9 septembre 2010
(complété les 10-11 septembre)
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Un éditorial
très stratégique du journal Le
Monde
Accusé
de génocide au Zaïre par un pré-rapport de l'ONU poussé sur la scène
médiatique
par le journal français Le Monde, le gouvernement rwandais
envisage de retirer tous ses soldats servant
au sein de la mission de
paix ONU/Union africaine (Minuad) au Darfour, et de la
Mission des Nations Unies au Soudan (Unmis), si ce rapport
est publié en l'état. Le Monde, présente ainsi l'attitude du Rwanda
dans son éditorial daté du 9 septembre 2010 sur son site internet
: "Quand le Rwanda soumet l'ONU au
chantage".
Le
Monde rappelle le génocide des Tutsi et souligne avec une certaine
insistance sa dimension exceptionnelle, puis reconnait que les
génocidaires se sont
enfuis avec leur famille au Zaïre. Il ne rappelle pas que ces
génocidaires en fuite, qui avaient emporté tous les attributs de l'État
Rwandais avec l'aide française de
l'opération militaire Turquoise, avaient reconstitué un État
génocidaire dans les camps, à tel point que des ONG comme Médecins sans
frontière, scandalisés et désarmés, avaient décidé de quitter les
camps du Zaïre à l'automne 1994. Le Monde ne rappelle pas non plus qu'à
partir des camps, qui contre toute légalité internationale furent
installés à moins de cinquante kilomètres des frontières du Rwanda, les
génocidaires ont attaqué sans relâche les villages rwandais frontaliers
de 1995 à 1997, y commettant de fréquents et nombreux "petits"
massacres et créant en plus un climat d'insécurité. Le Monde ne
rappelle pas non plus que le gouvernement rwandais a demandé à la
communauté internationale qu'elle intervienne pour faire cesser ces
incursions. Le Monde ne rappelle pas encore que la France au lieu
d'intervenir, a continué de former militairement certains de ces
génocidaires. Le Monde rappelle par contre que l'armée rwandaise a fini
par intervenir, mais, je le souligne,
dans un pays 90 fois plus vaste et 7 fois plus peuplé que le sien -
apparemment un défi au bon sens. Ces poursuites, de deux cent mille
(1/5) des réfugiés Hutu et de leurs familles, le noyau dur des
génocidaires, se sont soldées par des massacres et des vies perdues à
jamais en fuite dans les forêts inhospitalières, des crimes certes qui
vont bien au delà de l'objectif militaire. Il faut faire la lumière
dessus.
Mais fort de ses oublis partiaux, Le Monde affirme, on entend à nouveau
les bruits de bottes de l'État-major français derrière les mots, que
l'armée rwandaise a poursuivi des Hutu et donc qu'elle a voulu
exterminer les Hutu et donc aurait commis un génocide. Pourtant au
même moment, démantelant les camps au Zaïre, l'armée rwandaise a fait
rentrer au Rwanda 600 à 800 000 de ces Hutu, on se souvient des images
de ce retour massif à la télévision. Ce n'était donc vraiment pas la
manifestation d'une stratégie génocidaire. C'est bien en tant que
génocidaires qu'ils ont été tués et non en tant que Hutu, même s'ils
l'étaient aussi par la
conséquence même de leur extermination des Tutsi et de leurs
revendications identitaires.
Que le quotidien Le Monde veuille faire envisager qu'il y a eu
des actes de génocide, c'est une hypothèse qu'il a le droit de
poursuivre sur le fond. Mais qu'il le fasse en renversant les choses,
en dépeignant un tableau aussi oublieux et partial montre à l'évidence
qu'il mène une campagne, probablement pour mettre le Rwanda au pas des
généraux français. Le Monde mène une guerre de communication contre le
Rwanda prenant ses lecteurs en otage, dans les mailles d'un discours
qui ne respecte pas l'histoire, un discours insolent et péremptoire à
l'égard d'un pays "faible". Pour quelles raisons me direz-vous ? Parce
que les crimes de complicité de génocide, commis par les autorités
françaises au Rwanda, sont imprescriptibles et donc mettre le FPR dans
la catégorie des génocidaires est perçu comme facilitant la position
française devant les tribunaux. C'est en cela que cet éditorial est
très stratégique. Jean-Paul Gouteux avait souligné et mis en évidence
les implications du journal Le Monde dans la guerre médiatique
française contre le FPR avant et pendant le génocide des Tutsi. Le
Monde continue clairement aujourd'hui, après avoir été obligé
d'admettre, très tardivement, les évidences que nous avions mises en
exergue depuis 1993 sur l'implication de la France.
Alors il reste le "chantage du Rwanda".
Mais enfin quoi de plus logique
pour un pays accusé ainsi de génocide dans un pré-rapport, utilisé dans
une campagne internationale
menée à travers le journal Le Monde, de considérer, si on publie ce
rapport
en l'état, qu'il n'est plus crédible pour assurer son rôle dans la
conduite de la paix au Darfour ? On aimerait bien que l'État français
et son armée, qui ont commis tant de crimes de même nature en Afrique
que ceux dont ils chargent le Rwanda, en tirent les conséquences avec
la
même cohérence et fasse évacuer ses militaires d'Afrique. On y
gagnerait en esprit de responsabilité.
Je l'insère le 10 septembre, Jacques Morel 1 me fait
remarquer en ce qui concerne la "crédibilité
de l'ONU" invoquée en introduction dans l'éditorial du Monde,
que la France a violé l'article 6 de la
Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide,
adoptée à Paris en 1948, en n'arrêtant pas les auteurs du génocide
alors
que celui-ci avait été reconnu par la Commission des Droits de l'homme
de l'ONU le 28 juin 1994 et que, pour l'opération Turquoise, la France
disposait d'un mandat de l'ONU sous chapitre 7
pour y mettre fin. Cette crédibilité a volé en éclat avec le
retrait-réduction de
la Minuar en avril 1994, voté aussi par la France, et j'ajoute que la «
crédibilité
de l'ONU » était déjà morte avec l'opération Amaryllis, initiée
par un membre permanent de son Conseil de sécurité, selon le
rapport de son commandant 2. Ici, Le Monde défend une
crédibilité à sens unique de l'ONU, en fidèle porte-parole de la
domination occidentale.
Dans cette affaire le journal Le Monde n'est ni honnête, ni indépendant.
Emmanuel Cattier
Cf notre précédent édito ci-dessous
Notes
3 Annie Faure, médecin
humanitaire au Rwanda pendant le
génocide, membre de la CEC
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31 août 2010
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"Les
gouvernements clefs" sur l'Afrique des Grands lacs
L'ONU a fait
réalisé un rapport de 500 pages pour la RDC et de
80 pages pour le génocide des Tutsi au Rwanda - Voilà, à la louche,
l'échelle de prise en considération des événements dans les Grands Lacs
par l'ONU. La partialité de cette disproportion n'est
que l'arbre qui cache la forêt. Qu'on ne nous fasse pas dire ce que
nous ne disons pas : il est tout à fait souhaitable que ces enquêtes
soient faites.
Il n'y a donc pas eu de rapport d'enquête d'envergure
de l'ONU
sur les événements du Rwanda, mais uniquement un rapport d'enquête
diplomatique
sur les rouages internes de l'ONU à propos du génocide. Diplomatique,
mais qui pointe quand même au détour d'une phrase ce qu'il nomme "les gouvernements clefs"1,
ici concernant le Rwanda, mais en fait aussi le
Congo (par
ordre alphabétique Belgique, Etats-Unis, France). Ce rapport de
80 pages n'analyse pas les événements eux-mêmes comme le fait le
rapport-brouillon
sur la RDC. Donc ces rapports ne sont pas comparables,
car ils n'ont pas du tout la même approche, ni le même objectif. On
pourrait dire à contrario que d'une certaine manière le Tribunal Pénal
International pour le Rwanda remplace partiellement la lacune de ce
rapport d'enquête d'envergure pour le Rwanda.
En
ce qui concerne les enquêtes sur le
terrain, elles devraient aussi aborder le rôle des grandes puissances
et des multinationales, expliquer leurs relais sur le terrain et se
prolonger aussi éventuellement au plan judiciaire pour
ces acteurs. En tant que citoyens français, nous continuons d'être des
citoyens d'un état qui n'assume pas ses actes devant une justice
internationale trop lâche. La France est dans une grande mesure la
première
responsable de la dégradation de la situation de la région à partir de
1990,
situation qui était déjà inextricable avec la dictature absurde de
Mobutu et l'ethnisme anti-tutsi des républiques qui se voulaient Hutu
et interdisaient aux exilés Tutsi de rentrer dans leur pays.
La France est venue soutenir à partir de 1990 le nazisme qui
s'auto-nommera "Hutu power" et ce milieu fragile, violent et corrompu à
l'extrême s'est complètement effondré, entrainant le Rwanda puis
aussitôt le
Zaïre [futur RDC] dans un chaos, dont la France est pourtant
totalement
absente dans le pré-rapport... On ne la cite que dans les notes, par
des
organes de presse français et quelques initiatives européennes. C'est
tout. Enquête par conséquent extrêmement partiale quand on connait
l'implication française dans les grands lacs dans la période qui a
précédé cet effondrement, c'est à dire de 1990 à 1994. Faites une
expérience : recherchez les mots France et french dans le pré-rapport
sur la RDC et
vous comprendrez toute sa partialité. Même le mot "Turquoise" de
l'opération Turquoise de 1994 ne s'y trouve pas !!! Cette
opération s'est portant déroulée dans la période retenue pour
l'enquête et en partie sur le territoire du Zaïre où elle s'est occupé
du déplacement massif des génocidaires, de leurs familles et de
leurs otages idéologiques devenus boucliers humains... ensemble
futurs victimes soulignées par l'enquête onusienne qui va paraitre.
Ne cherchez pas, il n'y a rien
sur "les
gouvernements clefs".
C'est dans ce silence que se trouve la vérité.
Dans une interview de Libération du 28 août 2010, Monsieur Guichaoua
rappelle justement que le génocide des Tutsi et les excès criminels des
poursuites de génocidaires au Zaïre ne sont pas à mettre sur le même
plan... mais oublie de préciser que "si
le TPIR avait fait son travail", comme il dit, ce sont des
responsables français qui auraient aussi été jugés au TPIR et pas
seulement les responsables Hutu ou, comme il l'aurait souhaité, des
responsables du FPR. Ainsi le risque d'impunité serait vraiment levé...
ce qu'il dit souhaiter... mais évite dans les faits.
Cette justice internationale est à sens unique. Les pays occidentaux,
pourtant impliqués, en sont les manipulateurs de déviance. Cela se
retournera un jour contre eux... quand les pays du sud en auront marre
de subir passivement cette impunité "des
gouvernements clefs",
trafiquants d'armes, voleurs et terroriste en RDC comme au Rwanda,
complices des pires crimes de la région et particulièrement actifs dans
cette complicité en ce qui concerne la France à tel point qu'on se
demande parfois si elle n'est pas co-auteur du génocide des Tutsi
quand on scrute les documents.
