Archives de Survie en Alsace
9 septembre 2010
(complété les 10-11 septembre)







Un éditorial très stratégique du journal Le Monde

Accusé de génocide au Zaïre par un pré-rapport de l'ONU poussé sur la scène médiatique par le journal français Le Monde, le gouvernement rwandais envisage de retirer tous ses soldats servant au sein de la mission de  paix ONU/Union africaine (Minuad) au Darfour, et de la Mission des Nations Unies au Soudan (Unmis), si ce rapport est publié en l'état. Le Monde, présente ainsi l'attitude du Rwanda dans son éditorial daté du 9 septembre 2010 sur son site internet  : "Quand le Rwanda soumet l'ONU au chantage".

Le Monde rappelle le génocide des Tutsi et souligne avec une certaine insistance sa dimension exceptionnelle, puis reconnait que les génocidaires se sont enfuis avec leur famille au Zaïre. Il ne rappelle pas que ces génocidaires en fuite, qui avaient emporté tous les attributs de l'État Rwandais avec l'aide française de l'opération militaire Turquoise, avaient reconstitué un État génocidaire dans les camps, à tel point que des ONG comme Médecins sans frontière, scandalisés et désarmés, avaient décidé de quitter les camps du Zaïre à l'automne 1994. Le Monde ne rappelle pas non plus qu'à partir des camps, qui contre toute légalité internationale furent installés à moins de cinquante kilomètres des frontières du Rwanda, les génocidaires ont attaqué sans relâche les villages rwandais frontaliers de 1995 à 1997, y commettant de fréquents et nombreux "petits" massacres et créant en plus un climat d'insécurité. Le Monde ne rappelle pas non plus que le gouvernement rwandais a demandé à la communauté internationale qu'elle intervienne pour faire cesser ces incursions. Le Monde ne rappelle pas encore que la France au lieu d'intervenir, a continué de former militairement certains de ces génocidaires. Le Monde rappelle par contre que l'armée rwandaise a fini par intervenir, mais, je le souligne, dans un pays 90 fois plus vaste et 7 fois plus peuplé que le sien - apparemment un défi au bon sens. Ces poursuites, de deux cent mille (1/5) des réfugiés Hutu et de leurs familles, le noyau dur des génocidaires, se sont soldées par des massacres et des vies perdues à jamais en fuite dans les forêts inhospitalières, des crimes certes qui vont bien au delà de l'objectif militaire. Il faut faire la lumière dessus.

Mais fort de ses oublis partiaux, Le Monde affirme, on entend à nouveau les bruits de bottes de l'État-major français derrière les mots, que l'armée rwandaise a poursuivi des Hutu et donc qu'elle a voulu exterminer les Hutu et donc aurait commis un génocide. Pourtant au même moment, démantelant les camps au Zaïre, l'armée rwandaise a fait rentrer au Rwanda 600 à 800 000 de ces Hutu, on se souvient des images de ce retour massif à la télévision. Ce n'était donc vraiment pas la manifestation d'une stratégie génocidaire. C'est bien en tant que génocidaires qu'ils ont été tués et non en tant que Hutu, même s'ils l'étaient aussi par la conséquence même de leur extermination des Tutsi et de leurs revendications identitaires.

Que le quotidien Le Monde veuille faire envisager qu'il y a eu des actes de génocide, c'est une hypothèse qu'il a le droit de poursuivre sur le fond. Mais qu'il le fasse en renversant les choses, en dépeignant un tableau aussi oublieux et partial montre à l'évidence qu'il mène une campagne, probablement pour mettre le Rwanda au pas des généraux français. Le Monde mène une guerre de communication contre le Rwanda prenant ses lecteurs en otage, dans les mailles d'un discours qui ne respecte pas l'histoire, un discours insolent et péremptoire à l'égard d'un pays "faible". Pour quelles raisons me direz-vous ? Parce que les crimes de complicité de génocide, commis par les autorités françaises au Rwanda, sont imprescriptibles et donc mettre le FPR dans la catégorie des génocidaires est perçu comme facilitant la position française devant les tribunaux. C'est en cela que cet éditorial est très stratégique. Jean-Paul Gouteux avait souligné et mis en évidence les implications du journal Le Monde dans la guerre médiatique française contre le FPR avant et pendant le génocide des Tutsi. Le Monde continue clairement aujourd'hui, après avoir été obligé d'admettre, très tardivement, les évidences que nous avions mises en exergue depuis 1993 sur l'implication de la France.

Alors il reste le "chantage du Rwanda". Mais enfin quoi de plus logique pour un pays accusé ainsi de génocide dans un pré-rapport, utilisé dans une campagne internationale menée à travers le journal Le Monde, de considérer, si on publie ce rapport en l'état, qu'il n'est plus crédible pour assurer son rôle dans la conduite de la paix au Darfour ? On aimerait bien que l'État français et son armée, qui ont commis tant de crimes de même nature en Afrique que ceux dont ils chargent le Rwanda, en tirent les conséquences avec la même cohérence et fasse évacuer ses militaires d'Afrique. On y gagnerait en esprit de responsabilité.

Je l'insère le 10 septembre, Jacques Morel 1 me fait remarquer en ce qui concerne la "crédibilité de l'ONU" invoquée en introduction dans l'éditorial du Monde, que la France a violé l'article 6 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée à Paris en 1948, en n'arrêtant pas les auteurs du génocide alors que celui-ci avait été reconnu par la Commission des Droits de l'homme de l'ONU le 28 juin 1994 et que, pour l'opération Turquoise, la France disposait d'un mandat de l'ONU sous chapitre 7 pour y mettre fin. Cette crédibilité a volé en éclat avec le retrait-réduction de la Minuar en avril 1994, voté aussi par la France, et j'ajoute que la « crédibilité de l'ONU » était déjà morte avec l'opération Amaryllis, initiée par un membre permanent de son Conseil de sécurité, selon le rapport de son commandant 2. Ici, Le Monde défend une crédibilité à sens unique de l'ONU, en fidèle porte-parole de la domination occidentale.

Dans cette affaire le journal Le Monde n'est ni honnête, ni indépendant.

Emmanuel Cattier

Cf notre précédent édito ci-dessous

Notes
1 Jacques Morel, auteur de La France au coeur du génocide des Tutsi
2 Communiqué de la CEC : l'Etat dissimule des preuves de complicités dans le génocide des Tutsi 4 février 2009
3 Annie Faure, médecin humanitaire au Rwanda pendant le génocide, membre de la CEC


31 août 2010





"Les gouvernements clefs" sur l'Afrique des Grands lacs

L'ONU a fait réalisé un rapport de 500 pages pour la RDC et de 80 pages pour le génocide des Tutsi au Rwanda - Voilà, à la louche, l'échelle de prise en considération des événements dans les Grands Lacs par l'ONU. La partialité de cette disproportion n'est que l'arbre qui cache la forêt. Qu'on ne nous fasse pas dire ce que nous ne disons pas : il est tout à fait souhaitable que ces enquêtes soient faites.

Il n'y a donc pas eu de rapport d'enquête d'envergure de l'ONU sur les événements du Rwanda, mais uniquement un rapport d'enquête diplomatique sur les rouages internes de l'ONU à propos du génocide. Diplomatique, mais qui pointe quand même au détour d'une phrase ce qu'il nomme "les gouvernements clefs"1, ici concernant le Rwanda, mais en fait aussi le Congo (par ordre alphabétique Belgique, Etats-Unis, France). Ce rapport de 80 pages n'analyse pas les événements eux-mêmes comme le fait le rapport-brouillon sur la RDC. Donc ces rapports ne sont pas comparables, car ils n'ont pas du tout la même approche, ni le même objectif. On pourrait dire à contrario que d'une certaine manière le Tribunal Pénal International pour le Rwanda remplace partiellement la lacune de ce rapport d'enquête d'envergure pour le Rwanda.

En ce qui concerne les enquêtes sur le terrain, elles devraient aussi aborder le rôle des grandes puissances et des multinationales, expliquer leurs relais sur le terrain et se prolonger aussi éventuellement au plan judiciaire pour ces acteurs. En tant que citoyens français, nous continuons d'être des citoyens d'un état qui n'assume pas ses actes devant une justice internationale trop lâche. La France est dans une grande mesure la première responsable de la dégradation de la situation de la région à partir de 1990, situation qui était déjà inextricable avec la dictature absurde de Mobutu et l'ethnisme anti-tutsi des républiques qui se voulaient Hutu et interdisaient aux exilés Tutsi de rentrer dans leur pays.

La France est venue soutenir à partir de 1990 le nazisme qui s'auto-nommera "Hutu power" et ce milieu fragile, violent et corrompu à l'extrême s'est complètement effondré, entrainant le Rwanda puis aussitôt le Zaïre [futur RDC] dans un chaos, dont la France  est pourtant totalement absente dans le pré-rapport... On ne la cite que dans les notes, par des organes de presse français et quelques initiatives européennes. C'est tout. Enquête par conséquent extrêmement partiale quand on connait l'implication française dans les grands lacs dans la période qui a précédé cet effondrement, c'est à dire de 1990 à 1994. Faites une expérience : recherchez les mots France et french dans le pré-rapport sur la RDC et vous comprendrez toute sa partialité. Même le mot "Turquoise" de l'opération Turquoise de 1994 ne s'y trouve pas  !!! Cette opération s'est portant déroulée dans la période retenue pour l'enquête et en partie sur le territoire du Zaïre où elle s'est occupé du déplacement massif des génocidaires, de leurs familles et de leurs  otages idéologiques devenus boucliers humains... ensemble futurs victimes soulignées par l'enquête onusienne qui va paraitre.

Ne cherchez pas, il n'y a rien sur "les gouvernements clefs". C'est dans ce silence que se trouve la vérité.

Dans une interview de Libération du 28 août 2010, Monsieur Guichaoua rappelle justement que le génocide des Tutsi et les excès criminels des poursuites de génocidaires au Zaïre ne sont pas à mettre sur le même plan... mais oublie de préciser que "si le TPIR avait fait son travail", comme il dit, ce sont des responsables français qui auraient  aussi été jugés au TPIR et pas seulement les responsables Hutu ou, comme il l'aurait souhaité, des responsables du FPR. Ainsi le risque d'impunité serait vraiment levé... ce qu'il dit souhaiter... mais évite dans les faits.

