruzibiza ci-dessous notamment)

Missile Mistral Missile Mistral
Missiles Sam russes (guidés par infrarouge)
Missile Stinger

Voir aussi cette étude de la CEC : A propos d'un missile SAM 16 trouvé par les FAR en 1991 au Rwanda

Le contrôleur aérien a vu trois missiles selon le quotidien belge Le Soir (Ce contrôleur était certainement très favorable au directeur de l'aéroport de l'époque dont il dit qu'il était membre de la CDR, le noyau dur du Hutu Power)

Voir les distances entre les divers lieux concernés par les hypothèses sur cet attentat relevées sur Google Earth.

Les FAR avaient-ils des missiles Sol Air de type Sam 16, en plus de leurs Mistrals et Sam 7 ?

Une autre information venant du procès de Bagosora (Site Fondation Hirondelle):

"Contrairement à Bagosora, le substitut du procureur a soutenu que l'armée gouvernementale rwandaise disposait bien de missiles sol- air dans son arsenal. White a alors produit une lettre écrite le 17 janvier 1992, par le chef d'état- major adjoint de l'armée, le colonel Laurent Serubuga, au ministre de la défense et lui conseillant d'acquérir «une batterie SAM 16 comprenant 12 lanceurs et 120 missiles ». Selon Bagosora, cet armement n'a jamais été acheté bien que le gouvernement ait passé une commande et reçu une facture. Curieusement, fait remarquer White, les numéros de série mentionnés sur la facture proforma sont les mêmes que ceux qui figurent sur la batterie recueillie par l'armée rwandaise à Masaka (près de Kigali), au lendemain de l'attentat. Réponse de Bagosora : « Nous nous sommes proposé de faire une commande ; nous n'avons pas acheté. Entre-temps, quelqu'un d'autre pouvait acheter ». " porte parole du TPIR 2 février 2006

Dans leur rapport les députés français écrivent :

"Le 15 juillet 1991, le chargé d'affaires russe indique à l'attaché de défense français que le Rwanda a passé commande à titre onéreux à son pays de 50 mortiers, 6 obusiers, 30 mitrailleuses et de missiles SA 16 dont le nombre n'est pas précisé, ainsi que des munitions correspondant à ces armements. Le chargé d'affaires russe indique que la commande est prête à livrer sous réserve de la confirmation du Rwanda qui devra alors verser une provision." (p185 du rapport des députés français)
Qui a la boite noire de l'avion d'Habyarimana ?
Cette boite noire est un sujet galvaudé par les acteurs français depuis le début. On se souvient de sa présentation fausse par Barril à la télévision française, des affirmations contradictoires venant du constructeur Dassaut, infirmant et affirmant l'existence de cette boite. On se souvient des contorsions rocambolesques de 2004 initiées par Stephen Smith dans Le Monde du 9-10 mars 2004.

Le Rwanda veut cette boite noire, notamment pour connaitre les échanges qui ont eu lieu entre les pilotes avant l'attentat. Mais la France qui a vraisemblablement cette boite est accusée de la cacher.
Jeune Afrique 8/11/2006
L'implication du FPR ?
C'est la position du juge Bruguière, mais on a vu qu'elle repose sur des éléments factuels déjà contestés par les députés français et maintenant les membres de la commission nationale rwandaise. (voir plus haut chapitre sur les missiles).

Néanmoins, même si les missiles évoqués par le juge Bruguière ne sont pas ceux-là, il peut s'agir d'autres missiles.

Question jamais évoquée : la trajectoire de l'avion à l'atterrissage passant au dessus de la propriété d'Habyarimana et du camps militaire de Kanombe, sur la quasi totalité de la zone possible du crash en cas de tir à l'atterrissage, le camp d'Habyarimana aurait-il pris le risque de descendre l'avion dans ces conditions ? Est-ce que cela n'indique pas qu'à priori seule une puissance étrangère ou le FPR aurait pu sous-estimer ce risque ?

Le FPR aurait-t-il pu s'infiltrer à partir du CND ou d'ailleurs, sur la colline de Masaka, pour tirer les missiles, zone située à 5 km du côté Est de la piste de l'aéroport et qui semble avoir été la mieux gardée du Rwanda, d'autant plus qu'une rumeur d'attentat contre l'avion présidentiel circulait depuis plusieurs semaines parmi les ambassades et le staff de la Minuar et que ce point de tir était semble-t-il le seul possible contre un avion à l'atterrissage ? La distance entre le lieu reconnu de tir, "La ferme" à Masaka et le CND est de 11.30 km à vol d'oiseau d'après Google Earth. Le FPR devait contourner le camp de Kanombe et passer pas mal de barrage des FAR pour arriver là. Une performance si c'est ce qui c'est passé. Mais on a vu qu'il a pu faire évacuer de nuit des réfugiés du stade Amahoro au nez et à la barbe de la Minuar et des FAR.

Un petit commando bien entrainé, à supposer que les FAR aient été un peu "bordéliques" dans leur quadrillage, aurait peut être pu s'infiltrer avec des lances missiles de moins de 20 kg,  en venant du Nord-Est à travers la campagne....Nul besoin de stocker les missiles au CND, une vieille bicoque sur une colline, et un vieux canapé défoncé pour cacher les missiles dessous, auraient fait l'affaire...
Les messages interceptés
Cet aspect laisse dubitatif. Suffit-il qu'un message soit en anglais ou en swahili pour accuser le FPR ou en français ou Kinyarwanda pour accuser les FAR ou d'autres  ? Ces messages sont affirmés par des témoins sans qu'ils sachent vraiment qui les prononcent. Des messages ont pu être envoyés pour brouiller les pistes... tout cela demanderait une enquête beaucoup plus minutieuse.

"Target is hit" :  Pierre Péan nous induit en erreur à ce sujet. Le casque bleu togolais qui selon lui a donné cette information ... l'avait obtenue des FAR, comme le disent nos députés dans leur rapport. 
"Ce fait serait confirmé par un rapport daté du 7 avril 1994, où le capitaine Apédo, observateur togolais de la MINUAR au camp de Kigali écrit : ? RGF Major said they monitored RPF communication which stated ? target is hit ?. p.237 de la version PDF du rapport des députés.

Pour Péan c'est une information de la Minuar, ce qui est faux.  C'est une information rapportée par la Minuar : RGF désigne l'armée gouvernementale rwandaise, c'est à dire les FAR. L'origine de l'info est donc éminemment sujette à caution.
L'implication éventuelle de mercenaires occidentaux ?

Plusieurs témoignages, accusant les uns des mercenaires au service du Hutu power et les autres des mercenaires au service du FPR parlent de blancs s'enfuyant après la chute de l'appareil.

Le vendeur d'armes Dominique Lemonnier a affirmé que le Capitaine Paul Barril l'aurait contacté pour acheter des missiles. Il a prétendu qu'il ne vendait pas ce genre d'armes. Après l'attentat, il a été poursuivi en justice par le Capitaine Paul Barril, "à la demande du gouvernement intérimaire rwandais" (qui conduisait le génocide), pour des armes payées d'avance et non livrées. Dominique Lemonnier est mort très jeune de façon inexpliquée. Y-a t-il un lien entre ces éléments et l'attentat ?


L'implication de l'État français ?
  • Sept Français sont morts entre le 6 avril 20 h 25 et le 7 avril 1994
Sont morts :
  • Les trois Français qui pilotaient le Falcon 50 abattu
  • Deux gendarmes, Didot et Maïer, et l'épouse de Didot.
    Ils faisaient vraisemblablement des écoutes radio de l'aéroport, entre autres car ils étaient aussi en mesure d'écouter le CND, lieu de résidence du contingent FPR autorisé a stationner dans Kigali par les accords d'Arusha. Ces Français qui ont été tués à Kigali et avaient un matériel radio sophistiqué étaient-ils vraiment des radio amateurs ? Ont-ils été tués par le FPR ou par d'autres ? Pierre Péan affirme que c'est le FPR...Mais nous savons ce que valent les affirmations de Pierre Péan. Selon une étude Jacques Morel, parue dans la revue La Nuit rwandaise N°2, ils auraient été tués dès le 6 avril au soir juste après l'attentat, dans une zone contrôlée par les FAR.
  • François de Grossouvre retrouvé "suicidé" à L'Elysée le 7 avril 1994. Est-ce lié ?
    Dans un interview filmé non publié, Paul Barril affirme qu'il rendait compte directement à François de Grossouvre et que François Mitterrand lui donnait une réponse dans les 24 heures par le même intermédiaire. Est-ce vérifiable ?
    "Yet more hearsay evidence comes from Jean Kambanda in his fascinating confession to the ICTR. Kambanda, the prime minister in the interim government, says that President Sese Seko Mobutu of neighbouring Zaire, (now DRC) had warned Habyarimana not to go to Dar-Es-Salaam on 6 April. Mobuto said this warning had come from a very senior official in the Elysée Palace in Paris. There was a link between this warning, said Mobutu, and the subsequent suicide in the Elysée of a senior high-ranking official working for President François Mitterrand, an official who had killed himself on 7 April after learning about the downing of the Falcon. This was François de Grossouvre, a presidential advisor on African affairs. " Linda Melvern 
  • Les autres éléments liés à la France
Fondation Hirondelle 27 novembre 2006
  • Paul Barril
Outre les éléments liés à François de Grossouvre, la principale question tourne autour du véritable statut de Paul Barril. Est-il un privé comme il le prétend, ou un service parallèle de nouveaux professionnels de l'armée, très pratique pour l'armée française ?