E.C.
1 Bas de la page 51 du
rapport (version française) de l'ONU sur le génocide des Tutsi au Rwanda
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17 août 2010
Ntawukulilyayo : un appel face aux doutes
Midi libre 17 août 2010
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Un sous-préfet rwandais fait appel de sa
condamnation par le Tribunal
Pénal International pour le Rwanda
A propos d'un article du
Midi libre sur l'appel de Dominique Ntawukulilyayo extradé par la
justice française à Arusha.
Les habitants du Viguier, près de Carcassone en France, sont soutenus
par
leur journal régional pour que leur amitié pour ce Rwandais ne soit pas
déçue. L'assentiment des lecteurs de la presse régionale pèse dans la
survie des journaux. Mais au-delà, le comportement de ces "présumés
génocidaires" après le génocide ne montre-t-il pas qu'ils sont en fait
très
dépendants de leur environnement... génocidaires dans une ambiance
génocidaire et conviviaux dans une ambiance normale, avec en plus le
soucis, impératif pour leur défense contre des accusations
imprescriptibles, de se montrer sous leurs meilleurs jours ?
Comment
autant d'autorités locales, de notables, médecins,
professeurs, religieux, ingénieurs ont-ils pu se laisser convaincre de
laisser faire, participer, voire être moteurs dans cette perdition
humaine au Rwanda "consacré au Christ roi" ? Les médecins nazis
faisaient eux-aussi partie du
meilleurs corps médical au monde, dans un pays hautement chrétien,
celui qui avait obtenu le plus grand
nombre de prix Nobel de médecine à l'époque ...
Ntawukulilyayo était sous-préfet dans la seule préfecture qui a
tardé à basculer dans le génocide, celle de Butare. Cette préfecture a
vu le Président du gouvernement intérimaire se déplacer en personne
pour destituer le préfet, le faire assassiner et lancer un appel "au
travail". Le génocide commença immédiatement dans la préfecture de
Butare comme dans les autres préfectures. Les sous-préfets faisaient
partie de la chaine de l'Etat génocidaire. S'ils n'ont pas été limogés
ou assassinés, c'est qu'ils ont collaboré... même si face à la justice
la majorité des témoins sont morts ou complices ! La réalité de
l'histoire d'un génocide est par nature fragile devant la logique
juridique : la
plupart des témoins de l'accusation sont morts, ceux qui restent
étaient nécessairement très perturbés au moment des faits, d'où parfois
des incohérences dans leurs témoignages (confusion de dates, parfois il
s'agit d'erreur sur l'heure qui rend alors difficile la possibilité de
la présence d'un accusé au lieu étudié, confusions de lieux voire de
personnes, etc.)
Ici c'est un juge Turc qui balance sur la culpabilité de
Ntawukulilyayo... N'y a-t-il pas un écho culturel du négationnisme du
génocide des Arméniens par les Turcs dans cette hésitation ? Si tel est
le cas, les certitudes juridiques sur l'issue de l'appel
risquent d'être ténues face à d'autres juges.
Pour ceux qui sont
convaincus de la culpabilité de Ntawukulilyayo, qu'ils n'oublient pas
qu'un préfet, pourtant particulièrement actif pendant le
génocide, fut acquitté en appel par le TPIR. Dans sa préfecture
s'installa la ZHS française
de l'opération Turquoise... la France est un des principaux employeurs
du TPIR. Elle lutte très activement depuis 16 ans pour circonscrire les
préoccupations du TPIR et dédouaner les politiques et militaires
français, et leurs interlocuteurs rwandais du Hutu Power, de leurs
implications dans
ce génocide... et tenter de soumettre les responsables actuels du
Rwanda aux mêmes accusations que les génocidaires dont ils ont stoppé
les crimes avec des méthodes violentes, c'est à dire des méthodes
militaires.
E.C.
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9 juin 2010
Page spéciale de la CEC
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A propos de l'arrestation au Rwanda de l'avocat américain Peter Erlinder
Pour compléter le commentaire
sur le site de la CEC (Les
avocats ne sont pas au-dessus de la Convention pour la prévention et la
répression du crime de génocide):
Il est normal
qu'un pays entrave les droits civiques de toute personne qui ne rompt
pas avec une mouvance neo-génocidaire. C'est ce qui est fait (+ ou -)
en Europe
avec les mouvements néo-nazi. La difficulté au Rwanda vient de la
nature populaire du génocide des Tutsi. Il fut accompli par une
majorité relative, au sein d'une majorité silencieuse, que ses
successeurs voudraient réveiller aujourd'hui en justification
"démocratique" contre une "dictature" d'une minorité. Dans un contexte
mondial ayant la mémoire courte, cette situation est particulièrement
dangereuse pour le gouvernement rwandais et la décision d'arrêter
l'américain Peter Erlinder courageuse, quoiqu'on en pense, car les
Etats-Unis sont les principaux bailleurs de fonds du Rwanda.
La
situation politique du Rwanda serait grandement améliorée si les
candidats d'opposition rejetaient clairement le négationnisme du
génocide et toute allégeance vis-à-vis de ses initiateurs. Or il semble
que le seul but de l'opposition rwandaise depuis 16 ans soit de faire
passer Paul Kagame pour un criminel plus dangereux que ceux qui ont
accompli le génocide des Tutsi. Ce pari insensé s'inscrit dans la
propagande du "double génocide" qui voudrait rendre acceptable le
génocide des Tutsi. Les crimes du FPR *
sont connus mais mal cernés.
Par contre ils n'ont pas pris la dimension d'un génocide. Le Rwanda à
10 millions d'habitants aujourd'hui et si l'ancienne catégorie
Hutu ("85% de la population" selon les accusateurs) avaient été
exterminée cela se verrait ! Paul Kagame n'est pas un saint, c'est un
général qui prit le pouvoir avec des armes contre des génocidaires en
1994. C'est un acte "de légitime défense" selon les critères moraux de
nos démocraties occidentales, qui est qualifié de "crime" plus grave
qu'un génocide par ces génocidaires et leurs alliés.
La qualité d'une démocratie ne repose pas uniquement sur les vertus des
élus, mais aussi sur celles de leurs opposants. La démocratie rwandaise
a particulièrement besoin d'une opposition ayant une très grande
intégrité morale si elle veut s'enraciner. Mais dans l'état actuel des
choses nous allons assister à une élection présidentielle amputée d'une
opposition d'envergure car elle n'existe pas encore. Le FPR n'y aide
pas, c'est certain, mais les opposants non plus à cause de leur
inconséquence.
E.C.
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23 février 2010
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Monsieur le Président de la République,
Vous vous
rendez le 25 février 2010 à Kigali selon votre agenda publié sur le
site de la présidence française.
Le génocide a été commis contre les Tutsi par des Rwandais qui tenaient
les machettes, soutenus par d'autres Rwandais qui tenaient des armes et
par les Forces armées rwandaises, armées et conseillées par la France.
Les autorités françaises, dès 1990, ont organisé la défense du Rwanda
contre "les Tutsi", comme l'atteste de nombreux documents et
témoignages. C'est ensuite contre "les Tutsi" que le génocide a été
commis, avec des financements français, des facilités et conseils
diplomatiques français, des formations françaises, des assistances et
interventions militaires françaises, des armes fournies par la France
(y compris après l'embargo signé à N'Sele en mars 1991 et ses
renouvellements notamment à Arusha en juillet 92, puis pendant le
génocide en mai 1994 dans une résolution de l'ONU et ce jusqu'en
juillet 1994).
Ce fût toujours contre "les Tutsi" jusqu'à ce que, au sein de
l'opération Turquoise, quelques militaires des COS désobéirent aux
ordres français pour sauver 800 Tutsi à Bisesero le 30 juin 1994,
présenté alors par les état-majors français et rwandais comme un
"maquis Tutsi", malgré les informations qu'ils avaient.
Cette définition de l'ennemi Tutsi, concrètement constatées sur le
terrain, a été largement soutenue et promue par les autorités
françaises, politiques et militaires. C'est une complicité active,
d'une gravité exceptionnelle, dans le génocide des Tutsi au Rwanda.
Les autorités françaises que vous représentez doivent en être
pleinement conscientes lorsque vous vous adresserez aux Rwandais le 25
février prochain. Aucun de vos prédécesseurs n'a eu le courage de
l'assumer. Je souhaite vivement que vous soyez à la hauteur de la
situation ce jour là...
Emmanuel Cattier,
Membre de la Commission d'enquête citoyenne française sur l'implication
de la France dans le génocide des Tutsi
http://www.enquete-citoyenne-rwanda.org
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4 février 2010
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Marcher droit... pour entrer dans l'histoire
Ghandi face à
Mountbatten, De Gaulle et Adenauer*, Martin Luther King par son rêve
assassiné, Anouar El Sadate seul devant la Knesset, De Clerk,
Nelson Mandela et Desmond Tutu dans leur incroyable refus de la
fatalité... Schindler et son combat impossible au sein des Nazis...
avec ses employés ...
Aujourd'hui, à leur portée, Sarkozy et Kouchner ont décidé de marcher
vers Kagame au Rwanda. Ils ont décidé de changer le regard de la
diplomatie française sur le Rwanda, en tous cas suffisamment pour que
celui-ci les accueille à Kigali.
Plus
qu'une révolution, c'est une évolution déterminée. Une évolution
fragile contre les caciques de la vieille politique française, assez
imbéciles et ringards pour s'entêter et continuer, avec leur alliés
génocidaires, à tenter d'empêcher cette marche par des ratiocinations
aussi abracadabrantesques que grotesques.
Il y a du courage politique dans cette marche... mais le plus dur reste
à faire. Quand le Président de la France arrivera devant le Président
du Rwanda, le peuple rwandais incrédule observera la scène et seuls
quelques français la suivront. Il sera bien seul le Président des
Français.
Marcher droit, ce sera, à Kigali, finir par s'arrêter, regarder Kagame
droit dans les yeux et parler aux Rwandais. Que dira-t-il notre
Président ? Que "l'homme africain n'est pas encore entré dans
l'histoire" ou que la France souhaite entrer autrement dans l'histoire
du Rwanda ? Autrement qu'en soutenant un crime de génocide ? Autrement
qu'en aidant des Rwandais à sombrer dans le crime contre des Rwandais,
par d'improbables hypnoses stratégiques pourtant agissantes ...
Autrement ? Comment toucher le coeur des Rwandais avec des mots de
français, usés à la corde, reprisés, rafistolés ? Comment montrer
sincèrement qu'on assume cette "faute politique" et militaire et
diplomatique et financière et médiatique et surtout morale ?