Cette justice internationale est à sens unique. Les pays occidentaux, pourtant impliqués, en sont les manipulateurs de déviance. Cela se retournera un jour contre eux... quand les pays du sud en auront marre de subir passivement cette impunité "des gouvernements clefs", trafiquants d'armes, voleurs et terroriste en RDC comme au Rwanda, complices des pires crimes de la région et particulièrement actifs dans cette complicité en ce qui concerne la France à tel point qu'on se demande parfois si elle n'est pas co-auteur du génocide des Tutsi quand on scrute les documents.

E.C.
1 Bas de la page 51 du rapport (version française) de l'ONU sur le génocide des Tutsi au Rwanda


17 août 2010




Ntawukulilyayo : un appel face aux doutes
Midi libre 17 août 2010

Un sous-préfet rwandais fait appel de sa condamnation par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda

A propos d'un article du Midi libre sur l'appel de  Dominique Ntawukulilyayo extradé par la justice française à Arusha.

Les habitants du Viguier, près de Carcassone en France, sont soutenus par leur journal régional pour que leur amitié pour ce Rwandais ne soit pas déçue. L'assentiment des lecteurs de la presse régionale pèse dans la survie des journaux. Mais au-delà, le comportement de ces "présumés génocidaires" après le génocide ne montre-t-il pas qu'ils sont en fait très dépendants de leur environnement... génocidaires dans une ambiance génocidaire et conviviaux dans une ambiance normale, avec en plus le soucis, impératif pour leur défense contre des accusations imprescriptibles, de se montrer sous leurs meilleurs jours ?

Comment autant d'autorités locales, de notables, médecins, professeurs, religieux, ingénieurs ont-ils pu se laisser convaincre de laisser faire, participer, voire être moteurs dans cette perdition humaine au Rwanda "consacré au Christ roi" ? Les médecins nazis faisaient eux-aussi partie du meilleurs corps médical au monde, dans un pays hautement chrétien, celui qui avait obtenu le plus grand nombre de prix Nobel de médecine à l'époque ... 

Ntawukulilyayo était sous-préfet dans la seule préfecture qui a tardé à basculer dans le génocide, celle de Butare. Cette préfecture a vu le Président du gouvernement intérimaire se déplacer en personne pour destituer le préfet, le faire assassiner et lancer un appel "au travail". Le génocide commença immédiatement dans la préfecture de Butare comme dans les autres préfectures. Les sous-préfets faisaient partie de la chaine de l'Etat génocidaire. S'ils n'ont pas été limogés ou assassinés, c'est qu'ils ont collaboré... même si face à la justice la majorité des témoins sont morts ou complices ! La réalité de l'histoire d'un génocide est par nature fragile devant la logique juridique : la plupart des témoins de l'accusation sont morts, ceux qui restent étaient nécessairement très perturbés au moment des faits, d'où parfois des incohérences dans leurs témoignages (confusion de dates, parfois il s'agit d'erreur sur l'heure qui rend alors difficile la possibilité de la présence d'un accusé au lieu étudié, confusions de lieux voire de personnes, etc.)

Ici c'est un juge Turc qui balance sur la culpabilité de Ntawukulilyayo... N'y a-t-il pas un écho culturel du négationnisme du génocide des Arméniens par les Turcs dans cette hésitation ? Si tel est le cas, les certitudes juridiques sur l'issue de l'appel risquent d'être ténues face à d'autres juges.

Pour ceux qui sont convaincus de la culpabilité de Ntawukulilyayo, qu'ils n'oublient pas qu'un préfet, pourtant particulièrement actif pendant le génocide, fut acquitté en appel par le TPIR. Dans sa préfecture s'installa la ZHS française de l'opération Turquoise... la France est un des principaux employeurs du TPIR. Elle lutte très activement depuis 16 ans pour circonscrire les préoccupations du TPIR et dédouaner les politiques et militaires français, et leurs interlocuteurs rwandais du Hutu Power, de leurs implications dans ce génocide... et tenter de soumettre les responsables actuels du Rwanda aux mêmes accusations que les génocidaires dont ils ont stoppé les crimes avec des méthodes violentes, c'est à dire des méthodes militaires.

E.C.

9 juin 2010





Page spéciale de la CEC
A propos de l'arrestation au Rwanda de l'avocat américain Peter Erlinder

Pour compléter le commentaire sur le site de la CEC (Les avocats ne sont pas au-dessus de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide):

Il est normal qu'un pays entrave les droits civiques de toute personne qui ne rompt pas avec une mouvance neo-génocidaire. C'est ce qui est fait (+ ou -) en Europe avec les mouvements néo-nazi. La difficulté au Rwanda vient de la nature populaire du génocide des Tutsi. Il fut accompli par une majorité relative, au sein d'une majorité silencieuse, que ses successeurs voudraient réveiller aujourd'hui en justification "démocratique" contre une "dictature" d'une minorité. Dans un contexte mondial ayant la mémoire courte, cette situation est particulièrement dangereuse pour le gouvernement rwandais et la décision d'arrêter l'américain Peter Erlinder courageuse, quoiqu'on en pense, car les Etats-Unis sont les principaux bailleurs de fonds du Rwanda.

La situation politique du Rwanda serait grandement améliorée si les candidats d'opposition rejetaient clairement le négationnisme du génocide et toute allégeance vis-à-vis de ses initiateurs. Or il semble que le seul but de l'opposition rwandaise depuis 16 ans soit de faire passer Paul Kagame pour un criminel plus dangereux que ceux qui ont accompli le génocide des Tutsi. Ce pari insensé s'inscrit dans la propagande du "double génocide" qui voudrait rendre acceptable le génocide des Tutsi. Les crimes du FPR * sont connus mais mal cernés. Par contre ils n'ont pas pris la dimension d'un génocide. Le Rwanda à 10 millions d'habitants aujourd'hui et si l'ancienne catégorie Hutu ("85% de la population" selon les accusateurs) avaient été exterminée cela se verrait ! Paul Kagame n'est pas un saint, c'est un général qui prit le pouvoir avec des armes contre des génocidaires en 1994. C'est un acte "de légitime défense" selon les critères moraux de nos démocraties occidentales, qui est qualifié de "crime" plus grave qu'un génocide par ces génocidaires et leurs alliés.

La qualité d'une démocratie ne repose pas uniquement sur les vertus des élus, mais aussi sur celles de leurs opposants. La démocratie rwandaise a particulièrement besoin d'une opposition ayant une très grande intégrité morale si elle veut s'enraciner. Mais dans l'état actuel des choses nous allons assister à une élection présidentielle amputée d'une opposition d'envergure car elle n'existe pas encore. Le FPR n'y aide pas, c'est certain, mais les opposants non plus à cause de leur inconséquence.

E.C.

*Voir aussi ce dossier de Archives de Survie en Alsace sur les crimes du FPR
23 février 2010
Monsieur le Président de la République,

Vous vous rendez le 25 février 2010 à Kigali selon votre agenda publié sur le site de la présidence française.

Le génocide a été commis contre les Tutsi par des Rwandais qui tenaient les machettes, soutenus par d'autres Rwandais qui tenaient des armes et par les Forces armées rwandaises, armées et conseillées par la France.

Les autorités françaises, dès 1990, ont organisé la défense du Rwanda contre "les Tutsi", comme l'atteste de nombreux documents et témoignages. C'est ensuite contre "les Tutsi" que le génocide a été commis, avec des financements français, des facilités et conseils diplomatiques français, des formations françaises, des assistances et interventions militaires françaises, des armes fournies par la France (y compris après l'embargo signé à N'Sele en mars 1991 et ses renouvellements notamment à Arusha en juillet 92, puis pendant le génocide en mai 1994 dans une résolution de l'ONU et ce jusqu'en juillet 1994).

Ce fût toujours contre "les Tutsi" jusqu'à ce que, au sein de l'opération Turquoise, quelques militaires des COS désobéirent aux ordres français pour sauver 800 Tutsi à Bisesero le 30 juin 1994, présenté alors par les état-majors français et rwandais  comme un "maquis Tutsi", malgré les informations qu'ils avaient.

Cette définition de l'ennemi Tutsi, concrètement constatées sur le terrain, a été largement soutenue et promue par les autorités françaises, politiques et militaires. C'est une complicité active, d'une gravité exceptionnelle, dans le génocide des Tutsi au Rwanda.

Les autorités françaises que vous représentez doivent en être pleinement conscientes lorsque vous vous adresserez aux Rwandais le 25 février prochain. Aucun de vos prédécesseurs n'a eu le courage de l'assumer. Je souhaite vivement que vous soyez à la hauteur de la situation ce jour là...

Emmanuel Cattier,
Membre de la Commission d'enquête citoyenne française sur l'implication de la France dans le génocide des Tutsi
http://www.enquete-citoyenne-rwanda.org



4 février 2010
Marcher droit... pour entrer dans l'histoire

Ghandi face à Mountbatten, De Gaulle et Adenauer*, Martin Luther King par son rêve assassiné, Anouar El Sadate seul devant la Knesset, De Clerk,  Nelson Mandela et Desmond Tutu dans leur incroyable refus de la fatalité... Schindler et son combat impossible au sein des Nazis... avec ses employés ...

Aujourd'hui, à leur portée, Sarkozy et Kouchner ont décidé de marcher vers Kagame au Rwanda. Ils ont décidé de changer le regard de la diplomatie française sur le Rwanda, en tous cas suffisamment pour que celui-ci les accueille à Kigali.

Plus qu'une révolution, c'est une évolution déterminée. Une évolution fragile contre les caciques de la vieille politique française, assez imbéciles et ringards pour s'entêter et continuer, avec leur alliés génocidaires, à tenter d'empêcher cette marche par des ratiocinations aussi abracadabrantesques que grotesques.

Il y a du courage politique dans cette marche... mais le plus dur reste à faire. Quand le Président de la France arrivera devant le Président du Rwanda, le peuple rwandais incrédule observera la scène et seuls quelques français la suivront. Il sera bien seul le Président des Français.

Marcher droit, ce sera, à Kigali, finir par s'arrêter, regarder Kagame droit dans les yeux et parler aux Rwandais. Que dira-t-il notre Président ? Que "l'homme africain n'est pas encore entré dans l'histoire" ou que la France souhaite entrer autrement dans l'histoire du Rwanda ? Autrement qu'en soutenant un crime de génocide ? Autrement qu'en aidant des Rwandais à sombrer dans le crime contre des Rwandais, par d'improbables hypnoses stratégiques pourtant agissantes ...