Pourquoi Paul Barril est-il intervenu à la télévision française pour affirmer avoir des preuves matérielles de son enquête sur l'attentat ?
Paul Barril semble avoir été présent au Rwanda au moment de l'attentat. Il était aussi souvent au Burundi pour s'occuper  de la sécurité du président burundais. Pourquoi l'enquête du Juge Bruguière, lancée aussitôt après la création de la Mission d'information parlementaire, a-t-elle permis d'empêcher les députés d'auditionner Paul Barril ? Il a été emprisonné en décembre 2007 pour une autre affaire en France... à nouveau à l'écart de toute disponibilité sur l'affaire rwandaise ?
  • Présence de Français près des lieux du tir selon Colette Braeckman (sur son blog) :
"Pourquoi le juge [Bruguière] ne s'est il pas rendu sur le terrain ?
Une descente sur les lieux aurait permis d'éviter quelques  invraisemblances :  la colline de Masaka,  d'où partit le tir, était à l'époque étroitement contrôlée par la Garde présidentielle. Une seule route y conduisait, longeant des marécages. Pas moins de sept barrages y étaient érigés. Le lieu dit «la Ferme » où se seraient postés les tireurs du FPR, était un domaine appartenant à Mme Habyarimana, gardé par des militaires français, à côté de l' orphelinat Sainte Agathe, soutenu par l'épouse du président.  Comment des militaires du FPR (physiquement très reconnaissables) auraient ils pu quitter l'enceinte du Parlement rwandais, gardée par les Casques bleus, gagner en taxi ( !) le lieu choisi pour perpétrer l'attentat puis regagner leur base une fois terminée l'opération, dans une ville hérissée de barrières, où les tueries avaient commencé ?"
  • En janvier 2008 la journaliste Linda Melvern relance cette piste...

...après avoir entendu un nouveau témoignage d'un gendarme rwandais chargé par Sagatwa de pister un mercenaire français venant du Burundi... Sagatwa est mort dans l'attentat et le gendarme a vu le mercenaire sur le lieu de tir... Colette Braeckman avait déjà eu vent de cette hypothèse par le témoignage d'un Belge qui maintient mordicus avoir vu des soldats blancs qui portaient leurs bérets à la française sur le lieu du tir le 6 avril 1994... alors qu'ils avaient revêtu un uniforme d'une autre armée ...

The perfect crime ? Linda Melvern janvier 2008 
article commenté par Colette Braeckman sur son blog le 31 janvier 2008 :
un nouveau témoin confirme les accusations portées contre des Français à propos de l'attentat

  • La méthode Coué d'une version de l'attentat selon les canaux français
L'insistance avec laquelle on nous répète sans preuve (voir analyse des députés français plus haut) que les missiles étaient des Sam 16 de fabrication soviétique , n'est-il pas là pour cacher un autre type de missile éventuellement utilisé, par exemple des mistrals français qui étaient sur le territoire du Rwanda en 1994 selon HRW et les députés français ?
Pourquoi le Général Quesnot, chef d'état major de François Mitterrand, a-t-il essayé de faire croire aux députés français que le FPR aurait attaqué tout de suite après l'attentat, version que les députés n'ont pas retenue après recoupements ?
Le couple de "radio amateurs" français tués à Kigali dans les heures qui ont suivi l'attentat étaient-il des agents français qui écoutaient ? Quel était vraiment leur rôle ? Une enquête est nécessaire.
Autre sujet de question : l'acharnement français sur la question de l'attentat vient-il uniquement des pilotes français morts dans l'attentat ?
Question jamais évoquée : la trajectoire de l'avion à l'atterrissage passant au dessus de la propriété d'Habyarimana et du camp militaire de Kanombe, sur la quasi totalité de la zone possible du crash en cas de tir à l'atterrissage, le camp d'Habyarimana aurait-il pris le risque de descendre l'avion dans ces conditions ? Est-ce que cela n'indique pas qu'à priori seule une puissance étrangère ou le FPR aurait pu sous-estimer ce risque ?
  • L'épicentre des informations sur l'attentat est français
Toutes les informations sur l'attentat se partagent sur une ligne de fracture qui peut s'exprimer schématiquement ainsi : pour ou contre la France.

Tous les journalistes qui traitent de cette question sont soit français, soit des étrangers qui soutiennent ou accusent la France. Parmi ceux qui soutiennent la France on a tout le noyau des défenseurs des accusés du TPIR, qui comptent toujours sur le soutien de la France.
Pourquoi les deux présidents du Rwanda et du Burundi ont-ils été "regroupés" dans le même avion juste avant le départ ?
Voulait-on protéger le président du Burundi contre une alerte à un attentat ? Comment est retourné l'autre avion, celui du président du Burundi, et qui était dedans ? Le juge Bruguière affirme qu'ils avaient le même type d'avion, un Falcon 50. Reyntjens nous explique dans son livre trois jours qui ont fait basculer l'histoire, que ce Falcon burundais était en révision et que son avion de remplacement était jugé trop lent et trop bruyant par le président burundais. Les deux avions, burundais et rwandais, devaient-ils se rendre au Rwanda ? Dans le cas où deux avions présidentiels se suivaient, y avait-il un protocole particulier pour l'arrivée sur un même aéroport ? Lequel ? S'ils voulaient viser l'avion burundais, les tireurs savaient-ils que ce n'était pas le Falcon 50 qu'utilisait ce jour là le président du Burundi. La révision du Falcon 50 entrait-elle dans le cycle normal des révisions ? Le fait que, selon Bruguière, le pilote burundais du Falcon 50 ait été arrêté par la police des frontières à son entrée en France le 5 avril, événement peu banal surtout qu'on l'a fouillé pour voir s'il ne disposait pas de plan d'attentat... la veille de l'attentat, était-il lié à cet attentat ? Ce faisceau de faits et de questions qui a conduit au regroupement des deux président dans le même avion, n'a jamais été vraiment exploré et reste un élément peu banal, surtout dans le contexte de l'époque. Rappelons que ces deux chefs d'état étaient conseillés par Paul Barril pour leur sécurité.

Ces questions sont reprises par Jean-Claude Ngabonziza sur l'Observatoire de l'Afrique centrale.

L'hypothèse de Jean-Claude Ngabonziza s'appuie sur la piste inexplorée du regroupement étonnant des présidents rwandais et burundais dans l'avion abattu. On aurait en fait voulu abattre l'avion burundais, également un falcon 50 comme le confirme le juge Bruguière, emmenant le chef d'état major burundais accusé d'être le responsable de l'attentat contre Melchior Ndadaye, premier président élu démocratiquement au Burundi. Ce signal fort devait booster les miliciens pour déclencher le génocide. On aurait abattu l'avion présidentielle par confusion, suite à la désobéissance inattendue du chef d'état major burundais qui aurait pressenti un piège. Cette piste n'élude pas non plus l'assassinat des spécialistes radio français, le couple Didot et le gendarme Maier. Hautement intéressant, et inquiétant au sujet de l'état-major français.
La curieuse absence de couverture de la publication du juge français par les principaux sites internet burundais
Entre le 17 novembre et le 4 décembre 2006 les sites burundais n'ont publié aucun article sur les conclusions du juge Bruguière concernant l'assassinat en 1994, entre autre, du président du Burundi. Juste un lien "brut" vers le "rapport Bruguière" sans aucun commentaire ! Ce silence est tout à fait étonnant et curieux.
Voir historique des dépêches sur Google actualité.

Qu'a-t-on promis aux journalistes burundais pour qu'ils soient si "sages", notamment Burundi Réalités qui pourtant aurait du enfoncer le clou !

La visite à Paris du Président du Burundi le 10 novembre 2006, 7 jours avant la publication des conclusions du juge Bruguière datées du 17 novembre 2006 est-elle aussi liée à cet événement ?
Les massacres qui ont suivi sur la colline de Masaka, lieu du tir présumé selon la majorité des versions, voulaient-ils éliminer des témoins gênants ?
Si le FPR et les Belges avaient été responsables de l'attentat ou les démocrates Hutu ou des Burundais, la Garde présidentielle rwandaise aurait-elle eu intérêt à massacrer un grand nombre de civils sur la colline de Masaka aussitôt après l'attentat ? N'aurait-elle pas plus tôt cherché à garder le maximum de témoins ?
Pourquoi le contrôleur aérien a-t-il été agressé par la garde présidentielle aussitôt après l'attentat ? et pourquoi l'AFP a-t-elle caché cette information ?
La garde présidentielle serait intervenue aussi à la tour de contrôle selon le contrôleur aérien qui a témoigné sous la plume de Collette Braeckman le 6 mai 2006 dans le Soir. Cette intervention ciblée ne visait-t-elle pas à supprimer un témoin ? Pourquoi l'AFP n'a-t-elle pas repris l'entièreté de ce témoignage important cachant l'agression et l'intervention d'un chef de la CDR qui a calmé les gardes en affirmant qu'il allait interroger le contrôleur ?
A qui profite le crime ?
La situation politique était bloquée et Juvénal Habyarimana personnifiait à tort ou à raison ce blocage. Se débarrasser du Président Habyarimana pouvait tenter toutes les parties en présence. Mais la France n'y avait apparemment guère d'intérêt. Mais c'était très affaiblissant pour le Hutu power. Mais c'était dangereux pour le bataillon FPR isolé au cœur de Kigali. Mais les États-Unis ne semblait pas s'investir directement. Et pourtant un groupe l'a pensé et fait.
Aucun État ne semble attaché dans les faits à ce que la lumière soit faite ?