Comment marcher droit ? Deux hommes face à face... avec deux stratégies
politiques... mais deux hommes et rien que deux hommes pour aider un
peu l'humanité à vivre un peu plus en paix, pour aider les militaires à
retrouver la raison face à la déraison d'État, pour aider les banquiers
à dérouler la logique de leurs chèques barrés, pour aider les juges à
dire ce que les enfants n'acceptent pas... pour aider les journalistes
à continuer de corriger les insanités trop nombreuses qui ont été
déversées dans les médias français depuis 20 ans à propos du Rwanda.
"Pour monsieur Mitterrand le génocide
s'inscrit dans une logique de guerre" (Le Monde 23 avril 1994).
Ça pue la logique calculatrice et c'est vrai... quand on laisse faire
et qu'on soutient ceux qui le font. Pour moi citoyen français, Monsieur
Sarkozy doit dire que le génocide des Tutsi s'est inscrit dans une
logique d'absence de morale, dont notre pays a été l'indigne
représentant par son armée, par ses banquiers, par ses diplomates, par
ses médias empêtrés et par ses hommes politiques de gauche comme de
droite.
Après cela il faudra rencontrer les rescapés, Monsieur le Président.
Car au bout de tout cela il y a ceux qui ont perdu, à cause de tant
d'indignités, la plus grande partie de leurs familles, de leurs
enfants, de leurs bébés, de leurs parents et grand-parents, de leurs
raisons de vivres. Vous serez un homme devant la souffrance des autres,
infligée par une politique d'extermination, de désignation
obsessionnelle de "l'ennemi" et de complicités objectives et même
parfois actives.
Mais il faudra aussi rencontrer les tueurs dans les prisons où ils
croupissent parce qu'on ne les a pas aidés à ne pas sombrer dans les
délires de nos alliés, parce que notre prestige aveugle et aveuglant
leur a donné l'idée fausse que leur crime était juste.
Et puis ensuite, quand l'essentiel aura été dit sur l'holocauste des
Tutsi, l'extermination de cette identité meurtrière des musungu1
par l'autre identité meurtrière des musungu, on pourra évoquer aussi
que ce génocide se déroula en marge d'une guerre, et que dans cette
guerre, des deux côtés - gouvernemental et FPR - des familles ont
souffert 2... presque toutes rwandaises, quelques unes
belges et d'autres françaises3, et toutes victimes de la
même bêtise humaine qui anime toutes les guerres, dont l'Occident est
la championne toutes catégories avec ses cinquante millions de morts de
la seconde guerre mondiale et dont Oradour-sur-Glane, Dresde et
Hiroshima nous donnent encore le vertige. Qui sont les plus barbares
quand on regarde les chiffres et les faits en face ?
Nicolas, il va falloir entrer dans l'histoire de l'Afrique avec Paul.
Emmanuel Cattier
1-Musungu désigne en Kinyarwanda, le blanc, le riche -
Ce concept "d'identité meurtrière" a été l'objet d'un colloque à Goma
en RDC en juin 2004 : les identités meurtrières avec le Pole
Institute de Goma
2-Ces morts de la guerre civile rwandaise ne sont pas à mettre sur le
même plan que ceux de l'holocauste des Tutsi qui lui a fait au moins un
million de morts. Ceux qui parlent de "double génocide", continuent de
considérer le génocide des Tutsi comme marginal et le confondent avec
la guerre civile. C'est une erreur factuelle grave et négationniste.
Mais inversement on ne peut pas ignorer que le FPR a fait la guerre et
que des familles Hutu et Tutsi ont été endeuillée dans cette guerre,
avant et pendant que les familles Tutsi étaient exterminées
méthodiquement. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a évalué
le nombre des victimes dus à la guerre conduite par le FPR de 25 000 à
45 000 entre avril et août 1994. (cf notre page sur les crimes du FPR).
3-Les
dix casques bleus belges peuvent aussi être
rangés dans les victimes du génocide dans la mesure où ils ont été
massacrés délibérément pour chasser les Belges du Rwanda et laisser la
voie libre aux génocidaires.
Pour les Français c'est plus ambigu et
peut être plus lourd de signification. Le récent rapport rwandais sur
l'attentat du 6
avril 1994 montre
que c'est du camp militaire de Kanombe qu'on a tiré sur l'avion
présidentiel pour
prendre le pouvoir et déclencher le génocide. Mais ce que le rapport
rwandais n'éclaire pas c'est le rôle complet des français dans cet
attentat qui a l'aspect typique d'un attentat françafricain. Le
comportement dissimulateur des autorités françaises dans cet
attentat renforce cette hypothèse. Dans ce cas les pilotes français
auraient été abattus avec le consentement des autorités françaises et
alors qu'elles n'ignoraient rien des intentions génocidaires de leurs
alliés. D'autre part en ce qui concerne les gendarmes français
spécialistes des écoutes, assassinés à Kigali juste après l'attentat,
ils pourraient aussi être rangés dans les victimes du génocide et avoir
été tués pour les empêcher de témoigner de l'identité de ceux qui
seraient les auteurs de l'attentat selon leurs écoutes. La mort par
balle de
François de Grossouvre, à l'Élysée le lendemain, est souvent citée
comme liée à cet attentat. Il serait vraisemblable qu'il aurait été
opposé
à cette option terroriste. Cet événement n'est pas éclairé par le
rapport rwandais.
*Pendant
6 jours, le nom d'Eisenhower est resté là à la
place d'Adenauer, lapsus de l'auteur, sans que personne ne réagisse...
l'auteur s'est réveillé le 10 février en se rendant enfin compte de ce
lapsus qui bizarrement le chiffonnait sans qu'il trouve pourquoi !
Alors,
de nombreuses choses l'une : ou personne ne lit ces éditoriaux ou le
"page
rank" de 40 % que Google attribue à ce site est du vent ou les
lecteurs ne sont pas plus réveillés que l'auteur quand il a écrit ces
lignes dans la nuit du 4 au 5 février ou ils préfèrent laisser l'erreur
ou ils ont la flemme de la signaler ou ils ont peur de paraitre
ridicule en la signalant ou le texte n'est pas assez clair ! N'hésitez
pas à me signaler une autre hypothèse...
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18 novembre 2009
Sud-Ouest 17 novembre 2009
- Interview de Jean-Pierre Chrétien
"Le mot rwandais « ubwenge » (employé par les Hutus
comme par les Tutsis) est traduit, dans les dictionnaires, par «
intelligence, habileté, sagesse, finesse, instruction ». Il existe
d'autres mots pour désigner le « mensonge ». L'argument
pseudo-culturel, repris effectivement par Pierre Péan pour imputer aux
Tutsis une « culture du mensonge », est un cliché colonial, ressassé en
général contre les « indigènes ». Au Rwanda, il a nourri le discours
racial officiel opposant « Hamito-Sémites » tutsis et « Nègres » hutus.
Ce stéréotype d'un autre âge sert aujourd'hui à récuser les témoignages
des rescapés du génocide."
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Pierre Péan acquitté
Les propos de Pierre Péan
sont considérés comme licites par la Cour d'Appel de Paris. Cela
signifie que la justice française n'aurait pas condamné la radio des
mille collines pour ses propos racistes qui accompagnaient les appels
aux tueries, et qui auraient donc relevé de la liberté d'expression,
mais seulement, peut être, pour ses appels aux tueries.
Mais
nous savions déjà que l'armée française n'avait pas fait taire cette
radio pendant l'opération Turquoise, alors qu'elle émettait dans sa
zone, et il n'y a aucune raison sociologique que les juristes, qui
appliquent les lois de la République, aient plus de sens citoyen que
les autres composantes de la République. Les Tutsi sont morts de
l'indifférence de la "communauté internationale". Cette décision
confirme que cette indifférence est bien enracinée dans la culture et
les pratiques culturelles des pôles dirigeants français, ce que nous
avions déjà observé.
E.C. 18 novembre 2009 - 15 h 30
Voir aussi
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8 octobre 2009
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Dossier Noir de
Survie n°23 : Que fait l'armée française en Afrique?
Que
fait l'armée française en Afrique ? Et de quel droit s'y trouve-t-elle
encore aujourd'hui ? Si l'on en croit les discours officiels, elle n'y
aurait plus depuis longtemps que des missions humanitaires et de
maintien de la paix. La page du néocolonialisme et de la Françafrique
aurait été tournée en même temps que finissait la guerre froide. Ce Dossier
noir examine, à travers de nombreux exemples concrets, la réalité
de cette présence depuis deux décennies.(...)
Sortie le
23 octobre 2009
Vous pouvez le commander directement auprès de
Matthieu Vanpeene :
matthieu.vanpeene(a)survie.org ou auprès du groupe local le plus
proche de chez vous. Edition Agone, 480 pages, 18 ¤.
>>> Lire la suite sur le site de Survie France
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3 août 2009
- Au Rwanda, le Tutsi est menteur et la femme Tutsi est
une espionne, explique Pierre Péan
- Condamnation requise en appel pour Pierre Péan
Le nouvel Obs 11 septembre 2009
- Pierre Péan en appel pour le Rwanda
Libération 11 septembre 2009
- Dossier Péan dans La Nuit rwandaise N°3
- Procès Péan : le discours de la méthode
-
Le Soir 9 septembre 2009
Deux rapporteurs, l'un belge et l'autre français (Brana et Destexhe), des deux
rapports parlementaires belges et français, ont écrit un texte ensemble
pour dénoncer la légèreté de l'enquête de Pierre Péan et sa reprise du
discours des génocidaires
Extraits : "Tout d'abord, la
logique qui structure Noires
fureurs, blancs menteurs , qui
veut rendre les victimes du génocide, les Tutsis, responsables de ce
génocide, est non seulement fausse, non seulement infâmante pour les
victimes, mais également en totale contradiction avec toutes les études
sérieuses et les conclusions des travaux longs, précis, complexes, de
la Mission d'information du Parlement français et de la Commission
d'enquête du Sénat belge." [...] "Pierre Péan adopte une grille de
lecture faite de fantasmes et de clichés racistes. Notre travail au
sein des Commissions parlementaires de Belgique et de France est formel
: ces citations font écho à la grille de lecture raciste qui a
structuré la pensée et permis le passage à l'acte des génocidaires,
faisant plus de 800.000 victimes entre avril et juillet 1994."
AFP 9 septembre 2009
- Elie Wiesel :
"Moralement déplorable et historiquement regrettable"
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NouvelObs 9 septembre 2009
- Le
négationnisme français
- Pierre
Péan et Claude Durand au tribunal correctionnel
- De la culture du mensonge, au Rwanda et ailleurs
- Protocoles
des sages de Sion
- Le mythe hamite
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Pierre Péan jugé en appel pour "diffamation raciale et incitation à la
haine raciale"
Début septembre (9-10
septembre) Pierre Péan sera devant la Cour d'Appel de Paris pour "diffamation raciale et incitation à la
haine raciale", sur plainte de SOS racisme et d'Ibuka contre les
propos de son livre " Noires
fureurs, blancs menteurs". Si, malgré l'avis de la procureure,
Anne de Fontette1, Pierre Péan a été acquitté en première
instance, ses propos sur les Tutsi, sont la copie conforme de ceux que
le Hutu power a utilisés dans ses médias pour déclencher et entrainer
la population rwandaise dans le génocide. Rappelons à ce sujet le
"procès des médias de la haine" au Tribunal pénal international pour le
Rwanda et le livre Les médias du
génocide (Karthala) dirigé par Jean-Pierre Chrétien à la demande
de l'UNESCO.