Autrement ? Comment toucher le coeur des Rwandais avec des mots de français, usés à la corde, reprisés, rafistolés ? Comment montrer sincèrement qu'on assume cette "faute politique" et militaire et diplomatique et financière et médiatique et surtout morale ?

Comment marcher droit ? Deux hommes face à face... avec deux stratégies politiques... mais deux hommes et rien que deux hommes pour aider un peu l'humanité à vivre un peu plus en paix, pour aider les militaires à retrouver la raison face à la déraison d'État, pour aider les banquiers à dérouler la logique de leurs chèques barrés, pour aider les juges à dire ce que les enfants n'acceptent pas... pour aider les journalistes à continuer de corriger les insanités trop nombreuses qui ont été déversées dans les médias français depuis 20 ans à propos du Rwanda.

"Pour monsieur Mitterrand le génocide s'inscrit dans une logique de guerre" (Le Monde 23 avril 1994). Ça pue la logique calculatrice et c'est vrai... quand on laisse faire et qu'on soutient ceux qui le font. Pour moi citoyen français, Monsieur Sarkozy doit dire que le génocide des Tutsi s'est inscrit dans une logique d'absence de morale, dont notre pays a été l'indigne représentant par son armée, par ses banquiers, par ses diplomates, par ses médias empêtrés et par ses hommes politiques de gauche comme de droite.

Après cela il faudra rencontrer les rescapés, Monsieur le Président. Car au bout de tout cela il y a ceux qui ont perdu, à cause de tant d'indignités, la plus grande partie de leurs familles, de leurs enfants, de leurs bébés, de leurs parents et grand-parents, de leurs raisons de vivres. Vous serez un homme devant la souffrance des autres, infligée par une politique d'extermination, de désignation obsessionnelle de "l'ennemi" et de complicités objectives et même parfois actives.

Mais il faudra aussi rencontrer les tueurs dans les prisons où ils croupissent parce qu'on ne les a pas aidés à ne pas sombrer dans les délires de nos alliés, parce que notre prestige aveugle et aveuglant leur a donné l'idée fausse que leur crime était juste.

Et puis ensuite, quand l'essentiel aura été dit sur l'holocauste des Tutsi, l'extermination de cette identité meurtrière des musungu1 par l'autre identité meurtrière des musungu, on pourra évoquer aussi que ce génocide se déroula en marge d'une guerre, et que dans cette guerre, des deux côtés - gouvernemental et FPR - des familles ont souffert 2... presque toutes rwandaises, quelques unes belges et d'autres françaises3, et toutes victimes de la même bêtise humaine qui anime toutes les guerres, dont l'Occident est la championne toutes catégories avec ses cinquante millions de morts de la seconde guerre mondiale et dont Oradour-sur-Glane, Dresde et Hiroshima nous donnent encore le vertige. Qui sont les plus barbares quand on regarde les chiffres et les faits en face ?

Nicolas, il va falloir entrer dans l'histoire de l'Afrique avec Paul.

Emmanuel Cattier

1-Musungu désigne en Kinyarwanda, le blanc, le riche - Ce concept "d'identité meurtrière" a été l'objet d'un colloque à Goma en RDC en juin 2004 : les identités meurtrières avec le Pole Institute de Goma

2-Ces morts de la guerre civile rwandaise ne sont pas à mettre sur le même plan que ceux de l'holocauste des Tutsi qui lui a fait au moins un million de morts. Ceux qui parlent de "double génocide", continuent de considérer le génocide des Tutsi comme marginal et le confondent avec la guerre civile. C'est une erreur factuelle grave et négationniste. Mais inversement on ne peut pas ignorer que le FPR a fait la guerre et que des familles Hutu et Tutsi ont été endeuillée dans cette guerre, avant et pendant que les familles Tutsi étaient exterminées méthodiquement. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a évalué le nombre des victimes dus à la guerre conduite par le FPR de 25 000 à 45 000 entre avril et août 1994. (cf notre page sur les crimes du FPR).

3-Les dix casques bleus belges peuvent aussi être rangés dans les victimes du génocide dans la mesure où ils ont été massacrés délibérément pour chasser les Belges du Rwanda et laisser la voie libre aux génocidaires.
Pour les Français c'est plus ambigu et peut être plus lourd de signification. Le récent rapport rwandais sur l'attentat du 6 avril 1994 montre que c'est du camp militaire de Kanombe qu'on a tiré sur l'avion présidentiel pour prendre le pouvoir et déclencher le génocide. Mais ce que le rapport rwandais n'éclaire pas c'est le rôle complet des français dans cet attentat qui a l'aspect typique d'un attentat françafricain. Le comportement  dissimulateur des autorités françaises dans cet attentat renforce cette hypothèse. Dans ce cas les pilotes français auraient été abattus avec le consentement des autorités françaises et alors qu'elles n'ignoraient rien des intentions génocidaires de leurs alliés. D'autre part en ce qui concerne les gendarmes français spécialistes des écoutes, assassinés à Kigali juste après l'attentat, ils pourraient aussi être rangés dans les victimes du génocide et avoir été tués pour  les empêcher de témoigner de l'identité de ceux qui seraient les auteurs de l'attentat selon leurs écoutes. La mort par balle de François de Grossouvre, à l'Élysée le lendemain, est souvent citée comme liée à cet attentat. Il serait vraisemblable qu'il aurait été opposé à cette option terroriste. Cet événement n'est pas éclairé par le rapport rwandais.
*Pendant 6 jours, le nom d'Eisenhower est resté là à la place d'Adenauer, lapsus de l'auteur, sans que personne ne réagisse... l'auteur s'est réveillé le 10 février en se rendant enfin compte de ce lapsus qui bizarrement le chiffonnait sans qu'il trouve pourquoi ! Alors, de nombreuses choses l'une : ou personne ne lit ces éditoriaux ou le "page rank" de 40 % que Google attribue à ce site est du vent ou les lecteurs ne sont pas plus réveillés que l'auteur quand il a écrit ces lignes dans la nuit du 4 au 5 février ou ils préfèrent laisser l'erreur ou ils ont la flemme de la signaler ou ils ont peur de paraitre ridicule en la signalant ou le texte n'est pas assez clair ! N'hésitez pas à me signaler une autre hypothèse...



18 novembre 2009
Sud-Ouest 17 novembre 2009 - Interview de Jean-Pierre Chrétien
"Le mot rwandais « ubwenge » (employé par les Hutus comme par les Tutsis) est traduit, dans les dictionnaires, par « intelligence, habileté, sagesse, finesse, instruction ». Il existe d'autres mots pour désigner le « mensonge ». L'argument pseudo-culturel, repris effectivement par Pierre Péan pour imputer aux Tutsis une « culture du mensonge », est un cliché colonial, ressassé en général contre les « indigènes ». Au Rwanda, il a nourri le discours racial officiel opposant « Hamito-Sémites » tutsis et « Nègres » hutus. Ce stéréotype d'un autre âge sert aujourd'hui à récuser les témoignages des rescapés du génocide."
Pierre Péan acquitté
Les propos de Pierre Péan sont considérés comme licites par la Cour d'Appel de Paris. Cela signifie que la justice française n'aurait pas condamné la radio des mille collines pour ses propos racistes qui accompagnaient les appels aux tueries, et qui auraient donc relevé de la liberté d'expression, mais seulement, peut être, pour ses appels aux tueries.
Mais nous savions déjà que l'armée française n'avait pas fait taire cette radio pendant l'opération Turquoise, alors qu'elle émettait dans sa zone, et il n'y a aucune raison sociologique que les juristes, qui appliquent les lois de la République, aient plus de sens citoyen que les autres composantes de la République. Les Tutsi sont morts de l'indifférence de la "communauté internationale". Cette décision confirme que cette indifférence est bien enracinée dans la culture et les pratiques culturelles des pôles dirigeants français, ce que nous avions déjà observé.
E.C. 18 novembre 2009 - 15 h 30
Voir aussi



8 octobre 2009
Dossier Noir de Survie n°23 : Que fait l'armée française en Afrique?

Que fait l'armée française en Afrique ? Et de quel droit s'y trouve-t-elle encore aujourd'hui ? Si l'on en croit les discours officiels, elle n'y aurait plus depuis longtemps que des missions humanitaires et de maintien de la paix. La page du néocolonialisme et de la Françafrique aurait été tournée en même temps que finissait la guerre froide. Ce Dossier noir examine, à travers de nombreux exemples concrets, la réalité de cette présence depuis deux décennies.(...)

Sortie le 23 octobre 2009
Vous pouvez le commander directement auprès de Matthieu Vanpeene : matthieu.vanpeene(a)survie.org ou auprès du groupe local le plus proche de chez vous. Edition Agone, 480 pages, 18 ¤.

>>> Lire la suite sur le site de Survie France


3 août 2009


Pierre Péan jugé en appel pour "diffamation raciale et incitation à la haine raciale"
 
Début septembre (9-10 septembre) Pierre Péan sera devant la Cour d'Appel de Paris pour "diffamation raciale et incitation à la haine raciale", sur plainte de SOS racisme et d'Ibuka contre les propos de son livre " Noires fureurs, blancs menteurs". Si, malgré l'avis de la procureure, Anne de Fontette1, Pierre Péan a été acquitté en première instance, ses propos sur les Tutsi, sont la copie conforme de ceux que le Hutu power a utilisés dans ses médias pour déclencher et entrainer la population rwandaise dans le génocide. Rappelons à ce sujet le "procès des médias de la haine" au Tribunal pénal international pour le Rwanda et le livre Les médias du génocide (Karthala) dirigé par Jean-Pierre Chrétien à la demande de l'UNESCO.

Benjamin Abtan, ancien Président des étudiants juifs de France, cité comme témoin, avait quant à lui fait une comparaison édifiante entre le texte de Péan et celui de Mein Kampf de Hitler... il suffisait de remplacer "Tutsi" par "Juif" dans le livre de Péan et réciproquement dans l'autre livre... Pierre Péan avait craqué en plein procès, mais n'avait pas réussi à vraiment pleurer selon les témoins2. Comédie ou prise de conscience ?
 