...comme si les auteurs appartenaient à plusieurs États imbriqués dans cette affaire... comme si les auteurs se tenaient les uns les autres...

On ne peut que rappeler qu'une sénatrice démocrate américaine, qui semble proche de Charles Onana, prétend que les États-Unis seraient impliqués dans cet attentat.

La chronologie de cette affaire et ses brouillages ne font-ils pas penser à un coup d'état orchestré par le Hutu Power et soutenu par la France comme dans de nombreux autres coups d'états africains francophones ?

Il est en effet difficile de ne pas voir cet enchainement de faits accablants pour la France et le Hutu Power - Si cet enchainement est exact il ne fera que confirmer le double jeu de la France :
  1. Préparation d'un génocide (Le général Varret rapportant devant les députés français les propos du chef d'État major de la gendarmerie rwandaise au sujet des Tutsi fin 1990, plus de trois ans avant le génocide, "Ils sont très peu nombreux. Nous allons les liquider" page 292 du rapport des députés français)
  2. Le soutien français au régime Habyarimana est déterminant "à la limite de l'engagement direct" selon nos députés et au-delà de l'engagement direct, contre "les Tutsi", selon de nombreux témoins rwandais.
  3. La France soutient au plan international les accords d'Arusha, mais ils sont très critiqués par le Hutu Power, comme par le Chef d'état major particulier du président de la République française devant nos députés.
  4. On se débarrasse du président et du Chef d'état major le 6 avril 1994. Les Français sont, proches du lieu du tir d'après Colette Braeckman, et  immédiatement sur les lieux du crash et ne communiqueront jamais le résultat de leur enquête. Leur intervention fait plutôt penser à un effacement de preuves. On massacre le maximum de témoins possibles de l'attentat à Masaka. La terreur pour le silence.
  5. On élimine le premier ministre le lendemain et les Hutu démocrates favorables au rapprochement avec le FPR et donc respectueux des accords d'Arusha. les seuls Hutu capables de bloquer le développement de l'idéologie génocidaire. 
  6. On élimine dans la foulée, le même jour, 10 soldats de la Minuar ce qui aura pour effet le départ de 90 % de ses soldats ( Autre fait, est-ce en lien ? François de Grossouvre, intermédiaire entre François Mitterrand et Paul Barril, se suicide à l'Élysée à Paris - Paul Barril prétend qu'il a été assassiné)
  7. On constitue le gouvernement intérimaire (avec l'aide de l'ambassadeur de France et dans l'ambassade de France selon divers témoins) et sous la houlette féroce de Bagosora qui n'a plus de supérieurs hiérarchiques
  8. On exécute le génocide - pendant le génocide la France vote le retrait de la Minuar, se met en retrait du gouvernement génocidaire, mais reçoit ses membres à l'Élysée et au gouvernement et soutien l'ambassadeur du Rwanda à l'ONU. Le ministre français des Affaires étrangères donne le change en déclarant le premier qu'il y a génocide et justifie ainsi l'intervention militaire souhaitée
  9. Paul Barril revendique à la télévision française d'avoir la boite noire de l'avion - en même temps il organise au Rwanda "l'opération insecticide" pour aider le Hutu power à percer les lignes du FPR
  10. Pendant tout le génocide, malgré l'embargo, la France supervise l'approvisionnement en armes du gouvernement génocidaire comme l'a révélé le rapport de la CEC. François Mitterrand déclare au journal Le Monde le 23 avril 1994 "Le génocide s'inscrit dans une logique de guerre"
  11. L'Opération Turquoise est lancée mais n'arrête pas la poussée du FPR et organise le repli du Hutu Power au Zaïre. Officiellement c'est une opération humanitaire. 
  12. De nombreuses actions d'infiltration cherchent à déstabiliser le Rwanda à partir du Zaïre de 1995 à 1996 et provoquent la première guerre du Congo-Zaïre puis la chute de Mobutu et la déstabilisation ultime du Zaïre-Congo
  13. Le pouvoir FPR s'avère non seulement plus résistant que prévu mais offensif et la France s'impatiente de voir le Rwanda de Paul Kagame mettre en échec sa stratégie
  14. On continue de brouiller les pistes de l'attentat et on essaie de l'attribuer au deuxième auteur possible, le FPR, "qui aurait déclenché le génocide contre ses propres frères". La France est très active dans ce brouillage
Cette liste de questions n'est pas exhaustive et sera complétée

Les sources d'informations

Les distances sur Google Earth entre les lieux évoqués
Aucune enquête de l'ONU n'a été conduite à son terme
Le sénat belge

Il ressort, notamment de l'audition par le Sénat belge de M. Degni-Segui, chargé initialement pendant le génocide de l'enquête sur l'attentat par l'ONU, que la France et les Forces armées rwandaises ont bloqué l'enquête juste après l'attentat. C'était le moment crucial de ce genre d'enquête il est d'ailleurs dit dans le note 530b du rapport du sénat belge :

"Dans la matinée du 7 avril, à la demande du général Dallaire, un certain nombre d'hommes ont bel et bien été envoyés à l'endroit où l'avion présidentiel s'est abattu. Un barrage des FAR leur en a toutefois interdit l'accès".

Sur le site du Sénat belge (Accès direct au chapitre concerné)
Le parlement français

Les parlementaires français ont analysé les diverses hypothèses crédibles concernant cet attentat. Parmi ces hypothèses, on trouve comme éventuels auteurs :

  • La piste des extrémistes hutus " commanditaires " avec l'aide de militaires ou mercenaires français " opérateurs "
  • La piste burundaise
  • La piste de l'opposition démocratique ou des " hutus modérés "
  • La piste du FPR ? commanditaire ? avec l'aide de militaires belges ? opérateurs ?
L'OUA
Dans le rapport de l'OUA (Accès direct au chapitre concerné)
Le "rapport Hourigan"

Ce rapport d'une page, si l'on exclue les pages de présentation, considère que le FPR est responsable de l'attentat.

"Le document en question est un mémorandum interne de trois pages daté du 1er août 1997. Il a été rédigé par M. Michael Hourigan, ancien enquêteur du Bureau du Procureur, à sa propre initiative. "selon un communiqué de presse du TPIR/ICTR

La commission d'enquête citoyenne française
Un document intéressant à propos d'un missile SAM 16 trouvé par les FAR en 1991 au Rwanda (Document de la CEC publié en 2005) qui montre des embrouilles au niveau français concernant les missiles au Rwanda. - lire
Linda Melvern
Son livre 'Conspiracy to Murder. The Rwandan Genocide' -Verso - 2006
Rwanda: International Genocide Expert Refutes Judge Bruguiere (26 novembre 2006)
Filip Reyntjens
Son livre "Trois jours qui ont fait basculer l'histoire" L'Harmattan - 1996
Sur le site de Michel Ognier Rwanda 94
"Génocide et reprise de la guerre", chapitre VII du livre de Gérard Prunier, Rwanda - Histoire d'un génocide aux éditions Dagorno.
L'auteur, conseiller de François Léotard, ministre de la défense française pendant le génocide, analyse les différentes hypothèses par ordre de probabilité croissante selon lui. (Il ne croit pas du tout à l'hypothèse Braeckman mais reprend certains de ses indices dans une autre perspective. selon lui l'hypothèse la plus vraisemblable désigne les extrémistes du hutu-power)
Le premier témoignage accusant le FPR
Le témoignage du contrôleur aérien recueilli par Collette Braeckman dans le Soir du 6 mai 2006

Selon ce témoignage, le contrôleur aérien a "vu partir trois missiles" tirés sur l'avion depuis la zone de Masaka. Ce serait le deuxième missile qui aurait touché l'avion. Surtout il aurait été agressé ensuite par la garde présidentielle qui voulait le tuer.

" A ce moment- là, j'étais mort de peur. Un militaire de la garde présidentielle a sauté sur moi et a placé son revolver sur ma tempe. Le directeur de l'aviation civile, Stany Simbizi, est alors arrivé avec les militaires. Les hommes de la garde voulaient me tuer tout de suite, mais Simbizi s'est interposé car il voulait d'abord m'interroger. Alors qu'ils me rouaient de coups, les gardes se sont interrompus car un avion belge entamait son approche"

Le plus surprenant dans ce témoignage, c'est que la dépêche de l'AFP qui en fait état le 6 mai 2006 n'a pas repris cette agression et l'intervention de ce chef de la CDR dans son texte. Ce sont des faits pourtant importants dans cette affaire... Cet "oubli" vient renforcer cette impression de camouflage de tout ce qui émane de la France à propos de l'attentat.