Benjamin Abtan, ancien Président des étudiants juifs de France, cité
comme témoin, avait quant à lui fait une comparaison édifiante entre le
texte de Péan et celui de Mein Kampf
de Hitler... il suffisait de remplacer "Tutsi" par "Juif" dans le livre
de Péan et réciproquement dans l'autre livre... Pierre Péan avait
craqué en plein procès, mais n'avait pas réussi à vraiment pleurer
selon les témoins2. Comédie ou prise de conscience ?
La France
semble pusillanime pour dénoncer les visions ethnistes sur le Rwanda et
les discours qui entretiennent la haine raciale entre Hutu et Tutsi.
C'est simple, on s'en fiche, on ne voit pas le problème ou, plutôt,
l'approfondir obligerait à prendre en compte la complicité française
dans le génocide. On referme prudemment la boite... Védrine y encourage
systématiquement en arguant de notre fanatisme marginal.
Une relecture des journaux à la parution du livre de Péan montre
pourtant que la presse ne s'y est pas trompée. C'est un livre
scandaleux qui a été reçu comme tel par la majorité des journalistes.
Alors pourquoi le procès de première instance contre Péan a-t-il été un
tel échec ? Cet échec est attribuable d'une part à la mauvaise qualité
de la défense contre les accusations du livre de Péan et d'autre part à
l'imbroglio des relations entre SOS racisme et les acteurs du procès.
On sait que SOS racisme copine étroitement avec Julien Dray, un
mitterrandien incontestable et peu enclin à dénoncer la France en 1994,
actuellement impliqué avec l'association dans une affaire judiciaire
très médiatisée. Est-ce finalement un hasard temporel ? Rien n'interdit
de se poser la question quand on connait les capacités manipulatrices
de nos services. Pour pimenter le tout, Pierre Péan lui même a parrainé
SOS racisme et défend ardemment François Mitterrand, son staff élyséen
et l'armée contre des accusations de complicités dans le génocide des
Tutsi. Mais, selon un témoignage que j'ai entendu de la bouche de Fodé
Sylla, ancien président de SOS racisme, lors d'un débat dans une
conférence au Parlement européen de Strasbourg en 2004, il serait allé
avec des responsables de cette association au Rwanda en plein génocide
contre l'avis des Mitterrandiens qui leur dépeignaient alors, plus
grave que le génocide en cours (!), un Kagame "Khmer noir" et
infréquentable, qui à l'époque était pourtant le seul à combattre
concrètement les génocidaires. Fodé Sylla n'a pas toujours fait preuve
ensuite d'indépendance d'esprit en matière de Françafrique, mais son
témoignage est recevable car une de mes connaissances l'a rencontré en
juin 1994 à la frontière ougando-rwandaise 3.
Dominique Sopo, président actuel de SOS racisme, fait-il preuve d'une
belle indépendance d'esprit... ou les socialistes mitterrandiens se
servent-ils de lui pour tenter de tuer toute critique de Pierre Péan,
et de la complicité de la France dans le génocide des Tutsi, par un
procès embrouillé ? La plus
grande erreur, très tentante, serait d'enfoncer ce procès dans les
errances de Pierre Péan et du juge Bruguière sur le sujet de l'attentat
contre Habyarimana. Ce serait tentant, car c'est aussi un des
sujets du livre et car l'actualité récente a montré à quel point cette
affaire avait été montée de toute pièce par le juge Bruguière et
popularisée par Onana, Smith et Péan. Les principaux témoins, et
notamment le principal, Ruzibiza, a raconté comment son témoignage a
été fabriqué par les services français et sa complaisance et l'a
maintenant clairement démenti. Le deuxième témoin Ruzigana, qui ne
parle pas français, a implicitement accusé Bruguière de forfaiture en
affirmant, dès le lendemain de la publication de son ordonnance, que le
juge a écrit le contraire de ce dont il témoignait. Le principal
traducteur de Bruguière est de la mouvance des génocidaires 4.
C'est donc tentant de s'enfoncer dans ce boulevard contre Péan, mais ce
n'est pas le sujet. 5
Non le sujet est beaucoup plus grave que le problème de l'attentat.
C'est l'objet de la plainte : "diffamation raciale
et incitation à la haine raciale". Et tant qu'à faire des efforts
pour cerner le sujet, il ne s'agit pas d'abord de l'antisémitisme, mais
de la haine contre les Tutsi. Si l'on peut faire un parallèle avec la
haine des Juifs, cela ne doit rester qu'un parallèle, quelle que soit
sa pertinence. L'essentiel est ce qui a conduit au génocide de 1994 et
qui est repris sans critique et sans vergogne par Pierre Péan dans son
livre incriminé.
Ce qui est en cause c'est son astuce rédactionnelle qui consiste a
reprendre, sans les relativiser, les propos racistes de personnalités
très contestables. Il les présente comme crédibles alors que leurs
propos sont scandaleux d'une part et que d'autre part une bonne
connaissance du Rwanda et des personnes citées montre toute l'absurdité
de cette thèse. Pierre Péan évite de faire un parralèle entre ces
propos scandaleux et ceux des génocidaires... L'important pour lui est
l'agencement de sa rafale médiatique par la juxtaposition astucieuse de
propos importés, pour les seuls besoins de justifier l'engagement
français mais qui, sans aucun scrupule, réhabilitent au passage
l'idéologie du génocide. C'est absolument inacceptable...
Rares sont les avocats qui ont une vraie connaissance des événements du
Rwanda. Il est dommage aussi qu'en premier instance ils n'aient pas
exigé du Président qu'il recentre les débats. Pour donner du corps à
cette plainte je vous laisse lire ci dessous le blog de Kagatama,
rescapée rwandaise vivant en Europe. Elle a écrit ce texte un mois
avant le procès de premier instance. Ne pas comprendre cette analyse du
livre de Péan par Kagatama conduirait à l'indifférence à la haine
raciale... et contribuerait à l'acquittement de Pierrre Péan, ce qui
serait particulièrement scandaleux.
Emmanuel Cattier
1 « On peut écrire sur le Rwanda. On peut écrire
toute chose, mais pas n'importe quoi ni n'importe comment » Anne
de Fontette, procureur. LIre aussi
3 Un lecteur me signale l'article collectif "Rwanda: La bataille de la vie" (dans
Le Monde du 6 juillet 1994, p. 2.) d'Harlem Désir, Didier Lecomte,
Claude Soussi, Fodé Sylla. Extrait :
"Ainsi, depuis 1990 au moins, dans un Etat d'Afrique,
les meurtriers de civils et d'enfants sont restés impunis. La France a
apporté son matériel et son savoir-faire pour équiper et entraîner
l'armée rwandaise. Que les casernes fussent aussi les lieux
d'entraînement et d'endoctrinement des milices n'était pas son
problème. Mais quel pouvait bien être le sens du soutien apporté par
notre pays à ce régime ? Quelle mission a accomplie le pays des droits
de l'homme en sauvant en 1990, avec quelques hélicoptères armés de
roquettes, une dictature "génocidaire " ? Comment a-t-on pu feindre
d'ignorer les rapports accablants d'organisations internationales de
défense des droits de l'homme sur les massacres de masse organisés ces
dernières années par les autorités rwandaises ? Où étions-nous ensuite,
pendant ces terribles journées d'avril dernier, quand tout a basculé ?
Nous sommes partis, laissant les civils aux mains des purificateurs
ethniques.
Aujourd'hui, l'armée française revient. Sa présence ne
peut être qu'incomprise, suscitant méfiance d'un côté et enthousiasme
ambigu de l'autre, chez ceux qui saluent son arrivée comme celle des "
Hutus blancs " et croient revenu le temps du soutien à leurs exactions.
Pendant ce temps, la Mission des Nations unies pour l'assistance au
Rwanda ne dispose que de treize véhicules blindés, dont trois seulement
en ordre de marche, capables de transporter des troupes, des réfugiés
ou des blessés en sécurité. En tant que membre du Conseil de sécurité,
n'avions-nous pas d'abord le devoir de donner au général Dallaire le
matériel et le mandat nécessaires à l'accomplissement de sa mission de
protection des populations civiles ?"
4 Fabien Singaye, gendre de Félicien Kabuga recherché
par le TPIR, reconnait être traducteur du Juge Bruguière, mais, selon
lui, il n'aurait pas traduit les propos des principaux témoins qui se
sont rétractés, Ruzibiza et Ruzigana. (Cf Le Soir du 9 juillet 2009)
5 Depuis la publication de cet article un nouveau
"témoin de Bruguière" a contredit l'interprétation de ses propos par
Bruguière :
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7 avril
2009
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Ibuka !
Souvenons-nous de la
souffrance des Tutsi. Et nous citoyens français, souvenons-nous que
notre pays fut un soutien essentiel de ce génocide parla faute de nos
autorités politiques, diplomatiques, économiques et militaires. Une
faute del'État français, soigneusement cachée aux citoyens. Patrick de
Saint -Exupéry, journaliste dontles articles dans Le Figaro furent
essentiels à la prise de conscience citoyenne, vient derééditer
"l'inavouable" sous un nouveau titre, "Complices de l'inavouable", qui
désigne sur sacouverture le nom de complices français. Un long
avant-propos commente certains passages du livreet des évolutions
survenues depuis la première édition.
Nous attendons avec intérêt de savoir si les complices ainsi
désignés vont avoir le courage de seplaindre en diffamation. Ils ne
peuvent pas faire autrement... il y aura donc un procès quipourra enfin
faire avancer les choses...
Citoyens
européens, souvenons nous de la Shoah, dont la genèse
intellectuelle fut européenne et non spécifiquementallemande.
Le brain storming européen du dix-neuvième siècle sur la "raciologie"
fut le berceaudu nazisme et du hutu-power. En effet la culture
européenne a aussi dicté la lecture raciale,ethniste, de la société
rwandaise, tordant au début du XX ième siècle
desstructurations qui étaient seulement sociales : les Hutu, les
Tutsi et les Twa n'étaient que descatégories socio-professionnelles.
Tout ce que l'on a brodé autour, fût bien souvent des torsionspour
justifier une théorie de l'histoire de l'Afrique, dont on n'a pas la
preuve scientifique,par des fouilles archéologiques, par l'étude de la
langue rwandaise, ou par d'autres moyensd'investigation. Sans doute le
Rwanda a-t-il connu des échanges de populations avec les
régionsvoisines, mais dans quel sens, à quelles époques et lesquels ?