La France semble pusillanime pour dénoncer les visions ethnistes sur le Rwanda et les discours qui entretiennent la haine raciale entre Hutu et Tutsi. C'est simple, on s'en fiche, on ne voit pas le problème ou, plutôt, l'approfondir obligerait à prendre en compte la complicité française dans le génocide. On referme prudemment la boite... Védrine y encourage systématiquement en arguant de notre fanatisme marginal.
 
Une relecture des journaux à la parution du livre de Péan montre pourtant que la presse ne s'y est pas trompée. C'est un livre scandaleux qui a été reçu comme tel par la majorité des journalistes.

Alors pourquoi le procès de première instance contre Péan a-t-il été un tel échec ? Cet échec est attribuable d'une part à la mauvaise qualité de la défense contre les accusations du livre de Péan et d'autre part à l'imbroglio des relations entre SOS racisme et les acteurs du procès.
On sait que SOS racisme copine étroitement avec Julien Dray, un mitterrandien incontestable et peu enclin à dénoncer la France en 1994, actuellement impliqué avec l'association dans une affaire judiciaire très médiatisée. Est-ce finalement un hasard temporel ? Rien n'interdit de se poser la question quand on connait les capacités manipulatrices de nos services. Pour pimenter le tout, Pierre Péan lui même a parrainé SOS racisme et défend ardemment François Mitterrand, son staff élyséen et l'armée contre des accusations de complicités dans le génocide des Tutsi. Mais, selon un témoignage que j'ai entendu de la bouche de Fodé Sylla, ancien président de SOS racisme, lors d'un débat dans une conférence au Parlement européen de Strasbourg en 2004, il serait allé avec des responsables de cette association au Rwanda en plein génocide contre l'avis des Mitterrandiens qui leur dépeignaient alors, plus grave que le génocide en cours (!), un Kagame "Khmer noir" et infréquentable, qui à l'époque était pourtant le seul à combattre concrètement les génocidaires. Fodé Sylla n'a pas toujours fait preuve ensuite d'indépendance d'esprit en matière de Françafrique, mais son témoignage est recevable car une de mes connaissances l'a rencontré en juin 1994 à la frontière ougando-rwandaise3.
 
Dominique Sopo, président actuel de SOS racisme, fait-il preuve d'une belle indépendance d'esprit... ou les socialistes mitterrandiens se servent-ils de lui pour tenter de tuer toute critique de Pierre Péan, et de la complicité de la France dans le génocide des Tutsi, par un procès embrouillé ?  La plus grande erreur, très tentante, serait d'enfoncer ce procès dans les errances de Pierre Péan et du juge Bruguière sur le sujet de l'attentat contre Habyarimana. Ce serait tentant, car c'est aussi un des sujets du livre et car l'actualité récente a montré à quel point cette affaire avait été montée de toute pièce par le juge Bruguière et popularisée par Onana, Smith et Péan. Les principaux témoins, et notamment le principal, Ruzibiza, a raconté comment son témoignage a été fabriqué par les services français et sa complaisance et l'a maintenant clairement démenti. Le deuxième témoin Ruzigana, qui ne parle pas français, a implicitement accusé Bruguière de forfaiture en affirmant, dès le lendemain de la publication de son ordonnance, que le juge a écrit le contraire de ce dont il témoignait. Le principal traducteur de Bruguière est de la mouvance des génocidaires4. C'est donc tentant de s'enfoncer dans ce boulevard contre Péan, mais ce n'est pas le sujet.5

Non le sujet est beaucoup plus grave que le problème de l'attentat. C'est l'objet de la plainte : "diffamation raciale et incitation à la haine raciale". Et tant qu'à faire des efforts pour cerner le sujet, il ne s'agit pas d'abord de l'antisémitisme, mais de la haine contre les Tutsi. Si l'on peut faire un parallèle avec la haine des Juifs, cela ne doit rester qu'un parallèle, quelle que soit sa pertinence. L'essentiel est ce qui a conduit au génocide de 1994 et qui est repris sans critique et sans vergogne par Pierre Péan dans son livre incriminé.

Ce qui est en cause c'est son astuce rédactionnelle qui consiste a reprendre, sans les relativiser, les propos racistes de personnalités très contestables. Il les présente comme crédibles alors que leurs propos sont scandaleux d'une part et que d'autre part une bonne connaissance du Rwanda et des personnes citées montre toute l'absurdité de cette thèse. Pierre Péan évite de faire un parralèle entre ces propos scandaleux et ceux des génocidaires... L'important pour lui est l'agencement de sa rafale médiatique par la juxtaposition astucieuse de propos importés, pour les seuls besoins de justifier l'engagement français mais qui, sans aucun scrupule, réhabilitent au passage l'idéologie du génocide. C'est absolument inacceptable...

Rares sont les avocats qui ont une vraie connaissance des événements du Rwanda. Il est dommage aussi qu'en premier instance ils n'aient pas exigé du Président qu'il recentre les débats. Pour donner du corps à cette plainte je vous laisse lire ci dessous le blog de Kagatama, rescapée rwandaise vivant en Europe. Elle a écrit ce texte un mois avant le procès de premier instance. Ne pas comprendre cette analyse du livre de Péan par Kagatama conduirait à l'indifférence à la haine raciale... et contribuerait à l'acquittement de Pierrre Péan, ce qui serait particulièrement scandaleux.

Emmanuel Cattier
1 « On peut écrire sur le Rwanda. On peut écrire toute chose, mais pas n'importe quoi ni n'importe comment » Anne de Fontette, procureur. LIre aussi
2 Lire : Un étudiant juif fait craquer Pierre Péan
3 Un lecteur me signale l'article collectif "Rwanda: La bataille de la vie" (dans Le Monde du 6 juillet 1994, p. 2.) d'Harlem Désir, Didier Lecomte, Claude Soussi, Fodé Sylla. Extrait :
"Ainsi, depuis 1990 au moins, dans un Etat d'Afrique, les meurtriers de civils et d'enfants sont restés impunis. La France a apporté son matériel et son savoir-faire pour équiper et entraîner l'armée rwandaise. Que les casernes fussent aussi les lieux d'entraînement et d'endoctrinement des milices n'était pas son problème. Mais quel pouvait bien être le sens du soutien apporté par notre pays à ce régime ? Quelle mission a accomplie le pays des droits de l'homme en sauvant en 1990, avec quelques hélicoptères armés de roquettes, une dictature "génocidaire " ? Comment a-t-on pu feindre d'ignorer les rapports accablants d'organisations internationales de défense des droits de l'homme sur les massacres de masse organisés ces dernières années par les autorités rwandaises ? Où étions-nous ensuite, pendant ces terribles journées d'avril dernier, quand tout a basculé ? Nous sommes partis, laissant les civils aux mains des purificateurs ethniques.
Aujourd'hui, l'armée française revient. Sa présence ne peut être qu'incomprise, suscitant méfiance d'un côté et enthousiasme ambigu de l'autre, chez ceux qui saluent son arrivée comme celle des " Hutus blancs " et croient revenu le temps du soutien à leurs exactions. Pendant ce temps, la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda ne dispose que de treize véhicules blindés, dont trois seulement en ordre de marche, capables de transporter des troupes, des réfugiés ou des blessés en sécurité. En tant que membre du Conseil de sécurité, n'avions-nous pas d'abord le devoir de donner au général Dallaire le matériel et le mandat nécessaires à l'accomplissement de sa mission de protection des populations civiles ?"
4 Fabien Singaye, gendre de Félicien Kabuga recherché par le TPIR, reconnait être traducteur du Juge Bruguière, mais, selon lui, il n'aurait pas traduit les propos des principaux témoins qui se sont rétractés, Ruzibiza et Ruzigana. (Cf Le Soir du 9 juillet 2009)
5 Depuis la publication de cet article un nouveau "témoin de Bruguière" a contredit l'interprétation de ses propos par Bruguière :
    Voir site de la CEC


 7 avril 2009
 
 Complices de l'Inavouable
 La France au Rwanda
 Patrick de Saint-Exupéry
 Edition Les Arènes

  Rwanda 2009
 
 Ibuka !
 Souvenons-nous de la souffrance des Tutsi. Et nous citoyens français, souvenons-nous que notre pays fut un soutien essentiel de ce génocide parla faute de nos autorités politiques, diplomatiques, économiques et militaires. Une faute del'État français, soigneusement cachée aux citoyens. Patrick de Saint -Exupéry, journaliste dontles articles dans Le Figaro furent essentiels à la prise de conscience citoyenne, vient derééditer "l'inavouable" sous un nouveau titre, "Complices de l'inavouable", qui désigne sur sacouverture le nom de complices français. Un long avant-propos commente certains passages du livreet des évolutions survenues depuis la première édition.
 Nous attendons avec intérêt de savoir si les complices ainsi désignés vont avoir le courage de seplaindre en diffamation. Ils ne peuvent pas faire autrement... il y aura donc un procès quipourra enfin faire avancer les choses...
 
Citoyens européens,  souvenons nous de la Shoah, dont la genèse intellectuelle fut européenne et non spécifiquementallemande.
Le brain storming européen du dix-neuvième siècle sur la "raciologie" fut le berceaudu nazisme et du hutu-power. En effet la culture européenne a aussi dicté la lecture raciale,ethniste, de la société rwandaise, tordant au début du XX ième siècle desstructurations qui étaient seulement sociales : les Hutu, les Tutsi et les Twa n'étaient que descatégories socio-professionnelles. Tout ce que l'on a brodé autour, fût bien souvent des torsionspour justifier une théorie de l'histoire de l'Afrique, dont on n'a pas la preuve scientifique,par des fouilles archéologiques, par l'étude de la langue rwandaise, ou par d'autres moyensd'investigation. Sans doute le Rwanda a-t-il connu des échanges de populations avec les régionsvoisines, mais dans quel sens, à quelles époques et lesquels ?

Les "savants" européens du XiX siècles ont imposé des hypothèses comme des vérités, Lesmissionnaires et les colonisateurs s'y sont laissés enfermer quand ils n'en étaient pasles promoteurs. Plus d'un million de Tutsi en sont morts en 100 jours quelques décennies plustard.