Des opinions minoritaires de génocidaires rwandais
Extrait d'un article de Monique MAS sur RFI du 7 avril 2004 :

"Officiellement, une quinzaine d'officiers français seraient restés au Rwanda, le temps de fermer les bureaux de l'opération Noroît, en décembre 1993. A la prison de Cyangugu, l'ancien caporal des Far assure que des officiers et des hommes du rang sont restés. Pour sa part, il ne croit pas que le 6 avril 1994, le FPR ait pu s'infiltrer dans le quartier de Masaka d'où a été tiré le missile qui a abattu l'avion du président Habyarimana, au-dessus de la zone militaire aéroportuaire de Kanombe abritant la résidence présidentielle. «Quand on sait ce qu'il faut pour tirer un missile, cela paraît impossible que le FPR ait pu le faire. Parce que Masaka était une position gouvernementale», dit-il, mais aussi parce que «dans une cour de Masaka, il y avait un camp d'entraînement interahamwe. Il y avait aussi une position française bien connue». Informé par son «grand frère qui était Garde présidentiel» (GP), le caporal a également trouvé étonnant que, sitôt l'avion tombé, «les GP et les Français se sont précipités à Kanombe au lieu d'aller voir ce qui se passait à Masaka». Lui-même croit plutôt que les responsables sont les faucons du régime. «L'armée rwandaise était divisée», dit-il, «certains ne voulaient pas entendre parler d'Arusha qui allait donner des postes au FPR».

Voir aussi cette dépêche de l'AFP :

Le bras de fer franco-rwandais

Cet attentat est un coup d'état si l'auteur est le FPR ou si c'est le Hutu Power. Il a de fait permis au Hutu power de prendre le pouvoir contre les Hutu modérés de l'accord d'Arusha. Si c'est le fait d'une puissance étrangère, c'est un crime d'ingérence.

Le fait qu'il ait servi de déclencheur du génocide ne donne aucune circonstance atténuante aux organisateurs du génocide s'ils ne sont pas l'auteur de l'attentat. Le FPR ne peut être accusé d'être responsable du génocide, sous prétexte que c'est la réponse imaginée par le Hutu Power à sa volonté de prendre le pouvoir au Rwanda, attentat éventuel compris. La volonté de prendre le pouvoir par les armes d'un côté et celle d'exterminer tous les Tutsi de l'autre ne peuvent se mettre en balance. C'est un chantage négationniste, auquel la diplomatie française est intimement imbriquée et dont le juge Bruguière ne se démarque pas, au contraire. Cela fragilise la crédibilité de son enquête.

Contexte historique

Début des années 90 François Mitterrand offre à Juvénal Habyarimana un Falcon 50 et un équipage français payé sur des fonds secrets.
6 avril 1994 Juvénal Habyarimana est tué dans un attentat : son avion est détruit à l'atterrissage à Kigali.
Le commandant français de Saint-Quentin est aussitôt sur les lieux du crash avec la garde présidentielle rwandaise. La Mission des Nations Unies est interdite d'accès au lieu du crash.
Les Belges de la Mission des Nations Unies sont aussitôt accusés par l'ambassade de France (selon un témoin) et radio des mille collines (radio du génocide) d'être les auteurs du crime.
7-10 avril 1994 Le Colonel Bagosora prend le pouvoir après avoir fait assassiner le premier ministre, de nombreux opposants hutu démocrates et 10 casques bleus belges par la garde présidentielle.
Mai-octobre 1994 Le rapporteur spécial de la Commission des Droits de l'Homme l'ONU, chargé d'enquêter sur les événements du Rwanda, n'arrive pas obtenir de l'armée française et des forces armées rwandaises du général Habyarimana les éléments d'enquête qu'ils ont obtenus juste après le crash. 
Juin 1997 Le rapporteur spécial de l'ONU informe le sénat belge des difficultés qu'il a rencontrées en 1994 pour réunir ces informations sur l'attentat. (Voir ci-dessus)
1 août 1997 Le mémorandum Hourigan qui accuse le FPR d'être auteur de l'attentat est écrit.
31 août 1997 Dépôt de plainte en France par la famille du commandant de bord de l'avion de Juvénal Habyarimana.
Mars 1998 Le parlement français décide la Mission parlementaire d'information sur le Rwanda.
Le juge Bruguière est chargé d'instruire la plainte de la famille du commandant de bord de l'avion d'Habyarimana le 27 mars 1998.
Avril-décembre 1998 Le capitaine Paul Barril argue de l'enquête du juge Bruguière auquel il réserve son audition pour ne pas répondre à la Mission parlementaire sur le Rwanda.
2000-2001 Le juge Bruguière se rend plusieurs fois à Arusha et à La Haye pour tenter sans succès de convaincre le Tribunal pénal international et son procureur, Carla del Ponte, d'instruire l'attentat à charge contre le FPR. Pendant cette période sortent aussi le "rapport Hourigan", en mars 2000 et daté de 1997, et les premières révélations d'anciens membres du FPR accusant Paul Kagame.
9 mars 2004 Le Monde annonce la publication imminente du "rapport Bruguière" qui accuse Paul Kagame d'être l'auteur de l'attentat.
Février 2005 Des Rwandais portent plainte contre l'armée française devant le Tribunal aux armée à Paris.
Novembre 2005 Un livre du principal témoin du juge Bruguière est publié. Ce témoin qui se présente comme membre du commando FPR auteur de l'attentat n'a pas été arrêté par le juge Bruguière.
Mai-juillet 2006 La Cour d'appel de Paris déboute le parquet du Tribunal aux armées qui veut faire obstacle aux plaintes des Rwandais.
Octobre 2006 La commission nationale rwandaise, annoncée en juillet 2004, entame des auditions publiques pour réunir les preuves de l'implication de la France dans le génocide au Rwanda. Fin octobre elle annonce une deuxième série d'auditions prévue pour décembre  2006.
Novembre 2006 Le procès du cerveau du génocide, le Colonel Bagosora, seul officier rwandais formé en France à l'école de guerre, entre dans sa dernière phase. Il est l'autre auteur probable de l'attentat contre l'avion d'Habyarimana. Des officiers français sont convoqués par la défense de Bagosora et d'autres militaires pour témoigner en leur faveur. Le Général Dallaire doit témoigner devant le TPIR du 6-7 avril 1994 à partir du 20 novembre 2006. Grégoire de Saint-Quentin devait témoigner aussi à Arusha cette semaine là. C'est ce Colonel français qui a été sur les lieux du crash juste après l'attentat.
17 novembre 2006 Le juge Bruguière signe son "ordonnance de soit-communiqué".
20 novembre 2006 La France annonce que la justice française va lancer des mandats d'arrêt contre 9 proches de l'entourage du Président du Rwanda, qu'elle juge, par l'enquête du juge Bruguière, auteurs présumés de l'attentat.
21 novembre 2006 Les conclusions du juge Bruguière sont publiées (cf ci-dessous) et le  juge a recommandé des poursuites devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) contre M. Kagame
Le même jour on apprend que Paris a annulé l'audition du Colonel Grégoire de Saint-Quentin devant le TPIR.
22 novembre 2006 "Le chef d'état-major rwandais, visé par un mandat du juge Bruguière, a participé à des opérations militaires au Cameroun en compagnie du chef d'état-major français, mais il n'a pas été arrêté."
24 novembre 2006 Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) récuse les conclusions du juge Bruguière par la voix de son porte-parole.
4 décembre 2006 "Une chambre du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a admis en preuve, [...] pour la première fois, le rapport du juge français Jean-Louis Bruguière sur l'assassinat de l'ex-président rwandais Juvénal Habyarimana.
6 décembre 2006 Le Monde confirme l'admission comme preuve des conclusions françaises devant une chambre du TPIR et annonce que Grégoire de Saint-Quentin a finalement témoigné le 1 décembre 2006 à huis-clos depuis La Haye en visio conférence, encadré par trois autres militaires qui pouvaient intervenir pour empêcher une question.
31 janvier 2007 Paul Kagame demande à ce qu'une enquête internationale soit conduite sur la mort d'Habyarimana
29 mars 2007 Le Rwanda décide la création d'une commission d'enquête sur la mort d'Habyarimana.
11 octobre 2007 Mise en place de la Commission rwandaise d'enquête sur la mort d'Habyarimana.
5 août 2008 Le Rwanda publie son rapport sur l'implication de la France dans le génocide, sans aucune analyse de l'attentat contre Habyarimana.
3 septembre 2008 Annonce de la publication en novembre 2008 du rapport de la commission rwandaise sur l'attentat du 6 avril 1994 contre Habyarimana. 

L'attentat vu de la mouvance de l'État français , Paul Kagame principal accusé

L'enquête du juge Bruguière avant la publication des conclusions en novembre 2006

Le 27 mars 1998, alors que la mission parlementaire d'information sur le Rwanda est créée depuis le 3 mars 1998, le juge Bruguière est chargé d'enquêter sur l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda à la suite d'une plainte de la famille du commandant de bord de l'avion. L'Etat français n'avait jamais manifesté d'intérêt pour une enquête, en particulier à l'ONU, comme en témoigne le rapport du Sénat belge. Voir ci-dessus.

