Notre réactions du 9 mars 2004 à la guerre médiatique
du 10 ème anniversaire du génocide déclarée par le
journal Le Monde Le message du journal Le Monde est clair : le Juge
Bruguière a trouvé la vérité, Paul Kagame serait le
responsable de l'attentat qui a déclenché le génocide. Il
considérait même les Tutsi restés au Rwanda comme des ennemis
au même titre que les Hutu ! (Idée clownesque pour tous Rwandais,
même Hutu, qui ressemble à une manipulation pour diviser un "camp").
Son rôle est aussi horrible que celui de ceux qui ont conduit le génocide.
Le message est exactement le même que celui du camerounais Charles
Onana... donc la source doit être la même. Kigali répond
que le rapport "n'apporte aucune nouvelle preuve pour étayer ses accusations".
Kagame a toujours démenti ces accusations. Mais le contraire surprendrait. De
notre côté à Survie, nous n'avons bien évidemment aucun
élément de preuve juridique pour prendre fermement partie dans ce
débat. A la limite la seule opinion, étrange par son origine française
et gouvernementale, que nous ayons recueillie à ce sujet vient d'Hubert
Védrine, qui a affirmé à un de nos militants à
Lyon le 30 janvier 2004, que ce sont les extrémistes Hutu qui ont certainement
fait le coup ! C'est effectivement l'hypothèse la plus plausible
quand on cherche à comprendre ce qui s'est passé et l'on peut penser
qu'Hubert Védrine est bien informé. Mais il n'ignore certainement
pas le "travail" du juge Bruguière.... Son hypothèse FPR
est une des hypothèses envisagées par le rapport de la mission d'information
parlementaire sur le Rwanda, dite mission Quilès. La plus grosse
faiblesse de l'hypothèse de Bruguière est que les missiles ont été
tirés d'une zone contrôlée par la Garde Présidentielle
Rwandaise, information confirmée par le général Dallaire
et jamais contestée, la colline de Masaka. Stephen Smith en fait "un
secteur vallonné et boisé" très poétique ! Mais difficile d'expliquer
dans ces conditions comment un commando du FPR aurait pu tirer ces missiles à
cet endroit, sans un culot et une maîtrise difficile à imaginer,
en dehors d'un film américain bien monté avec des héros médiatiques
que l'on adule pour leurs héroïsmes fabriqués ! La garde
présidentielle était en effet constituée de soldats d'élite
qui n'auraient pas laissé s'approcher "une Toyota conduite par
le sergent Didier Mazimpaka et abritant, camouflés sous des cartons vides et des
ordures, les deux tubes lance-missiles destinés à l'opération". .. si
elle n'était pas attendue ! Il aurait fallu que le FPR trompe la surveillance
de la MINUAR au CND et à Kanombe, des FAR et enfin de la garde présidentielle.
La distance à franchir à vol d'oiseau est de plusieurs kilomètres
entre le CND, où était cantonné le bataillon FPR, et Masaka.
Quel coup de chance !!! Tout le monde, (sauf Paris), sait que Paris n'est
pas objectif vis-à-vis du Rwanda. Le journaliste, choisi pour rendre compte de
cette enquête, à lui seul, nous fait sourire : l'éternel négrologue Stephen Smith qui ne cesse de distiller la
haine contre Kigali, comme si elle était clonée sur celle des services spécialisés
français. La charge que la France porte sur cette affaire, de manière constante,
peut renforcer une autre hypothèse : la participation de la France à la préparation
de cet attentat aux côtés des extrémistes Hutu. Les accusations françaises
seraient dans ce cas un nouvel exemple "d'accusation en miroir" dont Alison Desforges
a parlé à propos des manipulations qui ont été utlisées pour préparer la population
rwandaise à participer au génocide. Autre hypothèse envisagée très sérieusement
par ceux qui enquêtent en toute indépendance : la participation de Paul Barril.
Autre hypothèse ou hypothèse complémentaire. Mais Paul Quilès nous avait
affirmé à Strasbourg, peu avant la publication du rapport qui porte son nom, que
Paul
Barril n'avait pas été auditionné par la commission parce que "c'est un clown".
Le "clown" avait pourtant été finalement convoqué quelque jours plus tard, mais
n'avait pas accepté pretextant qu'il réservait ses réponses au juge Bruguière,
chargé d'une enquête sur l'attentat au début des travaux de cette commission en
1998. Opportun ! Dommage que François de Grossouvre se soit "suicidé" à l'Elysée
(!) le 7 avril 1994. Il nous aurait peut être appris des choses ! (Son gendre s'est aussi suicidé le 11 juillet 1997 de
la même manière : une balle dans la tête). Avec des hypothèses on ne fait
que des enquêtes, pas des vérités absolues... mais de clones en clowns, on finira
surement par savoir. EC, 9 mars 2004 |