Des Rwandais avides de pouvoirs et de revanches sur les méthodes de colonisation, chaperonnés parl'Église catholique, où se mélangèrent pêle-mêle mauvais inspirateurs, apprentis sorciers auservice de l'État belge et paternalisme aveugle, ont préféré stigmatiser une minorité plutôtque de dénoncer le véritable ennemi du Rwanda : le colonisateur. Ce sont des Rwandais qui ontdéclenché le génocide 30 ans plus tard, c'est clair, mais nous, européens, les avons gavés demensonges et d'à priori coloniaux introjetés dans la culture rwandaise, comme dans notre propreculture.

Citoyens européens souvenons-nous de nos erreurs, de nos fautes, de notre responsabilité àl'égard des Rwandais. Nous ne les avons jamais véritablement aidés... Nous les avons entrainésdans nos propres errements.
 
Emmanuel Cattier

lire aussi : mon intervention à Berlin pour la CEC
 


 5 avril 2009    La chorégrahie politique entre deux rives et la lâcheté exécutive sur les trottoirs

 
 Ce qui s'est passé samedi matin à Strasbourg me plonge dans une division intérieure grave. Certes c'est un problème personnel et le psychanalyste Jung expliquait que la névrose serait une tentative de solution personnelle d'un problème collectif. Tant pis.

J'ai été très sensible à ce symbole du Président français marchant, entre la France et l'Allemagne, vers ses homologues del'OTAN et revenant avec eux pour les amener chez nous à pied, sous les fumées bleus et blanchesde la patrouille de France. On voyait des chef d'États et de gouvernements détendus qui marchaient ensemble... à part le trublion de la botte qui a voulu montrer à son électorat, qui aime ses bravitudes, qu'il s'en fout. Mais il n'y avait aucun strasbourgeois sur place, que la télé ! C'est nul !

Et puis nos chefs s'entendent pour faire vivre une alliance militaire contre personne depuis lachute du communisme puis contre le terrorisme depuis le "11 septembre". La chorégraphie neva-t-elle pas virer à des désastres ?

J'entendais depuis chez moi les "pimpons" qui s'excitaient dans les rues de Strasbourg. Le"cirque sécuritaire". La chorégraphie politique a demandé toute la scène à Strasbourg. Leprésident français pourra-t-il reprocher aux Français, comme il l'a fait aux Africains, de ne pasêtre entrés dans l'histoire ?

Peut-on espérer des éclaircissements de la part d'Obama en Turquie demain ? Va-t-il sortirl'occident de l'enfermement dans lequel il fut enfermé à double tour par son prédécesseur ? Après la chorégraphie sarkozienne, ce sera l'heure du funambule tendu entre les extrémismes de deuxcivilisations...

Mais le pire ce sont les infos qui me parviennent de la ville. On a empêché les manifestants desuivre le trajet convenu avec une très grande mauvaise foi. On dit oui avant, on dit non ensuite.On voit arriver un groupe de plusieurs milliers de manifestants. On leur propose de les laisserpasser... puis on les morcelle, puis on les refoule. Bref une stratégie du mensonge permanant de la part des autorités.

Qu'est-ce que cela veut dire...? il n'y avait personne sur les trottoirs pour acclamer Obama...ou Sarkozy... les Strabourgeois se sentaient dépossédés de leur ville. Ils ne sont pas sortis.Sarkozy veut-il une société désertique ? Qu'est ce que c'est que ces dirigeants qui ne se sentent à l'aise que loin des foules ? Des trouillards ?

EC
 
 30 mars 2009    Strasbourg KO !
 L'OTAN est une machine de guerre. les Strasbourgeois peuvent en témoigner. Seule différence avec la guerre, le théâtre des opérations a donné le programme. Les spectateurs vont être bloqués à Strasbourg pour que les exécutifs puissent s'exécuter. Le paon va sortir ses plumes.... les Strasbourgeois, sans doute aveuglés, ne verront que des barrières métalliques, des flics à tous les coins de rue - ils sont déjà là faisant "pimpon" au moindre papillon qui s'aventure, traversant la ville comme dans les films à deux fois la vitesse autorisée avec des charrettes poussives et surchargées qui vrombissent comme des alambics, de vrais veaux de ville américains. Eux aussi ils s'y croient. Ils me font penser à mon fils, qui a six ans, quand il s'empare de l'épée de chevalier qu'il s'est fabriquée avec un manche à balais. Et impossibilité d'aller chez son médecin ou son dentiste. Le mien est à 50 mètres du Palais de la musique, je n'ai pas intérêt à avoir une rage de dents ces-jours là !

Quelle mouche a donc piqué cette trentaine de chefs d'état à vouloir se réunir au nom d'une simple alliance militaire contre un ennemi terrassé depuis 20 ans et dont les képis immaculés auraient largement suffit pour l'atterrissage des drones ? A quoi jouent-t-ils ? A quoi se la jouent-ils ? Au delà de cette paranoïa sécuritaire aggravée, on se demande où est passée la démocratie. S'imaginent-ils que les foyers talibans vont être impressionnés par un tel raout ? Ces talibans ont-ils seulement la télé pour se laisser impressionner ? En fait ils font plaisir aux militaires... C'est le bonus des militaires !

Pour nous, la preuve est faite : partout où les exécutifs s'en mêlent, c'est souvent le blocage. Ils sont d'une incompétence caractérisée.

Le plus étrange sera le contre-sommet : il rassemble tous ceux qui se sont réjouis de l'inespéré, l'élection d'Obama qui vient en Alsace dont il est originaire par un de ses aïeuls. Comme première visite de famille ce n'est pas très malin. Les contre-citoyens vont faire le vrai spectacle, puisque le théâtre des opérations, pas très honnête, n'a rien prévu pour les Strasbourgeois, si ce n'est d'être spectateurs de leur blocage *. En espérant que cela ne soit pas l'occasion de dérapages dramatiques.

Oh temps suspends ton vol et prends ton drone ailleurs !


 
 Emmanuel Cattier

 * Des militants de Survie Bas-Rhin vont participer au contre-sommet
 


 7 mars 2009  Congo-Rwanda, premier coup diplomatique d'envergure del'équipe Obama
Un article majeur de Collette Braeckman, nous donne enfin une ouverture sur les retournementsponctuels qu'on observe à propos des Grands lacs africains depuis quelques semaines.
Dès avant sa prise de fonction, Obama et son équipe, ont changé la donne entre le Rwanda, la RDCet l'Ouganda.
 Lisez Collette Braeckman, Congo-Rwanda: le premier succèsdiplomatique de Barack Obama :

 "Avec effusion, des officiers congolais prennent congé de James Kabarebe, le chef d'état major rwandais, hier encore considéré comme l'ennemi numero un. Des journalistes rwandais invités à Goma fraternisent avec leurs collègues congolais. Les deux pays vont échanger des ambassadeurs, normaliser leurs relations. Et surtout, le Rwanda garde en détention Laurent Nkunda, séquestré dans une résidence de Gisenyi, tandis que les Congolais assurent aux combattants hutus qui campent sur leur territoire depuis quinze ans que « le temps de l'hospitalité est terminé » et qu'ils sont bien résolus à les forcer au retour. Même si les opérations ne sont pas terminées, 1300 combattants et 4000 civils ont déjà été rapatriés au Rwanda et chaque jour le HCR enregistre de nouveaux candidats au retour."

 "Ce virage à 180 degrés, qui permet enfin d'espérer le retour de la paix dans les Grands Lacs, n'a pas fini de surprendre les Européens et il passera peut-être à l'histoire comme le premier succès diplomatique de Barack Obama.

En juillet 2008, les signes annonciateurs d'une nouvelle guerre se multiplient : les hommes de Nkunda se sont retirés du processus de paix, à Kinshasa les Tutsis dénoncent l'exclusion dont ils seraient victimes. Une délégation de la société civile congolaise décide alors de se rendre à Washington et de tirer les leçons de l'échec patent des processus en cours : la « tripartite plus », la « facilitation internationale », la conférence sur la sécurité dans la région des Grands Lacs.

Prenant la température politique des Etats Unis, où les chances de succès d'Obama augmentent, les Congolais prennent alors contact avec le staff du candidat démocrate. Bientôt rejoints par Mgr Maroy, l'archevèque de Bukavu, ils s'entretiennent longuement avec un certain Emmanuel Rahm, qui deviendra chef de campagne puis directeur de cabinet d'Obama, avec John Swain, ancien conseiller politique à l'Ambassade US de Kinshasa, chargé des affaires africaines au Département d'Etat, avec un représentant de l'USAID, sans oublier Howard Wolpe, ancien envoyé spécial de Bill Clinton pour les Grands Lacs. Les représentants de la société civile dénoncent les violences faites aux femmes, la reprise de la guerre qui semble imminente, ils soulignent le pillage des ressources et rappellent que le site de Walikale ne contient pas seulement du coltan, mais qu'on y trouve aussi de l'uranium tandis que la mine de Lueshe contient d'importants gisements de niobium, qu'on appelle aussi « pyrochrore ». Ils soulignent la menace que représenterait une « somalisation » de l'Est du Congo, qui pourrait tomber aux mains d'intérêts mafieux et relèvent que lors de plusieurs interviews, et notamment dans le documentaire de Patrick Forestier : « du sang dans nos portables », sorti en décembre 2007, Laurent Nkunda a déclaré « j'ai des Arabes avec moi ».

Surpris, les Congolais découvrent des interlocuteurs très informés. Emmanuel Rahm leur rappelle que le sénateur Obama, qui suit de près la question déjà envoyé quatre documents au Sénat américain à propos du Congo et adressé une lettre à Condolezza Rice sur la question de la guerre et des violences sexuelles dans ce pays."



 5 février 2009 Ce que j'ai vu au Rwanda
 "Dans son dernier ouvrage, le Monde selon K., Pierre Péan me cite à plusieurs reprises. Je tiensà préciser ici qu'il le fait de manière totalement erronée. S'il ne s'agissait pas de faits aussigraves (le génocide des Tutsis du Rwanda de 1994), je me serais abstenu de le releverpubliquement." Jean-Christophe Klotz - Libération14/04/2009

  A propos de Bernard Kouchner surnotre site
 Le Monde selonP. : Puant !
 Billets d'Afrique et d'ailleurs
 n° 178 mars 2009
 
 La réponse masquée de Péan à Gouteux... toujours le Rwanda, contrepression sur Colombani.Cliquez sur une couverture pour comparer les titres et sous-titres.
 

 2000

 
 février 2003
 
 
 La guerre psychologique existe...
 