Le premier effet connu de cette enquête sera de soustraire le Capitaine Paul Barril à l'information des députés, effet qui continuera jusqu'à la clôture de l'enquête...

Interrogé par nos soins à Strasbourg en 1998, quelques semaines avant la publication de son rapport, Paul Quilès, président de la mission parlementaire, nous affirmera les yeux dans les yeux que Paul Barril est un "clown".

Depuis, la mission parlementaire, l'État français et ses habituels relais s'agitent beaucoup sur cette affaire. Le contenu des conclusions de l'enquête du juge Bruguière est connu par les révélations de Stephen Smith dans Le Monde du 9 mars 2004. Tout semble s'articuler dans la presse sur les révélations d'un agent du FPR, Abdul Ruzibiza, qui aurait participé à l'attentat et aurait été retourné par les services français. (Voir l'épisode de 2004, et celui de la "boite noire - lire"). Ce témoin va devenir l'axe d'une campagne "d'information" en faveur d'une thèse écartée par les députés français faute de preuves, la responsabilité du FPR et de Paul Kagame dans l'attentat.

Hubert Védrine tergiverse d'une période à l'autre ...
La seule opinion, étrange par son origine française et gouvernementale, que Survie ait recueillie à ce sujet vient d'Hubert Védrine (lire),  qui a affirmé à un de nos militants à Lyon le 30 janvier 2004, que ce sont les extrémistes Hutu qui ont certainement fait le coup ! Hubert Védrine était secrétaire général de l'Élysée au moment du génocide... mais il a dit en janvier 2006 à Strasbourg que c'était le FPR le responsable en se basant sur Ruzibiza et Péan à qui il a donné accès aux archives de Mitterrand.
... Comme l'avocat de la famille du commandant de bord de l'avion abattu

Interview de Maître Laurent Curt dans Golias n° 101 en 2005 - lire L'avocat de la veuve du commandant de bord de l'avion ne confirme pas les propos de Stephen Smith dans Le Monde. (Lire page 28 du document). Selon Maître Laurent Curt, l'instruction du juge Bruguière ne permet pas de se polariser sur une seule hypothèse. Pour lui " l'évocation du "rapport Bruguière" est un mensonge éhonté ".

Lors de la publication des conclusions du juge Bruguière, il semble faire volte face et considérer que "la priorité c'est Kagame".

Une question se pose : Pourquoi les familles ont-elles attendu 3 ans et demi avant de porter plainte ? Il serait intéressant de nous dire ce qu'on leur a conseillé de faire avant et par qui ? Car le réflexe naturel d'une famille en pareil cas serait de porter plainte sans délai... celui de l'armée aussi. Manifestement "on" a conseillé de ne rien faire au début.

Qui est le témoin controversé de l'enquête du juge Bruguière ?

Colette Braeckman, du journal belge Le Soir, l'avait interviewé et n'avait pas été convaincue par ses réponses évasives sur des questions précises.

En novembre 2005 il publie son témoignage en France dans un livre de près de 500 pages, " Rwanda, l'histoire secrète ", avec une longue préface de Claudine Vidal, directrice de recherche émérite du CNRS, et une postface d'André Guichaoua professeur de sociologie à Paris I et expert auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda. 
Le plus frappant dans cette affaire Ruzibiza, c'est que ce personnage qui affirme, avant la publication de l'ordonnance du juge Bruguière, avoir fait partie du commando qui a tiré les missiles du 6 avril 1994, et donc tué deux présidents de la République et des dignitaires de deux pays amis de la France, un équipage de militaires français, est entré libre dans le bureau du juge Bruguière, en est ressorti libre pour repartir en Norvège, écrire un livre publié en France et flanqué de la préface et de la postface de deux intellectuels français... alors qu'il devrait être devant une juridiction pour répondre de ses actes. Qu'est-ce qui autorise l'état français à protéger cette personne ?
Alors qu'il affirme dans ses témoignages publiés qu'il a fait partie du "network commando", il explique en novembre 2006 qu'en fait il aurait été là par hasard pour une autre mission et que c'est la raison pour laquelle il n'a pas été arrêté par le juge Bruguière. On se raccroche aux branches comme on peut...
Ma lecture de Ruzibiza
Ma lecture de Ruzibiza (Rwanda « L'histoire secrète »)

D'après mes informations puisées auprès d'un couple rwandais qui affirme avoir fréquenté Abdoul Ruzibiza après le génocide, le témoignage de Ruzibiza serait un montage de toute pièce dont l'évocation les plonge dans un état goguenard. Ruzibiza n'a, par exemple, jamais exprimé devant ses connaissances l'idée qu'il y aurait eu un génocide des Hutu, comme il le dit dans son livre.

Réfugié Tutsi au Burundi avant de rejoindre le FPR, Ruzibiza n'aurait pas pu avoir la confiance de Kagame pour participer à une opération aussi secrète qui aurait été réservée au petit cercle des réfugiés d'Ouganda. Simple aide-soignant dans le maquis à Ruhengeri, il n'aurait jamais été dans le bataillon FPR installé au CND par les accords d'Arusha. D'autre part la multiplicité des personnes évoquées par Ruzibiza qui auraient eu à connaitre de cette affaire leur semble absurde car une opération de cette envergure, si hautement sensible, aurait été nécessairement entourée du plus grand secret et connu d'un très petit nombre de personnes. Ils font remarquer que même des officiers de l'APR ne savent pas, quinze ans après, comment le chef historique du FPR, Fred Rwigema, a été tué le 2 octobre 1990...  

Pour ma part, je ne peux que remarquer que ce témoignage ne montre aucune difficulté importante à aller et venir du CND à Masaka pour effectuer ce tir de missiles. C'est hautement improbable. Cette zone était quadrillée par la garde présidentielle rwandaise et il est impossible que le "network commando" n'ait eu qu'à cacher les missiles dans une camionnette sous quelques bâches ! Aucune anecdote ne ponctue ce récit, c'est d'une pauvreté laconique, comme si on avait voulu éviter la moindre évocation de détails facilement contestables sur l'environnement local... ou plus bêtement, comme si cela avait été écrit pas des gens sans grande imagination littéraire pouvant se substituer à une expérience authentique.

D'une manière générale, le style d'écriture n'est absolument pas rwandais. C'est d'une fadeur grise de tiroir occidental tiré d'un vieux bureau métallique où traine une vague odeur de cendrier et quelques bouts de papiers. Un exemple parmi mille, pour la reconnaissance des lieux, il raconte qu'ils utilisaient des motos : "ceux qui les conduisaient s'habillaient en tenue d'agronome et portaient des casques cachant le visage pour n'être pas reconnus. Deux véhicules ont été utilisés dans les derniers jours avant l'attentat : un minibus, souvent conduit par un dénommé Jean-Marie Munyankindi, et une camionnette, conduite par Paul Muvunyi. Celui-ci a d'ailleurs changé la peinture de la camionnette et porté sur les portières l'inscription : "Commune de Kanombe". Tout cela pour éviter les soupçons", page246. Page 248 : "le jour de l'attentat [...] la camionnette Toyota 2200, conduite par le sergent Didier Mazimpaka, avait déposé les deux missiles à Masaka sur le lieu du tir. Le véhicule a aussi fait plusieurs le tour du rond-point, ensuite il est sorti vers Remera. En attendant l'arrivée imminente de l'avion présidentiel, ledit véhicule effectuait des va-et-vient entre Kabuga-Nyagasambu et la localité connue sous le nom de 15° (km)"... "et ta soeur" ! Non mais franchement et les barrages de contrôles d'identité !!! C'est invraisemblable et ça dure 500 pages comme cela "l'histoire secrète" du Rwanda!

Tout au long du livre on a l'impression qu'on veut montrer tout ce qu'on prétend savoir de l'extérieur sur le FPR, mais nul part on a l'impression d'un récit raconté par quelqu'un qui a vécu quelque chose de l'intérieur.

Cette multiplicité incroyable d'informateurs au courant de l'attentat contredit complètement la réputation que les "français biens informés" veulent donner par ailleurs de Kagame  : chef secret, cruel et inflexible qui tue tous ceux qui le trahissent ... tout cela manque de cohérence. Comme me l'a fait remarquer un ami rwandais, André Guichaoua nous donne peut être la clé dans sa postface du livre de Ruzibiza. Parlant de ses rencontres avec Ruzibiza, il écrit page 455 : "Je  pouvais enfin mettre des noms sur les acteurs jusque-là anonymes de mes scénarios." Ouai ! Et Abdoul Ruzibiza dans son témoignage, sur Internet et dans son livre, écrit Fred RwigYeme avec un Y comme les étrangers ? Non messieurs de la DGSE ça s'écrit RWIGEMA !