Les "savants" européens du XiX siècles ont imposé des hypothèses comme
des vérités, Lesmissionnaires et les colonisateurs s'y sont laissés
enfermer quand ils n'en étaient pasles promoteurs. Plus d'un
million de Tutsi en sont morts en 100 jours quelques décennies
plustard.
Des Rwandais avides de pouvoirs et de revanches sur les méthodes de
colonisation, chaperonnés parl'Église catholique, où se mélangèrent
pêle-mêle mauvais inspirateurs, apprentis sorciers auservice de l'État
belge et paternalisme aveugle, ont préféré stigmatiser une minorité
plutôtque de dénoncer le véritable ennemi du Rwanda : le
colonisateur. Ce sont des Rwandais qui ontdéclenché le génocide 30 ans
plus tard, c'est clair, mais nous, européens, les avons gavés
demensonges et d'à priori coloniaux introjetés dans la culture
rwandaise, comme dans notre propreculture.
Citoyens européens souvenons-nous de nos erreurs, de nos fautes, de
notre responsabilité àl'égard des Rwandais. Nous ne les avons jamais
véritablement aidés... Nous les avons entrainésdans nos propres
errements.
Emmanuel Cattier
lire aussi : mon intervention à Berlin pour la CEC
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5 avril 2009
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La chorégrahie
politique entre deux rives et la lâcheté exécutive sur les trottoirs
Ce qui s'est passé samedi
matin à Strasbourg me plonge dans une division intérieure grave. Certes
c'est un problème personnel et le psychanalyste Jung expliquait que la
névrose serait une tentative de solution personnelle d'un problème
collectif. Tant pis.
J'ai
été très sensible à ce symbole du Président français marchant, entre la
France et l'Allemagne, vers ses homologues del'OTAN et revenant avec
eux pour les amener chez nous à pied, sous les fumées bleus et
blanchesde la patrouille de France. On voyait des chef d'États et de
gouvernements détendus qui marchaient ensemble... à part le trublion de
la botte qui a voulu montrer à son électorat, qui aime ses bravitudes,
qu'il s'en fout. Mais il n'y avait aucun strasbourgeois sur place, que
la télé ! C'est nul !
Et puis nos chefs s'entendent pour faire vivre une alliance militaire
contre personne depuis lachute du communisme puis contre le terrorisme
depuis le "11 septembre". La chorégraphie neva-t-elle pas virer à des
désastres ?
J'entendais depuis chez moi les "pimpons" qui s'excitaient dans les
rues de Strasbourg. Le"cirque sécuritaire". La chorégraphie politique a
demandé toute la scène à Strasbourg. Leprésident français pourra-t-il
reprocher aux Français, comme il l'a fait aux Africains, de ne pasêtre
entrés dans l'histoire ?
Peut-on espérer des éclaircissements de la part d'Obama en Turquie
demain ? Va-t-il sortirl'occident de l'enfermement dans lequel il fut
enfermé à double tour par son prédécesseur ? Après la chorégraphie
sarkozienne, ce sera l'heure du funambule tendu entre les extrémismes
de deuxcivilisations...
Mais le pire ce sont les infos qui me parviennent de la ville. On a
empêché les manifestants desuivre le trajet convenu avec une très
grande mauvaise foi. On dit oui avant, on dit non ensuite.On voit
arriver un groupe de plusieurs milliers de manifestants. On leur
propose de les laisserpasser... puis on les morcelle, puis on les
refoule. Bref une stratégie du mensonge permanant de la part des
autorités.
Qu'est-ce que cela veut dire...? il n'y avait personne sur les
trottoirs pour acclamer Obama...ou Sarkozy... les Strabourgeois se
sentaient dépossédés de leur ville. Ils ne sont pas sortis.Sarkozy
veut-il une société désertique ? Qu'est ce que c'est que ces dirigeants
qui ne se sentent à l'aise que loin des foules ? Des trouillards ?
EC
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30 mars 2009
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Strasbourg KO !
L'OTAN est une machine de
guerre. les Strasbourgeois peuvent en témoigner. Seule différence avec
la guerre, le théâtre des opérations a donné le programme. Les
spectateurs vont être bloqués à Strasbourg pour que les exécutifs
puissent s'exécuter. Le paon va sortir ses plumes.... les
Strasbourgeois, sans doute aveuglés, ne verront que des barrières
métalliques, des flics à tous les coins de rue - ils sont déjà là
faisant "pimpon" au moindre papillon qui s'aventure, traversant la
ville comme dans les films à deux fois la vitesse autorisée avec des
charrettes poussives et surchargées qui vrombissent comme des alambics,
de vrais veaux de ville américains. Eux aussi ils s'y croient. Ils me
font penser à mon fils, qui a six ans, quand il s'empare de l'épée de
chevalier qu'il s'est fabriquée avec un manche à balais. Et
impossibilité d'aller chez son médecin ou son dentiste. Le mien est à
50 mètres du Palais de la musique, je n'ai pas intérêt à avoir une
rage de dents ces-jours là !
Quelle
mouche a donc piqué cette trentaine de chefs d'état à vouloir se réunir
au nom d'une simple alliance militaire contre un ennemi terrassé depuis
20 ans et dont les képis immaculés auraient largement suffit pour
l'atterrissage des drones ? A quoi jouent-t-ils ? A quoi se la
jouent-ils ? Au delà de cette paranoïa sécuritaire aggravée, on se
demande où est passée la démocratie. S'imaginent-ils que les foyers
talibans vont être impressionnés par un tel raout ? Ces talibans
ont-ils seulement la télé pour se laisser impressionner ? En fait ils
font plaisir aux militaires... C'est le bonus des militaires !
Pour nous, la preuve est
faite : partout où les exécutifs s'en mêlent, c'est souvent le blocage.
Ils sont d'une incompétence caractérisée.
Le plus étrange sera le
contre-sommet : il rassemble tous ceux qui se sont réjouis de
l'inespéré, l'élection d'Obama qui vient en Alsace dont il est
originaire par un de ses aïeuls. Comme première visite de famille ce
n'est pas très malin. Les contre-citoyens vont faire le vrai spectacle,
puisque le théâtre des opérations, pas très honnête, n'a rien prévu
pour les Strasbourgeois, si ce n'est d'être spectateurs de leur blocage
*. En espérant que cela ne soit pas l'occasion de dérapages
dramatiques.
Oh temps suspends ton vol et
prends ton drone ailleurs !
Emmanuel Cattier
* Des militants de Survie Bas-Rhin vont participer au
contre-sommet
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7 mars 2009 |
Congo-Rwanda,
premier coup diplomatique d'envergure del'équipe Obama
Un
article majeur de Collette Braeckman, nous donne enfin une ouverture
sur les retournementsponctuels qu'on observe à propos des Grands lacs
africains depuis quelques semaines.
Dès avant sa prise de fonction, Obama et son équipe, ont changé la
donne entre le Rwanda, la RDCet l'Ouganda.
Lisez
Collette Braeckman, Congo-Rwanda:
le premier succèsdiplomatique de Barack Obama :
"Avec effusion,
des officiers congolais prennent congé de James Kabarebe, le chef
d'état major rwandais, hier encore considéré comme l'ennemi numero un.
Des journalistes rwandais invités à Goma fraternisent avec leurs
collègues congolais. Les deux pays vont échanger des ambassadeurs,
normaliser leurs relations. Et surtout, le Rwanda garde en détention
Laurent Nkunda, séquestré dans une résidence de Gisenyi, tandis que les
Congolais assurent aux combattants hutus qui campent sur leur
territoire depuis quinze ans que « le temps de l'hospitalité est
terminé » et qu'ils sont bien résolus à les forcer au retour. Même si
les opérations ne sont pas terminées, 1300 combattants et 4000 civils
ont déjà été rapatriés au Rwanda et chaque jour le HCR enregistre de
nouveaux candidats au retour."
"Ce virage à 180 degrés,
qui permet enfin d'espérer le retour de la paix dans les Grands Lacs,
n'a pas fini de surprendre les Européens et il passera peut-être à
l'histoire comme le premier succès diplomatique de Barack Obama.
En juillet 2008, les signes annonciateurs d'une
nouvelle guerre se multiplient : les hommes de Nkunda se sont retirés
du processus de paix, à Kinshasa les Tutsis dénoncent l'exclusion dont
ils seraient victimes. Une délégation de la société civile congolaise
décide alors de se rendre à Washington et de tirer les leçons de
l'échec patent des processus en cours : la « tripartite plus », la «
facilitation internationale », la conférence sur la sécurité dans la
région des Grands Lacs.
Prenant la température politique des Etats Unis, où les
chances de succès d'Obama augmentent, les Congolais prennent alors
contact avec le staff du candidat démocrate. Bientôt rejoints par Mgr
Maroy, l'archevèque de Bukavu, ils s'entretiennent longuement avec un
certain Emmanuel Rahm, qui deviendra chef de campagne puis directeur de
cabinet d'Obama, avec John Swain, ancien conseiller politique à
l'Ambassade US de Kinshasa, chargé des affaires africaines au
Département d'Etat, avec un représentant de l'USAID, sans oublier
Howard Wolpe, ancien envoyé spécial de Bill Clinton pour les Grands
Lacs. Les représentants de la société civile dénoncent les violences
faites aux femmes, la reprise de la guerre qui semble imminente, ils
soulignent le pillage des ressources et rappellent que le site de
Walikale ne contient pas seulement du coltan, mais qu'on y trouve aussi
de l'uranium tandis que la mine de Lueshe contient d'importants
gisements de niobium, qu'on appelle aussi « pyrochrore ». Ils
soulignent la menace que représenterait une « somalisation » de l'Est
du Congo, qui pourrait tomber aux mains d'intérêts mafieux et relèvent
que lors de plusieurs interviews, et notamment dans le documentaire de
Patrick Forestier : « du sang dans nos portables », sorti en décembre
2007, Laurent Nkunda a déclaré « j'ai des Arabes avec moi ».
Surpris, les Congolais découvrent des interlocuteurs
très informés. Emmanuel Rahm leur rappelle que le sénateur Obama, qui
suit de près la question déjà envoyé quatre documents au Sénat
américain à propos du Congo et adressé une lettre à Condolezza Rice sur
la question de la guerre et des violences sexuelles dans ce pays."
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5 février 2009 Ce que j'ai vu au Rwanda
"Dans son dernier
ouvrage, le Monde selon K., Pierre Péan me cite à plusieurs reprises.
Je tiensà préciser ici qu'il le fait de manière totalement erronée.
S'il ne s'agissait pas de faits aussigraves (le génocide des Tutsis du
Rwanda de 1994), je me serais abstenu de le
releverpubliquement." Jean-Christophe Klotz - Libération14/04/2009
A propos de Bernard Kouchner surnotre site
Le Monde selonP. : Puant !