 Quand j'entends Kouchner dire "C'est tout de même extraordinaire qu'il ait rencontré tant de gens sauf moi" Vous trouvez cela normal ? C'est un livre entièrement à charge mais sans le début d'une preuve contre moi.", je peux attester que de la même manière Péan a écrit un livre dont il consacrait un bon tiers à Jean Carbonare, l'association Survie et ses satellites.... sans les avoir jamais rencontrés. De même, dans ces deux livres, il parle abondamment du Rwanda sans y avoir jamais mis les pieds. Et toute une bande " d'idiots utiles"1 dans les médias continuent régulièrement d'entretenir sa réputation usurpée de journaliste d'investigation et l'idée que ses enquêtes seraient incontestables.
  Pierre Péan est un imposteur et un trompeur, un fabricateur de prismes médiatiques, un manipulateur d'opinion. Ce dont il nous accuse précisément parce nous luttons contre cela. Il ne dévoile pas ses "sources",mais ce sont celles qui tournent autour de la France criminelle de la Françafrique, de la France complice du génocide des Tutsi et des coups d'États françafricains qui ensanglantent l'Afrique depuis 60 ans. Péan fait toujours semblant, pour tromper.

Avec qui s'en est-il pris au journal le Monde ? Avec Cohen qui ensuite a sévi au magazine Marianne, qui, par hasard, est le plus négationniste de la complicité de la France dans le génocide au Rwanda. Pierre Péan a probablement fait pression sur Colombani pour tenter d'obtenir qu'il continue de soutenir cette complicité.... précisément après le livre de Gouteux, " Le Monde un contre-pouvoir ", dont il a repris des similitudes de présentation et de titre pour le sien. De même son livre sur le Rwanda, "Noires fureurs, blancs menteurs" paru en novembre 2005, reprend une analogie avec "Noir silence", de François-Xavier Verschave et répond clairement à notre Commssion d'enquête citoyenne, qui s'est tenue en mars 2004, et dont le rapport est paru en février 2005.

Pierre Péan est une éponge médiatique qui essuie ce qui menace la Françafrique. C'est devenu son métier - probablement en partie à cause de nous. Ce qu'il raconte c'est ce qu'il a ramassé, mélangé-collé, sur son éponge puante de technicien de surface médiatique.

C'est une ligne continue chez Péan. Derrière tout cela il y a très probablement une frange de l'État-major français et un noyau dur de "hauts"-fonctionnaires des ministères de la défense, de l'intérieur et des affaires étrangères. Je n'en ai pas la preuve, mais je vois la couleur des mots marqués par le même colorant idéologique, les mêmes chaînes d'ADN médiatique, le même vocabulaire nauséabond, les sujets choisis... : même le choix de faire un livre sur la tragédie vendéenne, après le Rwanda, n'est probablement pas un hasard idéologique et historique de la part de Péan. Gracchus Babeuf avait qualifié de "populicide" cette période sombre de notre histoire qui montre ce dont est capable notre République à l'intérieur comme à l'extérieur.

Ce noeud de vipères a peur du rapprochement entre Paris et Kigali qui lui donnerait tort définitivement et pourrait même faciliter son appel devant les tribunaux. C'est pour cela que Péan attaque Kouchner et il le dit. Péan veut la guerre avec le Rwanda.
Kouchner n'est-il pas criticable pour autant ? Je préfère mille fois la critique approfondie de Kapler et Morel, beaucoup plus grave et beaucoup plus assise2, que les insanités du caniveau politique de Péan.

Dans son caniveau sont déjetés, des crachats d'extrême droite et du caca de "hauts"-fonctionnaires, aussi indéboulonables que venimeux, tirant les ficelles de médias, syndicats et partis interposés, qui votent à gauche et pissent à droite, votent à droite et cognent à gauche... toujours mélangeant leurs intérêts publics et privés dans le sens de leur survie personnelle. Ils prennent la France en otage depuis des décennies et se transmettent le flambeau avec le même immoralisme qui a fomenté tous les crimes de la République. Péan est le complice objectif de ces criminels.

A quand une enquête sur Pierre Péan ? Quel est son véritable métier ?3

E.C.

 1. "Idiots utiles" expression du député des Yvelines Jacques Myard, membre de la mission d'information parlementaire sur le Rwanda en 1998 et, reprise par Péan, pour qualifier les militants du "Cabinet noir du FPR en France"... c'est à dire nous, Survie !
 2. Voir sur la page de notre lien ci-contre
 3. La revue La Nuit rwandaise N°3 propose un dossier consistant sur Péan. Voir aussi l'article de Jean-Christophe Klotz ci-contre.
 
 


 17 janvier 2009    La France d'en-haut et notre sous-France
Le secret d'État a un sens quand il s'agit de protéger la vie de citoyens français. Il devient une complicité de génocide quand il s'agit de protéger une complicité de génocide.

La Direction Centrale du renseignement intérieur vient de se rendre complice du génocide des Tutsi en protégeant des officiels français d'un document de l'armée française montrant que le Colonel Poncet avait reçu l'ordre de canaliser les journalistes pour qu'ils ne voient pas qu'il avait aussi reçu l'ordre de refuser d'évacuer les Rwandais pendant l'opération Amaryllis et surtout que des soldats français n'intervenaient pas quand des Tutsi se faisaient massacrer sous leurs yeux...
C'est écrit entoute lettres dans son rapport que je ne suis pas censé connaitre : pensez, j'avais eu l'idée d'imprimer la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par l'Assemblée Générale de l'ONU en décembre 1948, à Paris précisément, et d'agrafer en annexe de ce document le rapport Amaryllis de Poncet, dont j'avais paraphé chaque page et mis le commentaire suivant sur sa page 4 : "la hiérarchie doit être mise en examen". Quand j'ai présenté ce document à l'enquêteur, il a pâli. Il n'avait pas le droit de le montrer. Il a donc détaché le rapport de Poncet, l'a mis dans une première enveloppe, tamponnée "secret défense" que j'ai du signer pour attester qu'il avait bien mis ce document dans l'enveloppe, puis placé cette enveloppe dans une deuxième enveloppe banalisée, que j'ai du également signer pour la même raison. Et ce n'était qu'une copie ! C'est donc l'original de ma volonté que la hiérarchie soit mise en examen qui est désormais classé "secret défense" !

Ils m'ont menacé des pires ennuis juridiques, moi et ma famille, si je maintenais sur le site de la CEC ce document que j'avais mis en ligne il y a un an. En même temps ils étaient très embarrassés. Ils ne voulaient pas de vagues. Ils m'ont raccompagné chez moi à quatre en voiture banalisée pour vérifier que j'effaçais bien le document du site de la CEC et de mon disque dur. Ils ont été d'une discrétion totale, ils ont dit poliment bonjour à ma femme après m'avoir conseillé de dire qu'ils étaient des collègues informaticiens qui venaient chez moi (ce que j'ai oublié de dire en arrivant...) et en partant l'un d'eux à même dit, un peu amer, quelque chose comme "les Tutsi ont sans doute vécu des choses horribles, mais nous nous faisons notre métier".

Le tout a duré quatre bonnes heures le 14 janvier 2009. Ils voulaient tout savoir de la CEC, si c'était bien moi qui avait mis le document en ligne, qui me l'avait donné, (mille fois demandé mais hélas pour eux je ne me souviens pas comment je l'ai eu. Je n'ai pas du me rendre compte tout de suite de son importance (je ne lis pas toujours tout de suite ce que l'on me donne) et pendant longtemps je me suis demandé s'il était authentique. Ils voulaient aussi savoir si j'avais des relations continues avec des officiels rwandais pour évaluer sans doute aussi mon degré de satanisation ! Heureusement pour moi, quand je vais au Rwanda, Kagame ne m'invite jamais à prendre le thé... L'Etat français oublie que Kagame est un général d'armée et moi un objecteur de conscience ! Lui un Président de la République d'un pays meurtri et moi un simple citoyen d'un pays orgueilleux qui refuse de s'excuser !
 
Sachant que ce document classé "confidentiel défense" ne pouvait être utilisé dans des procédures juridiques je n'avais aucun espoir que ma résistance solitaire aboutisse. Tous les membres de la CEC sont ailleurs en France. La DCRI m'avait téléphoné deux jours avant en me prévennant qu'il ne s'agissait que de ce document. Alors que la population française se montre souvent insensible au contexte politique de ce génocide, je ne pouvais espérer un mouvement d'opinion pour me soutenir dans une telle résistance ponctuelle. D'autre part ce document est un maillon parmi beaucoup d'autres qui montrent la complicité française dans le génocide. Enfin supprimer une copie électronique, ce n'est pas rendre un document original. Le document original est entre les mains de l'Etat. Ils nous a ainsi montré que cette copie est authentique. D'autres personnes en France et dans le monde ont pu télécharger ce document pendant un an... il reste donc productible en tant que copie authentique devant une juridiction étrangère... même s'il est effacé de mon disque dur et de notre site internet. Je peux en témoigner.

Finalement l'Etat français est bien avancé. Ils nous a fait un coup de pub, car les français sont très friands d'anecdotes de ce genre et il n'est pas au bout de ses peines à vouloir étouffer la vérité.... Simplement nous allons devoir nous armer de patience car la bête immonde refuse encore de plier l'échine, et elle a toujours beaucoup de serviteurs zélés qui se sentent mieux avec son souffle rauque que loin de sa tiédeur pestilancielle.

Peut-être faudra-t-il aussi trouver des gens plus courageux que moi et ma famille pour aller plus loin. Il faudra aller plus loin. Moi je me suis engagé à ne plus diffuser ce document...

Pour la France d'en haut ce document est classé "confidentiel défense". Peu importe son contenu, du moment que ce classement protège son impunité. Elle se sent protégée par le droit. Mais pour notre sous-France, ce classement est un mensonge, une "compromission", et c'est notre souffrance.

Emmanuel Cattier
 




 7 janvier 2009  De "Noires fureurs et blancs menteurs" au totalitarisme manipulateur français
 
Récapitulons...