Ruzibiza a probablement réunis des éléments de l'histoire militaire du Rwanda. Mais il n'est pas impossible que de nombreux militaires de l'APR discutaient entre eux de l'éventualité de préparer un attentat contre l'avion d'Habyarimana, et, sauf preuve sérieuse, on ne m'enlèvera pas de l'idée, que même si c'est le FPR qui a fait l'attentat, les propos de Ruzibiza ne sont que des supputations de cantines militaires à propos de cet attentat. Les services français ont très probablement "sur-brodé" autour des mémoires de Ruzibiza pour glisser des choses qui leur tiennent à coeur.  Dans un article du 28 novembre 2006, Christophe Ayad demande à Ruzibiza: "Vous faisiez partie du «Network Commando». S'agissait-il de l'équipe chargée de l'attentat ?" Réponse de Ruzibiza : "Non ! Je ne sais pas pourquoi on a exagéré ça". Plus loin : "J'en ai assez que mon nom soit utilisé pour justifier les thèses de tel ou tel. " Plusieurs témoins ont parlé de trois missiles, et non de deux, dont le contrôleur aérien de l'aéroport de Kigali en poste ce jours là. Les consignes, du 15 avril 1994, du ministres des affaires étrangères du Gouvernement intérimaire rwandais à ses missions diplomatiques parlent aussi de trois missiles.  Ruzibiza lui n'en aurait vu tirer que deux.  Les informations discutées en France parlent toujours de deux missiles, et toujours de Sam 16 alors qu'on en a toujours pas la preuve. Bizarre. La "méthode Couet" semble être le seul argument des propagandistes français.

Tout cela n'est guère crédible. C'est dommage car le corpus réel des mémoires de Ruzibiza aurait été intéressant. Il semble qu'il commence à faire marche arrière et dit maintenant dans l'article de libération qu'en fait il a été témoin par hasard de l'attentat, alors qu'il effectuait une autre mission ... ce qui expliquerait qu'il n'ait pas été arrêté par le juge Bruguière...  C'est mouvant tout cela.

Pour moi, Emmanuel Cattier, rédacteur de ce site internet et simple citoyen aux pieds nus, Ruzibiza c'est du bluff. C'est un probable montage des services français. et comme toujours dans ce genre de montages on trouve du vrai pour faire passer du faux. Claudine Vidal, André Guichaoua, Pierre Péan et le juge Bruguière, au mieux, ne font pas preuve, dans cette affaire, de sens critique... au pire ils sont complices de ce fatras lamentable. Ces quatre citoyens n'ont probablement pas la même responsabilité dans ce que je considère comme une vaste supercherie.

A lire :
Le titre de Libération laisse entendre que Ruzibiza était bien sur les lieux de l'attentat. Je veux bien, mais on a qu'une seule source, lui-même, et son livre n'est pas très convaincant sur sa présence effective. Pour un événement de cette importance il conviendrait de vérifier son affirmation.

De nombreux témoignages parlent des barrages qu'il y avait sur la route principale qui mène du CND à Masaka et au-delà (15 ° km), et dont Ruzibiza affirme lui-même (voir citation plus haut et page 248 de son livre)  qu'elle a été empruntée et même utilisée comme lieu d'aller et retour du véhicule qui aurait déposé le commando pour le reprendre après les tirs (difficile de s'enfuir vite si la camionette a du retard. Une camionette qui passe et repasse avec l'inscription "Commune de Kanombe" c'est repérable).

Collette Braeckman affirme que le lieu dit "La Ferme" était une propriété de Madame Habyarimana gardée par des soldats français - plusieurs Rwandais m'ont confirmé la présence de ces militaires à Masaka mais sans le lier précisément à "la Ferme". Si Ruzibiza a été chargé de faire des "reconnaissances en profondeur" sur Kigali-Est pour le compte du FPR, il a forcément relevé des informations sur tout cela. On ne sait pas non plus comment il est rentré à sa base au CND, plus de 11 km à vol d'oiseau. Cela n'a pourtant pas du être simple et être plutôt stressant pour le commando, comme pour Ruzibiza qui avait son propre moyen de transport, comme il le laisse entendre dans l' interview de Christophe Ayad. En effet, plusieurs témoignages identifient  le lieu approximatif du tir immédiatement après l'attentat. On a donc du y aller vite, le grand camp militaire de Kanombe est à moins de 3 km et des soldats français quasiment sur place ! Silence total sur le ou les retours des tireurs et de Ruzibiza. Bref le crystal de Ruzibiza sonne mal.
  • Ruzibiza essaye de reprendre un peu de crédibilité dans Le Monde du 7/12/2006 en suivant la position de son mentor André Guichaoua. A travers lui, c'est toute la crédibilité de Péan, de Claudine Vidal et compagnie qui est en cause. D'une certaine manière des mitterrandistes d'un côté et des UMP de l'autre unis pour défendre leur réputation et celle de l'armée au Rwanda - juges et partis comme Paul Kagame qu'ils dénoncent :
    • Les considérations politiques du juge Brugière contestées

      Ex-officier de l'Armée patriotique rwandaise (APR) et témoin essentiel dans le dossier du juge Bruguière, le lieutenant Abdul Ruzibiza a décidé de "suspendre (sa) collaboration avec le juge Brugière". "Son analyse, explique-t-il au Monde, aurait dû se limiter aux seuls faits de l'attentat (...) Elle semble justifier le génocide. C'est inacceptable. Le génocide n'a pas été causé par l'attentat, mais déclenché par cet événement."

      Auteur d'un livre, Rwanda, l'histoire secrète, l'ancien militaire estime que l'ordonnance du juge français, par ses considérations politiques, "donne raison à ceux qui, à Kigali, attaquent le magistrat et mettent en cause son travail". "Je ne retire donc rien des déclarations que j'ai faites devant les policiers, ni de ce que j'ai écrit. Mais je ne suis pas une marionnette de la justice française", conclut-il. - (Corresp.)

D'autres effets de cette enquête

On peut remarquer que Jacques Hogard, responsable de la zone Sud de l'Opération Turquoise (Cyangugu), dont l'audition devant les députés n'a pas été rendue publique, a publié un livre sur l'opération Turquoise en octobre 2005, qui affirme en quatrième de couverture comme un fait acquis, que les Tutsi auraient perpétré l'attentat. Il confirme à l'intérieur en vingt-cinq lignes (p 21-22) "tous les éléments d'enquête désigneront le FPR..." Notre page sur cette affaire vous permettra d'apprécier les qualités d'honnêteté intellectuelle de cet auteur, spécialiste comme son père, de la guerre psychologique.

Le 23 novembre 2005 Pierre Péan emboite le pas de Ruzibiza et tente de mettre sur le seul FPR la responsabilité du génocide par le biais de sa responsabilité, incontestable selon lui, dans l'attentat contre Habyarimana. Notre association Survie est qualifiée dans tout un chapitre de "Cabinet Noir du FPR en France". Le but est naturellement de tenter de réduire notre influence dans la recherche de la vérité sur l'implication de la France dans le génocide au Rwanda.

Revenons à Jacques Hogard, qui page 126 de son livre confirme sa reconnaissance à Charles Onana. On ne peut pas oublier en effet dans cette mouvance le cas de la maison d'édition Duboiris dont le directeur Charles Onana aurait communiqué " 3000 preuves" selon lui de la piste FPR au juge Bruguière. Cette maison d'édition ne nous semble pas très crédible... Charles Onana a poursuivi un journaliste de Libération, et son directeur, qui l'a accusé d'être un négationniste du génocide au Rwanda.

Tous ces éléments, d'origine française ou étroitement contrôlés par l'état français, sont à réajuster éventuellement dans le cadre du négationnisme français du génocide des Tutsi.

Un témoin accuse M. Kagame d'avoir planifié l'attentat déclencheur des tueries Le Monde 26/10/2005 une version mise en forme du témoignage ambigu de Ruzibiza
Rappelons aussi l'analyse d'un site pro-israélien "La vérité maintenant" ayant consacré une série d'article sur le génocide au Rwanda (avant la parution de novembre 2005):

Les conclusions du juge Bruguière sont publiées par l'express le 21 novembre 2006


Baptisées techniquement "Ordonnance de soit-communiqué", les conclusions du juge, si le document de l'Express est authentique, sont semble-t-il telles que Stephen Smith les a décrites en mars 2004. On apprend donc rien de fondamental. Elles sont exclusivement à charge contre le président du Rwanda et des points qui posent question n'ont pas été examinés par le juge Brugière. Elle ne repose que sur des témoignages qui donnent "une trop belle image" comme diraient les radiologues. 

Il semble que leur publication en novembre 2006 ne soient justifiées que par le procès du Colonel Bagosora et d'autres miitaires devant le Tribunal pénal international qui arrive dans sa phase finale. N'oublions pas que le Colonel Bagosora est l'autre principal coupable possible de cet attentat et qu'il est le seul officier rwandais à avoir été formé en France à l'école de guerre. C'est un frère d'arme pour l'armée française. On remarque d'ailleurs des lacunes sur l'analyse de l'hypothèse d'une responsabilité du Hutu power. La Commission nationale rwandaise pour réunir les preuves de l'implication de la France dans le génocide est sans doute aussi concernée en arrière plan.