Billets d'Afrique et d'ailleurs
n° 178 mars 2009
La
réponse masquée de Péan à Gouteux... toujours le Rwanda,
contrepression sur Colombani.Cliquez sur une couverture pour comparer
les titres et sous-titres.
2000
février 2003
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La guerre
psychologique existe...
Quand j'entends Kouchner
dire "C'est tout de même
extraordinaire qu'il ait rencontré tant de gens sauf moi" Vous trouvez
cela normal ? C'est un livre entièrement à charge mais sans le début
d'une preuve contre moi.", je peux attester que de la même
manière Péan a écrit un livre dont il consacrait un bon tiers à
Jean Carbonare, l'association Survie et ses satellites.... sans les
avoir jamais rencontrés. De même, dans ces deux livres, il parle
abondamment du Rwanda sans y avoir jamais mis les pieds. Et toute une
bande " d'idiots utiles"1 dans les médias continuent
régulièrement d'entretenir sa réputation usurpée de journaliste
d'investigation et l'idée que ses enquêtes seraient
incontestables.
Pierre
Péan est un imposteur et un trompeur, un fabricateur de prismes
médiatiques, un manipulateur d'opinion. Ce dont il nous accuse
précisément parce nous luttons contre cela. Il ne dévoile pas ses
"sources",mais ce sont celles qui tournent autour de la France
criminelle de la Françafrique, de la France complice du génocide des
Tutsi et des coups d'États françafricains qui ensanglantent l'Afrique
depuis 60 ans. Péan fait toujours semblant, pour tromper.
Avec qui s'en est-il pris au journal le Monde ? Avec Cohen qui ensuite
a sévi au magazine Marianne, qui, par hasard, est le plus négationniste
de la complicité de la France dans le génocide au Rwanda. Pierre Péan a
probablement fait pression sur Colombani pour tenter d'obtenir qu'il
continue de soutenir cette complicité.... précisément après le livre de
Gouteux, " Le Monde un contre-pouvoir
", dont il a
repris des similitudes de présentation et de titre pour le sien. De
même son livre sur le Rwanda, " Noires
fureurs, blancs menteurs" paru en novembre 2005, reprend une
analogie avec "Noir silence", de François-Xavier Verschave et
répond clairement à notre Commssion d'enquête citoyenne, qui s'est
tenue en mars 2004, et dont le rapport est paru en février 2005.
Pierre Péan est une éponge médiatique qui essuie ce qui menace la
Françafrique. C'est devenu son métier - probablement en partie à
cause de nous. Ce qu'il raconte c'est ce qu'il a ramassé,
mélangé-collé, sur son éponge puante de technicien de surface
médiatique.
C'est une ligne continue chez Péan. Derrière tout cela il y a très
probablement une frange de l'État-major français et un noyau dur de
"hauts"-fonctionnaires des ministères de la défense, de l'intérieur et
des affaires étrangères. Je n'en ai pas la preuve, mais je vois la
couleur des mots marqués par le même colorant idéologique, les mêmes
chaînes d'ADN médiatique, le même vocabulaire nauséabond, les sujets
choisis... : même le choix de faire un livre sur la tragédie vendéenne,
après le Rwanda, n'est probablement pas un hasard idéologique et
historique de la part de Péan. Gracchus Babeuf avait qualifié de
"populicide" cette période sombre de notre histoire qui montre ce dont
est capable notre République à l'intérieur comme à l'extérieur.
Ce noeud de vipères a peur du rapprochement entre Paris et Kigali qui
lui donnerait tort définitivement et pourrait même faciliter son appel
devant les tribunaux. C'est pour cela que Péan attaque Kouchner et il
le dit. Péan veut la guerre avec le Rwanda.
Kouchner n'est-il pas criticable pour autant ? Je préfère mille fois la
critique approfondie de Kapler et Morel, beaucoup plus grave et
beaucoup plus assise 2,
que les insanités du caniveau politique de Péan.
Dans son caniveau sont déjetés, des crachats d'extrême droite et du
caca de "hauts"-fonctionnaires, aussi indéboulonables
que venimeux, tirant les ficelles de médias, syndicats et
partis interposés, qui votent à gauche et pissent à droite, votent
à droite et cognent à gauche... toujours mélangeant leurs intérêts
publics et privés dans le sens de leur survie personnelle. Ils prennent
la France en otage depuis des décennies et se transmettent le flambeau
avec le même immoralisme qui a fomenté tous les crimes de la
République. Péan est le complice objectif de ces criminels.
A quand une enquête sur Pierre Péan ? Quel est son véritable métier ? 3
E.C.
1. "Idiots utiles"
expression du député des Yvelines Jacques Myard, membre de la mission
d'information parlementaire sur le Rwanda en 1998 et, reprise par Péan,
pour qualifier les militants du " Cabinet
noir du FPR en France"... c'est à dire nous, Survie !
2. Voir sur la page de notre lien ci-contre
3. La revue La Nuit rwandaise N°3 propose un dossier consistant
sur Péan. Voir aussi l'article de Jean-Christophe Klotz ci-contre.
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17 janvier 2009
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La France
d'en-haut et notre sous-France
Le secret d'État a un sens
quand il s'agit de protéger la vie de citoyens français. Il devient une
complicité de génocide quand il s'agit de protéger une complicité de
génocide.
La Direction Centrale du renseignement intérieur vient de se rendre
complice du génocide des Tutsi en protégeant des officiels français
d'un document de l'armée française montrant que le Colonel Poncet
avait reçu l'ordre de canaliser les journalistes pour qu'ils ne voient
pas qu'il avait aussi reçu l'ordre de refuser d'évacuer les Rwandais
pendant l'opération Amaryllis et surtout que des soldats
français n'intervenaient pas quand des Tutsi se faisaient
massacrer sous leurs yeux...
C'est
écrit entoute lettres dans son rapport que je ne suis pas censé
connaitre : pensez, j'avais eu l'idée d'imprimer la Convention pour la
prévention et la répression du crime de génocide, adoptée par
l'Assemblée Générale de l'ONU en décembre 1948, à Paris
précisément, et d'agrafer en annexe de ce document le rapport Amaryllis
de Poncet, dont j'avais paraphé chaque page et mis le commentaire
suivant sur sa page 4 : "la
hiérarchie doit être mise en examen". Quand j'ai présenté ce
document à l'enquêteur, il a pâli. Il n'avait pas le droit de le
montrer. Il a donc détaché le rapport de Poncet, l'a mis dans une
première enveloppe, tamponnée "secret défense" que j'ai du signer pour
attester qu'il avait bien mis ce document dans l'enveloppe, puis placé
cette enveloppe dans une deuxième enveloppe banalisée, que j'ai du
également signer pour la même raison. Et ce n'était qu'une copie !
C'est donc l'original de ma volonté que la hiérarchie soit mise en
examen qui est désormais classé "secret défense" !
Ils m'ont menacé des pires ennuis juridiques, moi et ma famille, si je
maintenais sur le site de la CEC ce document que j'avais mis en ligne
il y a un an. En même temps ils étaient très embarrassés. Ils ne
voulaient pas de vagues. Ils m'ont raccompagné chez moi à quatre en
voiture banalisée pour vérifier que j'effaçais bien le document du site
de la CEC et de mon disque dur. Ils ont été d'une discrétion totale,
ils ont dit poliment bonjour à ma femme après m'avoir conseillé de dire
qu'ils étaient des collègues informaticiens qui venaient chez moi (ce
que j'ai oublié de dire en arrivant...) et en partant l'un d'eux à
même dit, un peu amer, quelque chose comme "les Tutsi ont sans doute vécu des choses
horribles, mais nous nous faisons notre métier".
Le tout a duré quatre bonnes heures le 14 janvier 2009. Ils voulaient
tout savoir de la CEC, si c'était bien moi qui avait mis le document en
ligne, qui me l'avait donné, (mille fois demandé mais hélas pour eux je
ne me souviens pas comment je l'ai eu. Je n'ai pas du me rendre compte
tout de suite de son importance (je ne lis pas toujours tout de suite
ce que l'on me donne) et pendant longtemps je me suis demandé s'il
était authentique. Ils voulaient aussi savoir si j'avais des relations
continues avec des officiels rwandais pour évaluer sans doute
aussi mon degré de satanisation ! Heureusement pour moi, quand je
vais au Rwanda, Kagame ne m'invite jamais à prendre le thé... L'Etat
français oublie que Kagame est un général d'armée et moi un objecteur
de conscience ! Lui un Président de la République d'un pays meurtri et
moi un simple citoyen d'un pays orgueilleux qui refuse de s'excuser !
|
Sachant que
ce document classé "confidentiel défense" ne pouvait
être utilisé dans des procédures juridiques je n'avais aucun espoir que
ma résistance solitaire aboutisse. Tous les membres de la CEC sont
ailleurs en France. La DCRI m'avait téléphoné deux jours avant en me
prévennant qu'il ne s'agissait que de ce document. Alors que la
population française se montre souvent insensible au contexte politique
de ce génocide, je ne pouvais espérer un mouvement d'opinion pour me
soutenir dans une telle résistance ponctuelle. D'autre part ce document
est un maillon parmi beaucoup d'autres qui montrent la complicité
française dans le génocide. Enfin supprimer une copie électronique, ce
n'est pas rendre un document original. Le document original est entre
les mains de l'Etat. Ils nous a ainsi montré que cette copie est
authentique. D'autres personnes en France et dans le monde ont pu
télécharger ce document pendant un an... il reste donc productible en
tant que copie authentique devant une juridiction étrangère... même
s'il est effacé de mon disque dur et de notre site internet. Je peux en
témoigner.
Finalement l'Etat français est bien avancé. Ils nous a fait un coup de
pub, car les français sont très friands d'anecdotes de ce genre et il
n'est pas au bout de ses peines à vouloir étouffer la vérité....
Simplement nous allons devoir nous armer de patience car la bête
immonde refuse encore de plier l'échine, et elle a toujours
beaucoup de serviteurs zélés qui se sentent mieux avec son souffle
rauque que loin de sa tiédeur pestilancielle.
Peut-être faudra-t-il aussi trouver des gens plus courageux que
moi et ma famille pour aller plus loin. Il faudra aller plus loin. Moi
je me suis engagé à ne plus diffuser ce document...
Pour la France d'en haut ce document est classé "confidentiel défense".
Peu importe son contenu, du moment que ce classement protège son
impunité. Elle se sent protégée par le droit. Mais pour notre
sous-France, ce classement est un mensonge, une "compromission", et
c'est notre souffrance.
Emmanuel Cattier |
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7 janvier 2009 |
De "Noires fureurs et blancs
menteurs" au totalitarisme manipulateur français
Récapitulons...