Ruzibiza, qui se disait membre du commando qui a commis l'attentat du 6 avril 1994 contre Habyarimana, avait été entendu par le juge Bruguière en 2003 et était ressorti libre de son bureau. L'ordonnance Bruguière seraient " un montage des services français", selon le même Ruzibiza qui a depuis démenti ses témoignages. L'une des "dangereux terroristes" qui aurait commis l'attentat, selon Bruguière, arrêtée récemment en Allemagne et conduite en France, a été autorisée par la justice française à passer les fêtes en famille au Rwanda. Deux démographes de la commission européenne démontent l'énorme mensonge sur quatre millions de morts en RDC et qui permettaient à certain de qualifier Kagame de "plus grand criminel" des "chefs d'État en exercice"- ils comptent 183 000 morts... La France a foulé au pied, sur plusieurs points et constamment, le premier accord d'Arusha de juillet 1992 entre les belligérants rwandais avant le génocide....

 ... et la propagande française continue d'entretenir dans la presse " libre" que Pierre Péan est "un grand journaliste d'investigation" qui a soutenu valeureusement devant un tribunal aveuglé que "les Tutsi sont menteurs" et alors même que l'ancien président de l'association des étudiants juifs de France a comparé ce livre à Mein Kampf - il suffit hélas de remplacer "Tutsi" par "Juif" pour comprendre que le discours est le même !

Bonne année et souhaitons un peu plus de sens critique que Bécassine aux rédacteurs en chef des médias français qui se montrent souvent très péremptoires pour démentir la complicité de la France dans le génocide au Rwanda et accuser la propagande de Kagame de manipuler un "cabinet noir" en France !

Quand je vois en plus qu'un tribunal relaxe Pierre Péan pour son livre d'incitation à la haine raciale, qu'on envisage de supprimer le juge d'instruction sans libérer le parquet de la tutelle de l'exécutif, qu'on coupe les vivres de la télévision nationale, que les journalistes de l'AFP s'inquiètent de leur indépendance, que deux "activistes" d'extrême gauche sont maintenus en prison uniquement sur des soupçons et alors qu'il n'y a eu aucun blessé, ni aucun mort, dans ce qu'on leur reproche sans autres fondements que leurs écrits politiques, etc., .... je me dis qu'on glisse doucement et dans l'aveuglement le plus total vers un régime totalitaire. Il faudrait peut être se réveiller à temps !

Emmanuel Cattier
 


 1 décembre 2008  Ordonnance Bruguière contre des dirigeants rwandais
  La quasi certitude d'une forfaiture caractérisée , une arrestation injuste pour sauver les apparences de "l'honneur français", une justice qui semble être aux bottes de l'impunité des autorités françaises de la période 1990 à 1994, des citoyens français écoeurés par le mensonge évident à propos de l'indépendance de la justice française
 
 
Et pourtant rien ne prouve que le FPR ne serait pas auteur de l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda, comme rien ne prouve qu'il en serait l'auteur.

Une forfaiture caractérisée selon toutes vraisemblances parce que le juge Bruguière a eu recours à un faux témoignage qu'il aurait lui-même fabriqué et contraint son "auteur" Emmanuel Ruzigana à signer la version française de l'attentat, alors que le journaliste Ayad de Libération a constaté qu'il parlait très mal le Français et qu'il n'y avait pas de traducteur, que ce monsieur n'a jamais reconnu, même devant le juge, les propos qu'il lui attribue, que Bruguière l'aurait menacé de ne pas avoir d'autorisation d'asile après l'avoir fait venir dans son bureau dès son arrivée en France à Roissy. C'est une subornation de témoin caractérisée dont l'accuse Emmanuel Ruzigana.

Une forfaiture caractérisée parce que le juge Bruguière n'a pas fait d'enquête sur leterrain, ne déclare n'avoir que les bandes de la tour de contrôle de l'aéroport et desnuméros de missiles qui n'ont pas été tirés, selon l'enquête des députés français. Selonles députés français, ces numéros d'ailleurs furent fournis par le Colonel Bagosoraconsidéré comme étant le cerveau du génocide et autre auteur possible de l'attentat.C'est pourtant sur ces faits qu'il s'appuie pour déterminer les circonstances du crash etne dispose donc, selon son ordonnance, d'aucun élément matériel pour accuser le FPR d'enêtre l'auteur et encore moins pour accuser des personnes précises du FPR. Cesidentifications ne reposaient en effet que sur des témoins peu fiables, visiblementmanipulés par les services français et surtout qui tous les uns après les autrescontestent ce que le juge Bruguière leur fait dire.

Une forfaiture bouffonne qui plus est, car le principal témoin, Ruzibiza, affirmait avoirfait partie d'un fumeux "Network commando" qui aurait tiré sur l'avion. Cet hommes'accusait donc d'avoir participé à la mort de deux présidents de la République(rwandaise et burundaise), d'une dizaine de personnes, dont des responsables rwandais etles trois français de l'équipage de l'avion, et surtout déclenché un génocide qui a tuéun million de personnes. La bouffonnerie est ici : ce monsieur est ressorti libre dubureau du juge Bruguière après avoir signé sa déposition dont il dit aujourd'hui qu'il amenti et qu'elle est un montage des services français, ce qui le prouve d'ailleurs. Toutcela est complètement grotesque et injurieux à l'égard de la réputation de l'ensemble desmagistrats français. C'est une trahison du peuple français. C'est particulièrementscandaleux. Bien entendu Rose Kabuye, accusée par ce juge et arrêtée, est implicitementchargée d'expier cette bouffonnerie au mépris de ses droits élémentaires eu égard à ladéclaration des Droits de l'homme. Les magistrats qui ont pris la suite de Bruguière onttenté une demi-mesure en la laissant libre sous contrôle judiciaire, alors qu'elle estaccusée d'être une terroriste. Mais cela reste une injustice pour sauver les apparencesfrançaises.

Surtout, la forfaiture du juge Bruguière a été construite pour détourner l'attention des Français de la complicité de leurs autorités dans le génocide des Tutsi du Rwanda. Toute l'idéologie de cette construction repose sur une idée complexe : essayer de faire croire que le génocide serait la conséquence du seul attentat, qu'il n'aurait pas été planifié, que la communauté internationale aurait été manipulée pour cacher qu'il y aurait eu un contre-génocide pendant le génocide des Tutsi, que tout cela ne se serait déroulé qu'à partir de 1994.... parce que l'armée française aurait quitté le Rwanda le 15 décembre 1993.
C'est un énorme mensonge : devant les députés français le colonel de Saint-Quentin, français, a déclaré par écrit avoir été présent sur les lieux du crash à 20 h 45 le 6 avril 1994, soit 20 minutes après l'attentat. Une centaine de militaires Français étaient encore présents au Rwanda jusqu'au déclenchement du génocide en vertu des accords bilatéraux de coopération de 1975 entre la France et le Rwanda et de son dernier avenant d'août 1992. Seule l'opération Noroît avait quitté le Rwanda en décembre 1993 à la demande du FPR. Cette demande était exécutoire depuis mars 1991 date de l'accord de cessez-le-feu de N'Sele et renouvelée dans l'accord de cessez-le-feu d'Arusha 1 du 12 juillet 1992. La France a mis trois ans pour honorer le cessez-le-feu de N'Sele. Elle a de ce fait torpillé le premier accord d'Arusha, comme elle l'a aussi torpillé sur trois autres points, dont l'embargo sur les armes qu'elle n'a jamais respecté de mars 1991 jusqu'en juillet 1994 pendant le génocide. C'est un énorme scandale.

Qui sont les hommes qui ont exécuté la manipulation de l'information qui a préparé lasortie de l'ordonnance de Bruguière : Charles Onana "journaliste indépendant", StephenSmith journaliste du journal Le Monde, Pierre Péan "un grand journalisted'investigation", Claudine Vidal, Directrice de recherche honoraire au CNRS, en préfaçantle livre de Ruzibiza et André Guichaoua, universitaire et expert auprès du Tribunal pénalinternational pour le Rwanda, en le postfaçant. Tout cela était un énorme mensongeorganisé par des français. Tous ces gens là ont aussi en commun d'avoir exprimé desdiffamations plus ou moins explicites contre Survie et la Commission d'enquête citoyenne,car nous représentions en France quelques uns des principaux obstacles à cettemanipulation dont le but ultime est de disculper le France de toute complicité dans legénocide.
 
La justice française, si elle veut conquérir son indépendance, s'honorerait de mettre enexamen ces cinq personnes ainsi que le juge Bruguière et le "témoin" Ruzibiza pourdéterminer leurs responsabilités respectives et éventuellement les sanctionner.
 
Tous ces bricolages manipulateurs montrent qu'une certaine France attache une importanceparticulière à la falsification des événements liés à l'attentat du 6 avril 1994 auRwanda, comme à la complicité de la France dans le génocide des Tutsi.
 
Rappelons un événement jamais éclairci qui peut être lié à cet attentat selon lajournaliste belge Collette Braeckman, spécialiste de l'Afrique centrale au journal LeSoir : le conseiller de François Mitterrand, François de Grossouvre, a été retrouvé tuépar balle dans son bureau à l'Elysée le 7 avril 1994, soit le lendemain de l'attentat.Paul Barril affirme qu'il a été assassiné et dans un entretien avec les auteurs du film"Tuez-les-tous", affirme que François de Grossouvre était son intermédiaire entre lui etle Président de la République. Or Paul Barril est très impliqué dans les événements duRwanda. Cela fait beaucoup à éclaircir.
 
Mon attention sur l'éventuelle responsabilité de la France dans cet attentat est doncaussi alertée que sur sa complicité avérée dans le génocide des Tutsi.

 Emmanuel Cattier
 
 
 


  16 novembre 2008
 Ruzibiza a confirmé au micro de Libération son démentile
 18 novembre 2008 : il a tout inventé, le network commando n'a jamais existé.


 Témoin principal et fondement de son ordonnance, Ruzibiza a démenti ce qu'il a dit au juge Bruguière


 Sur une radio FM de Kigali, en Kyniarwanda, et selon des rwandais sur la BBC grands lacs en anglais, Vénuste Abdoul Ruzibiza a démenti son témoignage déposé au TPIR et devant le juge Bruguière. Nous avions déjà souligné le caractère peu fiable de ce personnage. Ce nouvel épisode ne fait que le confirmer.