Les éléments les plus graves des conclusions du juge Bruguière ne sont pas relatifs à "l'utilisation" du témoin Ruzibiza pourtant très contestable. Non, plus grave est le manque d'honnêteté  manifesté par le juge français à propos des missiles.  Voir ci-dessus le chapitre des missiles dans les questions non résolues. Comme l'a rappelé Jean-Paul Kimonyo de la Commission nationale rwandaise, comment peut-il ignorer les conclusions des députés français à propos des deux missiles numérotés qu'il cite, et alors même qu'il prétend s'appuyer sur les travaux des députés français (page 7). Or ces conclusions ont amené clairement les députés français à affirmer que ces missiles ne peuvent pas prouver que c'est le FPR qui a descendu l'avion présidentiel.  Une nouvelle version des "Irlandais de Vincennes" ?

"De l'examen attentif des éléments mis à la disposition de la Mission d'information comme des auditions effectuées en vue de compléter cet examen, il ressort quelques constations :
- la probabilité étant forte que le missile photographié n'ait pas été tiré, ce missile ne peut en aucune manière être considéré de façon fiable comme l'arme ayant abattu l'avion du Président Juvénal Habyarimana ;
- la photographie de ce missile, jointe en annexe, faisant apparaître l'un des numéros qui correspondent à ceux publiés par M. Filip Reyntjens, il y a donc peu de chance que les missiles identifiés par l'universitaire belge correspondent à ceux qui ont effectivement servi à abattre l'avion du Président Juvénal Habyarimana ;
- on remarque la concordance entre la thèse véhiculée par les FAR en exil (cf. documents transmis par M. Munyasesa à M. Filip Reyntjens) et celle issue des éléments communiqués à la Mission visant à désigner sommairement le FPR et l'Ouganda comme auteurs possibles de l'attentat (cf. photographies et listes de missiles en annexe). Cette hypothèse a été avancée par certains responsables gouvernementaux français, sans davantage de précautions, comme en témoignent les auditions de MM. Bernard Debré, ancien Ministre de la Coopération, ou François Léotard, ancien Ministre de la Défense ;
- puisque les informations concordantes dont ont disposé à la fois les parlementaires de la Mission et certains universitaires -bien qu'elles aient été véhiculées par des canaux différents- apparaissent comme étant d'une fiabilité très relative et comme elles ne parviennent pas à désigner l'arme de l'attentat, la question se pose de savoir la raison d'une telle confusion. L'intervention des FAR en exil dans cette tentative de désinformation ne les désigne-t-elle pas comme possibles protagonistes d'une tentative de dissimulation ? A moins que sincères, les FAR en exil aient elles-mêmes été manipulées mais, dans ce cas, par qui ?"
p 238 à 247 du rapport des députés françaisCf Jean-Paul KIMONYO

Le juge Bruguière n'apporte aucun élément permettant de remettre en cause les conclusions des députés français.

Un deuxième élément vient aggraver particulièrement le doute sur l'honnêteté du juge Bruguière. Dans une lettre ouverte Emmanuel Ruzigana affirme tout bonnement que le juge Bruguière déclare le contraire dans son ordonnance que ce dont il a témoigné dans son bureau. 
Cette lettre, publiée le 30 novembre 2006, a été confirmée par son auteur  interviewé sur Radio Rwanda et aggravée par les constatations de Libération. (cf la lettre d'Emmanuel Ruzigana et l'article de Libération qui confortent cette forte impression de manipulation par le juge Bruguière). Un deuxième témoin du juge Bruguière, Deus Kagiraneza,  a publié une lettre au juge Bruguière particulièrement musclée, aggravant les accusations exprimées par Ruzigana et montrant tout ce qui apparait comme des manipulations dans cette enquête : Lettre de Deus Kagiraneza au juge Bruguière.

Un troisième élément ressort de cette ordonnace de soit-communiqué du juge Bruguière (page5)
: Paul Kagame aurait toujours refusé qu'une enquête soit faite sur l'attentat. C'est faux, à moins que le juge ne veuille simplement parler des refus de Kagame de se plier à ses avis. Le contraire aurait été étonnant ! Une lettre de Charles Murigande, ministre des transports en 1996 au Rwanda, contenue dans les annexes de la mission parlementaire française, prouve le contraire. C'est un courrier qui demande à l'organisation de l'aviation civile internationale d'expertiser, avec le constructeur Dassaut, le Falcon 50 abattu : page 248 des annexes du rapport des députés. Dans la mesure où ce courrier fût publié en 1996 , le juge Bruguière ne pouvait pas l'ignorer. Ce qui est d'ailleurs amusant dans cette affirmation du refus de Paul Kagame d'accepter une enquête, c'est qu'elle est formulée en citant une parole de Monsieur Degni Segui, enquêteur de l'ONU au Rwanda en 1994, qui s'est plaint du refus de la France de coopérer à son enquête sur l'attentat dans le texte même d'où la phrase citée par Bruguière est extraite, texte du rapport du Sénat de Belgique (voir plus haut les sources) ! Ce passage des conclusions du juge Bruguière apparait dès lors comme de la simple propagande pour masquer deux  informations embêtantes pour la France.  C'est manifestement hors sujet dans un document juridique. C'est aussi une entorse à la déontologie, mais nous conviendrons que ce n'est pas la plus grave.

Un nouveau genre de terrorisme international : le terrorisme juridique ?
Des Irlandais de Vincennes... à la vaine scène de l'ire de Bruguière contre un témoin rwandais

Cette publication apparait donc comme une baudruche qui se dégonfle du point de vue de la recherche de la vérité, mais elle a autorité sur le plan juridique et gênera certainement les autorités rwandaises. les politiques français ont l'hypocrisie d'affirmer que c'est du judiciaire et que les pourvoir executifs et législatifs sont indépendants du pouvoir judiciaire par principe, alors que c'est le parquet, donc l'autorité de l'état, qui a autorisé le juge Bruguière à lancer un mandat d'arrêt international sur la base d'accusations dont les députés français ont montré l'abscence de fondement. La France est ridiculisée.

Enfin il convient de souligner ce que nous remarquions plus haut qu'aucun article n'a été publié sur les sites burundais recensés par Google actualités sur la publication des conclusions du juge Bruguière entre le 17 novembre et le 4 décembre 2006. Ces conclusions concernent pourtant les "auteurs présumés" de l'assassinat d'un président burundais. Elles ont été signées 7 jours après une rencontre entre Jacques Chirac et le Président actuel du Burundi.  C'est particulièrement étrange.

L'ensemble de ces éléments donnent l'impression que le juge Bruguière ferait partie ou serait sous l'influence des extrémistes françafricains de l'état français, qui n'hésitent pas à employer n'importe quels moyens pour justifier les déraisons d'Etat.

N'en déplaise aux extrémistes de l'état français, mise à part l'enquête documentaire des députés français, aucune enquête internationale sérieuse et complète n'a été faite sur cet attentat. Malgré le coup de bluf du juge Bruguière, les journalistes peuvent sans difficulté relativiser ses conclusions politiques (il a été battu comme député UMP aux élections législatives de 2007 - (cf : Un parachute pour le juge Bruguière Le Monde  5/12/2006). Le Tpir avait invalidé ces conclusions. Mais une information surprenante sort le 4 décembre 2006 : les conclusions du juge Bruguière seraient "admises en preuve" devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda dans le procès des militaires. Voir point de vue du TPIR Il n'en demeure pas moins, que même si l'ordonnance de soit-communiqué du juge Bruguière apparait indigne de la justice française, il reste possible, au même titre que d'autres hypothèses, que le FPR et  Paul Kagame soient responsables de cet attentat.

Le point de vue du Tribunal pénal international pour le Rwanda

Le procureur Louise Arbour voulait juger en bloc les militaires responsables du génocide pour faire ressortir "la conspiration génocidaire". Elle échoua officiellement pour des raisons de procédures. La suite des événements montrera qu'on essayera au contraire de façon sourde de faire valoir une "conspiration du FPR" et de fragmenter les responsablités du Hutu power, ce qui apparait à priori comme du négationnisme rempant.

A partir de septembre 1999, le magistrat suisse Carla del Ponte devient procureur du Tribunal pénal international. Carla Del Ponte a précisé à l'époque la position officielle du parquet du TPIR concernant l'enquête sur l'attentat contre l'ancien président rwandais, juvénal Habyarimana.
"Quand je suis arrivée au Tribunal, j'ai su que l'enquête n'avait pas été ouverte parce qu'il y avait un problème de juridiction (...) Est-ce que nous avons une juridiction pour ouvrir une enquête sur l'abattement de cet avion ? Est-ce que ça constitue un acte de préparation de génocide ? Apparemment ça va dans cette direction, mais naturellement si on n'a pas établi qui sont les auteurs de ce crime, c'est difficile d'en savoir plus. Comme vous savez, le juge Bruguière, le juge d'instruction à Paris a ouvert une enquête cette année, il a ouvert une enquête et a demandé notre coopération, pour interroger les détenus dans notre prison. Moi je coopère avec le juge Bruguière, il va d'ailleurs revenir bientôt à Arusha pour de nouvelles auditions, et naturellement, je suis de très près cette enquête parce que les résultats me permettront de décider si le bureau du procureur de ce Tribunal doit ouvrir une enquête lui-même. Et cela, je pense, pourra se faire tout prochainement. Et avec le juge Bruguière je viens d'avoir une rencontre à La Haye; je pense qu'au début de l'année on pourra faire une décision motivée, c'est à dire: ou bien on ouvre une enquête, ou bien on ne l'ouvre pas, mais cette décision sera motivée, on rendra public pourquoi on l'a fait ou on ne l'a pas fait"." Fondation hirondelle juin 2000

Lors de son mandat elle s'appuiera sur le rapport Hourigan pour essayer de faire juger le FPR par le TPIR. Cette intention donnera lieu à un bras de fer avec le Rwanda qui bloquera l'audition des témoins devant le Tribunal. Finalement, la faiblesse et le caractère non officiel du rapport Hourigan qui apparait comme une initiative isolée, (et peut être une manipulation associée aux intentions du juge Bruguière qui se rend à Arusha à cette période), obligera Carla del Ponte à s'incliner.  Voir aussi le site International Justice et Tribune.