Ruzibiza, qui se disait membre du commando qui a commis l'attentat du 6
avril 1994 contre Habyarimana, avait été entendu par le juge Bruguière
en 2003 et était ressorti libre de son bureau. L'ordonnance Bruguière
seraient " un montage des services
français", selon le même Ruzibiza qui a depuis démenti ses
témoignages. L'une des "dangereux
terroristes" qui aurait commis l'attentat, selon Bruguière,
arrêtée récemment en Allemagne et conduite en France, a été autorisée
par la justice française à passer les fêtes en famille au Rwanda. Deux
démographes de la commission européenne démontent l'énorme mensonge sur
quatre millions de morts en RDC et qui permettaient à certain de
qualifier Kagame de "plus grand criminel" des "chefs d'État en
exercice"- ils comptent 183 000 morts... La France a foulé au pied, sur
plusieurs points et constamment, le premier accord d'Arusha de juillet
1992 entre les belligérants rwandais avant le génocide....
... et la propagande française continue d'entretenir dans la
presse " libre" que Pierre
Péan est "un grand journaliste
d'investigation" qui a soutenu valeureusement devant un tribunal
aveuglé que "les Tutsi sont menteurs"
et alors même que l'ancien président de l'association des étudiants
juifs de France a comparé ce livre à Mein Kampf - il suffit hélas
de remplacer "Tutsi" par "Juif" pour comprendre que le discours est le
même !
Bonne
année et souhaitons un peu plus de sens critique que Bécassine aux
rédacteurs en chef des médias français qui se montrent souvent très
péremptoires pour démentir la complicité de la France dans le génocide
au Rwanda et accuser la propagande de Kagame de manipuler un "cabinet
noir" en France !
Quand je vois en plus qu'un tribunal relaxe Pierre Péan pour son
livre d'incitation à la haine raciale, qu'on envisage de supprimer le
juge d'instruction sans libérer le parquet de la tutelle de l'exécutif,
qu'on coupe les vivres de la télévision nationale, que les journalistes
de l'AFP s'inquiètent de leur indépendance, que deux "activistes"
d'extrême gauche sont maintenus en prison uniquement sur des soupçons
et alors qu'il n'y a eu aucun blessé, ni aucun mort, dans ce qu'on leur
reproche sans autres fondements que leurs écrits politiques, etc., ....
je me dis qu'on glisse doucement et dans l'aveuglement le plus total
vers un régime totalitaire. Il faudrait peut être se réveiller à temps
!
Emmanuel Cattier
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1 décembre 2008 |
Ordonnance Bruguière contre des
dirigeants rwandais
La quasi certitude d'une forfaiture
caractérisée , une
arrestation injuste pour sauver les apparences de "l'honneur français",
une justice qui semble être aux bottes de l'impunité des autorités
françaises de la période 1990 à 1994, des citoyens français écoeurés
par le mensonge évident à propos de l'indépendance de la justice
française
Et
pourtant rien ne prouve que le FPR ne serait pas auteur de l'attentat
du 6 avril 1994 au Rwanda, comme rien ne prouve qu'il en serait
l'auteur.
Une forfaiture caractérisée selon toutes vraisemblances parce que le
juge Bruguière a eu recours à un faux témoignage qu'il aurait lui-même
fabriqué et contraint son "auteur" Emmanuel Ruzigana à signer la
version française de l'attentat, alors que le journaliste Ayad de
Libération a constaté qu'il parlait très mal le Français et qu'il n'y
avait pas de traducteur, que ce monsieur n'a jamais reconnu, même
devant le juge, les propos qu'il lui attribue, que Bruguière l'aurait
menacé de ne pas avoir d'autorisation d'asile après l'avoir fait venir
dans son bureau dès son arrivée en France à Roissy. C'est une
subornation de témoin caractérisée dont l'accuse Emmanuel Ruzigana.
Une forfaiture caractérisée parce que le juge Bruguière n'a pas fait
d'enquête sur leterrain, ne déclare n'avoir que les bandes de la tour
de contrôle de l'aéroport et desnuméros de missiles qui n'ont pas été
tirés, selon l'enquête des députés français. Selonles députés français,
ces numéros d'ailleurs furent fournis par le Colonel Bagosoraconsidéré
comme étant le cerveau du génocide et autre auteur possible de
l'attentat.C'est pourtant sur ces faits qu'il s'appuie pour déterminer
les circonstances du crash etne dispose donc, selon son ordonnance,
d'aucun élément matériel pour accuser le FPR d'enêtre l'auteur et
encore moins pour accuser des personnes précises du FPR.
Cesidentifications ne reposaient en effet que sur des témoins peu
fiables, visiblementmanipulés par les services français et surtout qui
tous les uns après les autrescontestent ce que le juge Bruguière leur
fait dire.
Une forfaiture bouffonne qui plus est, car le principal témoin,
Ruzibiza, affirmait avoirfait partie d'un fumeux "Network
commando" qui aurait tiré sur l'avion. Cet hommes'accusait donc d'avoir
participé à la mort de deux présidents de la République(rwandaise et
burundaise), d'une dizaine de personnes, dont des responsables rwandais
etles trois français de l'équipage de l'avion, et surtout déclenché un
génocide qui a tuéun million de personnes. La bouffonnerie est ici : ce
monsieur est ressorti libre dubureau du juge Bruguière après avoir
signé sa déposition dont il dit aujourd'hui qu'il amenti et qu'elle est
un montage des services français, ce qui le prouve d'ailleurs. Toutcela
est complètement grotesque et injurieux à l'égard de la réputation de
l'ensemble desmagistrats français. C'est une trahison du peuple
français. C'est particulièrementscandaleux. Bien entendu Rose Kabuye,
accusée par ce juge et arrêtée, est implicitementchargée d'expier cette
bouffonnerie au mépris de ses droits élémentaires eu égard à
ladéclaration des Droits de l'homme. Les magistrats qui ont pris la
suite de Bruguière onttenté une demi-mesure en la laissant
libre sous contrôle judiciaire, alors qu'elle estaccusée d'être
une terroriste. Mais cela reste une injustice pour sauver les
apparencesfrançaises.
Surtout, la forfaiture du juge Bruguière a été construite pour
détourner l'attention des Français de la complicité de leurs autorités
dans le génocide des Tutsi du Rwanda. Toute l'idéologie de cette
construction repose sur une idée complexe : essayer de faire croire que
le génocide serait la conséquence du seul attentat,
qu'il n'aurait pas été planifié, que la communauté internationale
aurait été manipulée pour cacher qu'il y aurait eu un contre-génocide
pendant le génocide des Tutsi, que tout cela ne se serait déroulé qu'à
partir de 1994.... parce que l'armée française aurait quitté le
Rwanda le 15 décembre 1993. |
C'est
un énorme mensonge : devant les députés français le colonel de
Saint-Quentin, français, a déclaré par écrit avoir été présent sur les
lieux du crash à 20 h 45 le 6 avril 1994, soit 20 minutes après
l'attentat. Une centaine de militaires Français étaient encore présents
au Rwanda jusqu'au déclenchement du génocide en vertu des accords
bilatéraux de coopération de 1975 entre la France et le Rwanda et
de son dernier avenant d'août 1992. Seule l'opération Noroît avait
quitté le Rwanda en décembre 1993 à la demande du FPR. Cette demande
était exécutoire depuis mars 1991 date de l'accord de
cessez-le-feu de N'Sele et renouvelée dans l'accord de cessez-le-feu
d'Arusha 1 du 12 juillet 1992. La France a mis trois ans pour honorer
le cessez-le-feu de N'Sele. Elle a de ce fait torpillé le premier
accord d'Arusha, comme elle l'a aussi torpillé sur trois
autres points, dont l'embargo sur les armes qu'elle n'a jamais respecté
de mars 1991 jusqu'en juillet 1994 pendant le génocide. C'est un énorme
scandale.
Qui sont les hommes qui ont exécuté la manipulation de l'information
qui a préparé lasortie de l'ordonnance de Bruguière : Charles Onana
"journaliste indépendant", StephenSmith journaliste du journal Le
Monde, Pierre Péan "un grand journalisted'investigation", Claudine
Vidal, Directrice de recherche honoraire au CNRS, en préfaçantle livre
de Ruzibiza et André Guichaoua, universitaire et expert auprès du
Tribunal pénalinternational pour le Rwanda, en le postfaçant. Tout cela
était un énorme mensongeorganisé par des français. Tous ces gens là ont
aussi en commun d'avoir exprimé desdiffamations plus ou moins
explicites contre Survie et la Commission d'enquête citoyenne,car nous
représentions en France quelques uns des principaux obstacles à
cettemanipulation dont le but ultime est de disculper le France de
toute complicité dans legénocide.
La justice française, si elle veut conquérir son indépendance,
s'honorerait de mettre enexamen ces cinq personnes ainsi que le juge
Bruguière et le "témoin" Ruzibiza pourdéterminer
leurs responsabilités respectives et éventuellement les
sanctionner.
Tous ces bricolages manipulateurs montrent qu'une certaine France
attache une importanceparticulière à la falsification des événements
liés à l'attentat du 6 avril 1994 auRwanda, comme à la complicité de la
France dans le génocide des Tutsi.
Rappelons un événement jamais éclairci qui peut être lié à cet attentat
selon lajournaliste belge Collette Braeckman, spécialiste de l'Afrique
centrale au journal LeSoir : le conseiller de François Mitterrand,
François de Grossouvre, a été retrouvé tuépar balle dans son bureau à
l'Elysée le 7 avril 1994, soit le lendemain de l'attentat.Paul Barril
affirme qu'il a été assassiné et dans un entretien avec les auteurs du
film"Tuez-les-tous", affirme que François de Grossouvre était son
intermédiaire entre lui etle Président de la République. Or Paul Barril
est très impliqué dans les événements duRwanda. Cela fait beaucoup à
éclaircir.
Mon attention sur l'éventuelle responsabilité de la France dans cet
attentat est doncaussi alertée que sur sa complicité avérée dans le
génocide des Tutsi.
Emmanuel
Cattier
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16 novembre 2008
Ruzibiza a confirmé au micro de Libération
son démentile
18 novembre 2008 : il a tout inventé, le network commando n'a
jamais existé.
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Témoin
principal et fondement de son ordonnance, Ruzibiza a démenti ce qu'il a
dit au juge Bruguière
Sur une radio
FM de Kigali, en Kyniarwanda, et selon des rwandais sur la BBC grands
lacs en anglais, Vénuste Abdoul Ruzibiza a démenti son témoignage
déposé au TPIR et devant le juge Bruguière. Nous avions déjà souligné
le caractère peu fiable de ce personnage. Ce nouvel épisode ne fait que
le confirmer.