Dans un forum de la revue Marianne le lecteur "Charly" insinue que Ruzibiza aurait menti parce qu'il est Tutsi.... C'est à la fois dérisoire et intéressant. Dérisoire parce que le mensonge n'a pas de frontière, on le trouve dans la bouche de Français comme dans celle de Rwandais. Intéressant quand on considère la séquence qui a précédé le dépôt de l'ordonnance Bruguière : Jacques Hoggard a publié son livre sur Turquoise en octobre 2005, Ruzibiza en novembre 2005, puis Péan quelques jours plus tard également en novembre 2005. Péan s'appuie entièrement sur Ruzibiza, Tutsi, pour sa démonstration que Kagame est auteur de l'attentat et associe à cette démonstration que les Tutsi sont menteurs. Sa thèse contient donc un échappatoire. Elle sera entièrement répétée dans l'ordonnance, exclusivement à charge, du Juge Bruguière en novembre 2006, ce qui est une méthode pour le moins contraire à la déontologie de la part d'un juge.
Les deux publications de Ruzibiza et Pierre Péan sont de toute évidence concertées.


  Pour ce qui est du fond de l'affaire de l'attentat, on ne sait toujours pas qui a abattu l'avion. Mais parcontre ce que l'on sait avec certitude, c'est que l'armée française, en la personne deGrégoire de Saint-Quentin et de ses hommes, étaient sur les lieux du crash dans la demi-heure qui a suivi, et sont revenus à trois ou quatre reprises les jours suivants. C'est écrit dans le rapport des députés français. Ils ont donc probablement fait desprélèvements immédiats pour l'enquête. Ils prétendent qu'ils n'ont fait que s'occuper descorps de l'équipage français.
Paul Barril a aussi revendiqué à la télévision d'avoir des pièces d'enquête de ce crash,dont la boite de noire de l'avion, et a toujours dit qu'au moment de l'attentat il étaitquelque part en Afrique sur une colline. Visiblement il s'amuse à brouiller les pistespar du vrai faux - faux vrai.

Ce que l'on sait également à la lecture de l'ordonnance de Bruguière, c'est que, mise à part les bandes d'enregistrement de la tour de contrôle de l'aéroport fournie par Barrilà Bruguière, ces pièces à conviction n'ont pas été utilisées par le juge Bruguière. C'est quand même bizarre. Au passage on s'aperçoit que les français présents à Kigali au momentde l'attentat n'ont négligé aucun indice, puisqu'ils sont même en possession des enregistrements de la tour de contrôle de l'aéroport.

Alors pourquoi ce refus de reconnaitre ce que tout le monde devine : les autorités françaises sont très probablement en possession d'indices matériels, concernant l'attentat., qu'elles cachent depuis 15 ans tout en accusant le FPR d'en être l'auteur sur la foi de témoignages que nous, à Survie, avons toujours analysés comme très douteux et d'une histoire de missile photographié mais dont les députés français ont montré qu'il s'agissait d'une manipulation organisée par Bagosora avec le relais de parlementaires français. (CF Rapport des députés français)

Mais nous considérons aussi à Survie, que même si les méthodes d'accusation contre le FPR sont douteuses, cela n'exclut pas qu'il soit éventuellement l'auteur de l'attentat. Par contre les indices, les faits, qui sont connus, et notamment le coup d'Etat de Bagosora dans les douze heures qui ont suivi, font pencher plutôt "l'intime conviction" que l'attentat aurait été commis par le noyau dur du régime Habyarimana, qui était soutenu par la France, et qui a immédiatement déclenché le génocide, en commençant en même temps, par l'élimination immédiate des démocrates hutu dont le premier ministre issu des accords d'Arusha, Agathe Uwilingiyimana.


 Il est également intéressant de remarquer que Pierre Péan prétend curieusement dans son livre qu'il a sauvé les enfants d'Agathe Uwilingiyimana en relation avec André Guichaoua.
Comment étaient-ils au courant que ces enfants étaient en danger à ce moment là ? Cet assassinat de leur mère a eu lieu à 500 mètres de l'Ambassade de France. Les enfants étaient avec elles quand elle a été attaquée par la garde présidentielle aux ordres de Bagosora. Cette attaque ne s'est pas déroulée en cinq minutes mais a duré un certain temps et a commencé par l'arrestation des dix casques bleus belges qui protégeaient le premier ministre et étaient en relation radio avec le QG de la Minuar.

Une autre question va immanquablement être posée, si Ruzibiza n'est pas le témoin qui règle ses comptes et se laisse dépasser par les événements comme nous le pensons. Est-ce que Ruzibiza n'a pas été envoyé par Kagame pour coincer les Français, montrer leur partialité et récupérer des informations sur leur enquête ? mais après tout ? On peut même envisager que le sachant Guichaoua, Péan et Bruguière auraient surenchéri pour coincer Kagame à son propre jeu... les théories du complot ne manquent jamais de motivations...

Voilà le genre de questions que nous nous posons à Survie et dans la Commission d'enquête citoyenne dont je fais partie, ainsi que d'autres citoyens français autour de nous. Nous sommes tous des militants bénévoles, passionnés certes, mais exigeants sur la rigueur de l'analyse des faits et extrêmement choqués par la façon dont la complicité française dans le génocide au Rwanda, qui pour nous est incontestable, est souvent encore niée dans les médias français en s'appuyant sur Pierre Péan et Ruzibiza. Il me semble utile de rappeler cela aux lecteurs de Marianne.

E.C.





 4 novembre 2008


 L'espoir doit rester raisonnable !


L'élection de Barack Obama est un geste de confiance pour l'humanité à un moment où elle en a tant besoin. Merci aux États-Uniens d'avoir su retrouver ce chemin. Avec la confiance retrouvée, beaucoup de choses peuvent se dénouer, à commencer par les conséquences désastreuses du coup d'état permanent des marionnettistes de Georges Bush. Ce sont eux les vrais perdants, mais on sait que ces criminels, à la religiosité alibi brandie comme un drapeau de fumée, ne reculeront devant rien, comme ils l'ont montré pendant 8 ans.

L'espoir est revenu avec une élégance rare. La grand-mère kenyane d'Obama a vu la victoire de son petit-fils. Sa grand-mère américaine, dont son grand-père lui expliquait qu'elle avait peur des mendiants noirs, s'est éteinte comme Moïse, au moment où son peuple allait entrer dans la terre promise, alors qu'il avait tant fait pour cela, comme elle pour que les États-Unis soient la terre promise de son petit-fils.

La réalité du monde est toujours la même, mais les tenants de la guerre à outrance ont pris un coup de raison dans le cerveau ! L'aigle américain n'est plus un drone machiavélique, mais redevient un animal naturel, dont la prédation est naturelle, qu'il va falloir apprivoiser. C'est une victoire mondiale contre l'extrême droite, à un moment où l'extrême capitalisme connait un échec cuisant. C'est une double victoire, la fin d'un chantage idéologique odieux qui n'a que trop duré, une grave leçon pour les "blancs menteurs", ces porteurs d'idéologies criminelles et de morts odieuses, ces démultiplicateurs de racismes.

Pour les américains si mystiques, le chiffre 4 devrait être une étoile exigeante : dans la Bible il est un signe de purification, de retour à Dieu1. Le 44ème président des États-Unis, élu le 4/11 - 40 ans après l'assassinat de Martin Luther King, a donc du pain sur la planche...

Good view and good luck Barack Hussein Obama, President of the United-States !

Emmanuel Cattier

1 40 ans dans le désert, 40 jours de jeûne, la croix, 4 évangiles, etc.




 19 octobre 2008
 Lire l'article de Monsieur Ménard dans Libération
Voir aussi Lettre à Alex ci-dessous
Ce n'est pas vrai Monsieur Ménard

 Robert Ménard, qui a sans doute était pressenti pour remplacer Pierre Péan, qui arrive largement à l'âge de la retraite, vient de quitter sa place de Président de Reporter sans frontières, pour exercer son activité à un autre poste, non encore défini officiellement. Un article dans Libération, paru le 17 octobre, commence pourtant à en donner le ton.
Il s'agit de défendre encore, non pas cette fois des journalistes soupçonnés de participation augénocide, mais un journaliste français accusé de diffamation dans des termes qui étaient ceux-là même qu'utilisaient les génocidaires rwandais. C'est donc particulièrement grave.


  J'ai donc pris mon plus beau clavier et j'ai rédigé un commentaire à l'article que j'ai eu du mal à faire passer sous mon nom. Voici ce commentaire :

Il s'agit de quatre pages du livre, plutôt d'une vingtaine de phrases, les plus remarquables prises parmi d'autres, qui ensemble tissent une thèse pour désigner les Tutsi comme des gens particulièrement menteurs. Ensuite cette thèse est utilisée tout au long du livre pour mieux faire passer les thèses françaises de Péan.

D'ailleurs il a semblé nécessaire de trouver des boucs émissaires blancs et équilibrer du même coup le titre par un 'blancs menteurs', soupçonnés de colporter les mensonges d'une race comme des 'idiots utiles', sans doute là pour donner l'impression de ne pas être raciste.

En réalité ce texte montre le manque de fondement de la thèse française sur le Rwanda, puisqu'elle doit passer par l'insulte et le racisme pour être présentée. C'est un livre hautement diffamatoire, dont je m'étonne qu'on en prenne la défense alors même que cet article est décoré d'un forum où 'Liberation.fr ne publie pas les messages racistes, diffamatoires ou appelant à la violence (et soignez votre orthographe, svp !).'

Enfin Monsieur Ménard, vous oubliez de nous dire qui est celui qui compare ce livre de Péan à Mein Kampf ... il s'agit vous le savez aussi de quelqu'un qui sait de quoi il parle : l'ancien président de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Benjamin Abtan.

Donc ce que vous dites Monsieur Ménard, pour défendre Monsieur Péan, manque singulièrement de fidélité aux faits. Est-ce vous diffamer que de le dire ou le corporatisme de votre profession aurait-il tous les droits et aucun devoir ?
C'est ce j'ai écris, deux fois, dans le forum de Libération. Ou plus exactement la première foisje l'avais signé de mon nom et titré "Encore un blanc mensonge". cela a été bloqué par le modérateur. J'ai envoyé un message de protestation... qui a été publié. J'ai donc réécrit à peu près le même message que j'ai signé par un pseudo : "le muselé utile"...Voir les commentaires de l'article.

Que Libération m'explique ce qui c'est passé ? il vont probablement dire que le message n'est jamais arrivé.... et basta ! Le problème c'est que ce n'est pas la première fois qu'un de mes messages envoyé en commentaire d'un article de Libération n'est pas diffusé.


 Emmanuel Cattier


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