Depuis cette affaire le TPIR prendra comme atitude constante de ne pas considérer l'attentat comme un acte entrant dans son champ de compétences.

La défense des accusés relance continuellement la question des responsables de l'attentat. Devant ces relances le procureur brandira à Bagosora une facture pro-format. En  février 2006, Bagosora confirmera l'existence de cette facture proformat (devis demandé par les banques pour engager un financement) concernant l'achat de missiles sam 16 par les FAR. Fondation hirondelle.

Après la publication des conclusions du juge Bruguière en novembre 2006 :
TPIR/Bruguière - le porte- parole du TPIR récuse l'enquête du juge Bruguière Fondation hirondelle 24/11/2006
La démarche du juge Bruguière invalidée par le TPIR Le Figaro 24/11/2006
  "Lors d'une conférence de presse à Arusha, Everard O'Donnell, le porte-parole du Tribunal chargé par l'ONU de juger le génocide, s'est élevé contre la méthode du magistrat français : « Le procureur du TPIR, a-t-il dit, ne prend d'instructions de personne au monde. » Soulignant que le procureur, Hassan Bubacar Jallow, était indépendant, même vis-à-vis du Conseil de sécurité des Nations unies, le porte-parole a comme laissé entendre que ce n'était pas forcément le cas de tous les magistrats.
  Sur la question d'une éventuelle saisine du TPIR, Everard O'Donnell s'est, au nom du tribunal, fait encore plus clair : « Le crash (de l'avion du président Habyarimana, NDLR) n'a pas créé le génocide », a-t-il dit. En conséquence l'assassinat du président « n'est pas l'affaire du procureur » du TPIR, a-t-il poursuivi, cette mort ne rentrant pas dans les catégories de crimes pour lesquels le tribunal est compétent."
Rwanda: le rapport Bruguière admis en preuve dans le plus grand procès du TPIR AFP 4/12/2006
Si les conclusions sont "admises en preuve" (il faudra que les juristes nous expliquent ce que cela signifie),  on peut penser que le procès des militaires va passer à la moulinette ce dossier de l'attentat qui présente de sérieuses faiblesses. Sans doute relancera-t-il l'idée de la nécessité de faire une enquête internationale sur l'attentat. 

Les points de vue rwandais sur l'enquête du juge Bruguière

Les rescapés
Le président rwandais
Paul Kagame s'est exprimé sur France culture. Il a fait valoir que le travail du juge serait sans fondement, qu'il n'est jamais allé au Rwanda, qu'il a repris concernant les missiles, des éléments d'enquête déjà analysés par les députés français pour lesquels ils aurraient suspecté une manipulation. Ces conclusions ne reposent que sur des témoignages et il estime qu'il s'agit de personnes en fuite ayant des comptes à rendre devant la justice rwandaise, qui profiteraient de cette affaire pour se protéger à l'étranger.
   "Dans des déclarations recueillies par France Culture, le président rwandais, Paul Kagame, a déclaré : « M. Bruguière est un imposteur, un politicien. Ce n'est pas un juge. Si c'était un juge, il aurait dû soulever la question de l'implication de la France dans le génocide des Tutsis du Rwanda ». Le chef de l'État rwandais, qui a souligné que le magistrat français n'a pas mené « d'enquête au Rwanda », a poursuivi en estimant que « les Français et Bruguière jouent les gros bras ». 
   Dans un communiqué, le gouvernement rwandais a mis en cause les autorités françaises : « Sous prétexte de l'indépendance judiciaire, le juge Bruguière, en coopération avec d'autres organes de l'État français, a organisé la négation du génocide et le révisionnisme. » Quelque 10 000 personnes ont manifesté hier à Kigali contre la France. Des pancartes portant les mentions : « France = génocidaire » ou « arrêter de protéger les tueurs » ont été vues."
Le Figaro du 24/11/2006
Les électeurs français saurons que si le juge Bruguière maintient sa candidature UMP aux prochaines élections législatives, les propos de Paul Kagame concernant ce "juge politique" ne seront pas démentis !
Les institutions rwandaises
L'opposition rwandaise
L'opposition rwandaise est divisée entre ceux qui rompent avec la justification du génocide et ceux qui justifient le génocide par la théorie négationniste du "double génocide".

Ceux qui sont adeptes de la théorie du "double génocide" ont la même position que le juge Bruguière, Pierre Péan et les responsables militaires  et politiques des opérations françaises au Rwanda : exemple FDU-UDF qui semble avoir pris la place du site négationniste Inshuti (qui a été complètement effacé de son serveur, puis est réapparu après plusieurs semaines). Les clivages des alliances pré-génocidaires persistent dans l'attitude face à cet attentat. Le site du Colonel Jacques Hogard, ancien responsable de la zone sud-est de l'opération Turquoise (la plus éloignée du conflit rwandais), se fit l'écho, (jusqu'à sa fermeture - sur ordre ? ) de cette opposition "démocratique" qui rejette sur le FPR tous les actes de génocide commis au Rwanda, ce qui jette un très sérieux doute sur son sens des responsabilités et donc sa capacité à gouverner.

L'autre courant, l'opposition qui rejette l'idéologie du génocide, est embryonnaire, ce qui justifie les dénonciations d'autoritarisme du régime du FPR du point de vue de la conception occidentale de la démocratie. voir démocratie au Rwanda ?
L'opinion rwandaise
Des manifestations de rues ont eu lieu le 23 novembre 2006 à Kigali rasssemblant 25 000 personnes selon Reuters. Des drapeaux français ont été brûlés. Voir article de l'Express du 24/11/2006

Des manifestations contre la France auraient encore eu lieu le 24 novembre dans tout le Rwanda. (L'impact dans l'opinion est telle qu'un français a reçu de la part d'un jeune rwandais de dix ans l'expression de son inquiétude par la question de savoir si ce français pouvait échapper à cette  honte en changeant de nationalité !)

L'hypothèse de Jean-Claude Ngabonziza est une alternative intéressante à l'hypothèse du juge Bruguière.
La défense des présumés génocidaires au Tribunal pénal international pour le Rwanda
"Les avocats de la défense du Tribunal pénal international d'Arusha (TPIR), chargés de juger les responsables du génocide, ont fait part de leur satisfaction quant au travail de Jean-Louis Bruguière. « Enfin, il y a eu une enquête sérieuse », a déclaré l'avocat de Protais Zigiranyirazo, beau-frère de l'ex-président Juvénal Habyarimana. « C'est très positif, même si cela risque d'apparaître comme la réponse du berger à la bergère », a noté Me Raphael Constant, avocat de Théoneste Bagosora, tenu par l'accusation pour le « cerveau du génocide ». L'avocat faisait allusion aux travaux en cours de la commission rwandaise d'enquête sur le rôle de la France dans le génocide."
Le Figaro du 22/11/2006

Le négationnisme français

La question du négationnisme français se pose à travers certaines  façon de traiter de cet attentat. L'attentat est considéré comme le "déclencheur du génocide" dans la mesure où aussitôt après le génocide a été accompli.  Certains en France feignent de croire que cet attentat aurait révolté les Hutu et que c'est cette seule révolte qui aurait déclenché le génocide.

Pourtant le Président du Burundi a été tué dans ce même attentat. Il n'y a pas eu ensuite de génocide au Burundi. Pourtant les conditions d'une révolte populaire était parfaitement réunie dans ce pays, beaucoup plus qu'au Rwanda. En effet six mois plus tôt le précédent président du Burundi avait déjà été assassiné.  Deux présidents, Hutu, assassinés en 6 mois au Burundi et pas de génocide.

Ce parallèle montre que la théorie de la révolte populaire ayant entrainé le génocide aurait besoin d'être beaucoup plus étayée. Il a bien du se passer quelque chose de différent au Rwanda, d'autant plus que les faits qui attestent de la préparation du génocide abondent.

Pourtant en France des  personnes développent l'idée, que nous considérons comme négationniste, que le responsable de l'attentat serait forcément le responsable du génocide. Peut être si c'est le Hutu power qui a commis l'attentat, mais pas à cause de l'attentat. De multiples coups d'état ont eu lieu en Afrique qui n'ont jamais provoqué de génocides. Dans tous les cas de figure on devrait voir qu'il y a quelque chose d'unique dans ce qui s'est passé au Rwanda.

Voir notre analyse du négationnisme français pour mieux appréhender ce problème grave.