Dans un forum de la revue Marianne le lecteur "Charly" insinue que
Ruzibiza aurait menti parce qu'il est Tutsi.... C'est à la fois
dérisoire et intéressant. Dérisoire parce que le mensonge n'a pas de
frontière, on le trouve dans la bouche de Français comme dans celle de
Rwandais. Intéressant quand on considère la séquence qui a précédé le
dépôt de l'ordonnance Bruguière : Jacques Hoggard a publié son livre
sur Turquoise en octobre 2005, Ruzibiza en novembre 2005, puis Péan
quelques jours plus tard également en novembre 2005. Péan s'appuie
entièrement sur Ruzibiza, Tutsi, pour sa démonstration que Kagame est
auteur de l'attentat et associe à cette démonstration que les Tutsi
sont menteurs. Sa thèse contient donc un échappatoire. Elle sera
entièrement répétée dans l'ordonnance, exclusivement à charge, du Juge
Bruguière en novembre 2006, ce qui est une méthode pour le moins
contraire à la déontologie de la part d'un juge.
Les deux publications de Ruzibiza et Pierre Péan sont de toute évidence
concertées.
Pour
ce qui est du fond de l'affaire de l'attentat, on ne sait toujours pas
qui a abattu l'avion. Mais parcontre ce que l'on sait avec certitude,
c'est que l'armée française, en la personne deGrégoire de Saint-Quentin
et de ses hommes, étaient sur les lieux du crash dans la demi-heure qui
a suivi, et sont revenus à trois ou quatre reprises les jours suivants.
C'est écrit dans le rapport des députés français. Ils ont donc
probablement fait desprélèvements immédiats pour l'enquête. Ils
prétendent qu'ils n'ont fait que s'occuper descorps de l'équipage
français.
Paul Barril a aussi revendiqué à la télévision d'avoir des pièces
d'enquête de ce crash,dont la boite de noire de l'avion, et a toujours
dit qu'au moment de l'attentat il étaitquelque part en Afrique sur une
colline. Visiblement il s'amuse à brouiller les pistespar du vrai faux
- faux vrai.
Ce que l'on sait également à la lecture de l'ordonnance de Bruguière,
c'est que, mise à part les bandes d'enregistrement de la tour de
contrôle de l'aéroport fournie par Barrilà Bruguière, ces pièces à
conviction n'ont pas été utilisées par le juge Bruguière. C'est quand
même bizarre. Au passage on s'aperçoit que les français présents à
Kigali au momentde l'attentat n'ont négligé aucun indice, puisqu'ils
sont même en possession des enregistrements de la tour de contrôle de
l'aéroport.
Alors pourquoi ce refus de reconnaitre ce que tout le monde devine :
les autorités françaises sont très probablement en possession d'indices
matériels, concernant l'attentat., qu'elles cachent depuis 15 ans tout
en accusant le FPR d'en être l'auteur sur la foi de témoignages que
nous, à Survie, avons toujours analysés comme très douteux et d'une
histoire de missile photographié mais dont les députés français ont
montré qu'il s'agissait d'une manipulation organisée par Bagosora avec
le relais de parlementaires français. (CF Rapport des députés français)
Mais nous considérons aussi à Survie, que même si les méthodes
d'accusation contre le FPR sont douteuses, cela n'exclut pas qu'il soit
éventuellement l'auteur de l'attentat. Par contre les indices, les
faits, qui sont connus, et notamment le coup d'Etat de Bagosora dans
les douze heures qui ont suivi, font pencher plutôt "l'intime
conviction" que l'attentat aurait été commis par le noyau dur du régime
Habyarimana, qui était soutenu par la France, et qui a immédiatement
déclenché le génocide, en commençant en même temps, par l'élimination
immédiate des démocrates hutu dont le premier ministre issu des accords
d'Arusha, Agathe Uwilingiyimana.
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Il
est également intéressant de remarquer que Pierre Péan prétend
curieusement dans son livre qu'il a sauvé les enfants d'Agathe
Uwilingiyimana en relation avec André Guichaoua.
Comment étaient-ils au courant que ces enfants étaient en danger à ce
moment là ? Cet assassinat de leur mère a eu lieu à 500 mètres de
l'Ambassade de France. Les enfants étaient avec elles quand elle a été
attaquée par la garde présidentielle aux ordres de Bagosora. Cette
attaque ne s'est pas déroulée en cinq minutes mais a duré un certain
temps et a commencé par l'arrestation des dix casques bleus belges qui
protégeaient le premier ministre et étaient en relation radio avec le
QG de la Minuar.
Une autre question va immanquablement être posée, si Ruzibiza n'est pas
le témoin qui règle ses comptes et se laisse dépasser par les
événements comme nous le pensons. Est-ce que Ruzibiza n'a pas été
envoyé par Kagame pour coincer les Français, montrer leur
partialité et récupérer des informations sur leur enquête ? mais
après tout ? On peut même envisager que le sachant Guichaoua, Péan et
Bruguière auraient surenchéri pour coincer Kagame à son propre jeu...
les théories du complot ne manquent jamais de motivations...
Voilà le genre de questions que nous nous posons à Survie et dans la
Commission d'enquête citoyenne dont je fais partie, ainsi que d'autres
citoyens français autour de nous. Nous sommes tous des militants
bénévoles, passionnés certes, mais exigeants sur la rigueur de
l'analyse des faits et extrêmement choqués par la façon dont la
complicité française dans le génocide au Rwanda, qui pour nous est
incontestable, est souvent encore niée dans les médias français en
s'appuyant sur Pierre Péan et Ruzibiza. Il me semble utile de rappeler
cela aux lecteurs de Marianne.
E.C.
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4 novembre 2008
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L'espoir
doit rester raisonnable !
L'élection
de Barack Obama est un geste de confiance pour l'humanité à un moment
où elle en a tant besoin. Merci aux États-Uniens d'avoir su
retrouver ce chemin. Avec la confiance retrouvée, beaucoup de choses
peuvent se dénouer, à commencer par les conséquences désastreuses du
coup d'état permanent des marionnettistes de Georges Bush. Ce sont eux
les vrais perdants, mais on sait que ces criminels, à la religiosité
alibi brandie comme un drapeau de fumée, ne reculeront devant rien,
comme ils l'ont montré pendant 8 ans.
L'espoir est revenu avec une élégance rare. La grand-mère kenyane
d'Obama a vu la victoire de son petit-fils. Sa grand-mère américaine,
dont son grand-père lui expliquait qu'elle avait peur des
mendiants noirs, s'est éteinte comme Moïse, au moment où son peuple
allait entrer dans la terre promise, alors qu'il avait tant fait pour
cela, comme elle pour que les États-Unis soient la terre promise
de son petit-fils.
La réalité du monde est toujours la même, mais les tenants de la guerre
à outrance ont pris un coup de raison dans le cerveau ! L'aigle
américain n'est plus un drone machiavélique, mais redevient un animal
naturel, dont la prédation est naturelle, qu'il va falloir apprivoiser.
C'est une victoire mondiale contre l'extrême droite, à un moment où
l'extrême capitalisme connait un échec cuisant. C'est une double
victoire, la fin d'un chantage idéologique odieux qui n'a que trop
duré, une grave leçon pour les "blancs menteurs", ces porteurs
d'idéologies criminelles et de morts odieuses, ces démultiplicateurs de
racismes.
Pour les américains si mystiques, le chiffre 4 devrait être une étoile
exigeante : dans la Bible il est un signe de purification, de retour à
Dieu 1. Le 44 ème président des États-Unis, élu le
4/11 - 40 ans après l'assassinat de Martin
Luther King, a donc du pain sur la planche...
Good view and good luck Barack Hussein Obama, President of the
United-States !
Emmanuel Cattier
1 40 ans dans le désert, 40 jours de
jeûne, la croix, 4 évangiles, etc.
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19 octobre 2008
Lire l'article de Monsieur Ménard dans Libération
Voir aussi Lettre à Alex ci-dessous |
- Ce n'est pas
vrai Monsieur Ménard
Robert Ménard, qui a sans
doute était pressenti pour remplacer Pierre Péan, qui arrive largement
à l'âge de la retraite, vient de quitter sa place de Président de
Reporter sans frontières, pour exercer son activité à un autre poste,
non encore défini officiellement. Un article dans Libération, paru le
17 octobre, commence pourtant à en donner le ton.
Il s'agit de défendre encore, non pas cette fois des journalistes
soupçonnés de participation augénocide, mais un journaliste français
accusé de diffamation dans des termes qui étaient ceux-là même
qu'utilisaient les génocidaires rwandais. C'est donc particulièrement
grave.
J'ai
donc pris mon plus beau clavier et j'ai rédigé un commentaire à
l'article que j'ai eu du mal à faire passer sous mon nom. Voici ce
commentaire :
- Il s'agit de quatre pages du livre, plutôt d'une
vingtaine de phrases, les plus remarquables prises parmi d'autres, qui
ensemble tissent une thèse pour désigner les Tutsi comme des gens
particulièrement menteurs. Ensuite cette thèse est utilisée tout au
long du livre pour mieux faire passer les thèses françaises de Péan.
-
D'ailleurs il a semblé nécessaire de trouver des boucs émissaires
blancs et équilibrer du même coup le titre par un 'blancs menteurs',
soupçonnés de colporter les mensonges d'une race comme des 'idiots
utiles', sans doute là pour donner l'impression de ne pas être raciste.
-
En réalité ce texte montre le manque de fondement de la thèse française
sur le Rwanda, puisqu'elle doit passer par l'insulte et le racisme pour
être présentée. C'est un livre hautement diffamatoire, dont je m'étonne
qu'on en prenne la défense alors même que cet article est décoré d'un
forum où 'Liberation.fr ne publie pas les messages racistes,
diffamatoires ou appelant à la violence (et soignez votre orthographe,
svp !).'
-
Enfin Monsieur Ménard, vous oubliez de nous dire qui est celui qui
compare ce livre de Péan à Mein Kampf ... il s'agit vous le savez aussi
de quelqu'un qui sait de quoi il parle : l'ancien président de l'Union
des étudiants juifs de France (UEJF), Benjamin Abtan.
-
Donc ce que vous dites Monsieur Ménard, pour défendre Monsieur Péan,
manque singulièrement de fidélité aux faits. Est-ce vous diffamer que
de le dire ou le corporatisme de votre profession aurait-il tous les
droits et aucun devoir ?
C'est ce j'ai écris, deux
fois, dans le forum de Libération. Ou plus exactement la première
foisje l'avais signé de mon nom et titré "Encore un blanc mensonge".
cela a été bloqué par le modérateur. J'ai envoyé un message de
protestation... qui a été publié. J'ai donc réécrit à peu près le même
message que j'ai signé par un pseudo : "le muselé utile"...Voir les
commentaires de l'article.
Que Libération m'explique ce qui c'est passé ? il vont probablement
dire que le message n'est jamais arrivé.... et basta ! Le problème
c'est que ce n'est pas la première fois qu'un de mes messages envoyé en
commentaire d'un article de Libération n'est pas diffusé.
Emmanuel Cattier
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