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Après la cassation, victoire de Jean-Paul Gouteux 1 contre Le Monde le 29 mars 2006

Dans son livre, Rwanda un génocide secret d'État, JPG avait étayé le fait que Jean-Marie Colombani et Jacques Isnard seraient "d'honorables correspondants des services français" à propos de la façon dont le journal Le Monde a rendu compte du génocide au Rwanda pendant les événements. Ceux-ci assignèrent Jean-Paul Gouteux en justice et furent déboutés en première instance en 1999 puis en appel en 2000. Entre temps JPG sortit un petit livre précis, "Le Monde un contre pouvoir ?", qui développe le sujet et pour lequel il fut condamné dans un autre procès au début des années 2000 à un francs de dommage et intérêts au profit du journal Le Monde.

A la veille de la Commission d'Enquête Citoyenne sur l'implication de la France dans le génocide au Rwanda, et des commémorations du 10 ème anniversaire de ce génocide, Jean-Paul Gouteux avait vu ses jugements favorables contre le journal Le Monde cassés par la Cour de Cassation.

Le 29 mars 2006 la Cour d'appel de Paris a, à nouveau, donné tort à Jean-Marie Colombani, Jacques Isnard et Le Monde, une fois de plus en analysant le fond du sujet.

Lire le jugement du 29 mars 2006 de la Cour d'appel de Paris.

L'évolution du journal Le Monde sur la question rwandaise après la mort de J.P. Gouteux

Il est intéressant de noter que, Jean Marie Colombani à peine évincé du journal le 25 juin 2007, dès le 3 juillet 2007 Le Monde publiait un éditorial concernant le Rwanda et "ce que l'Élysée savait" et à l'intérieur deux pleines pages sur ce sujet. Une véritable rupture de la part du journal sur l'implication de la France dans le génocide au Rwanda en se basant sur des archives de l'Institut François Mitterrand dont des éléments avaient déjà été révélés par la Commission d'enquête citoyenne depuis 2006. Nous pensions que ce n'était donc pas un scoop mais un retour sain à une véritable information.

Malheureusement un éditorial du quotidien du 9 septembre 2010 rappelle que ce n'était peut être qu'une étape stratégique ou probablment une liberté rapidement rattrappée par le talweg des financements de la presse française. Le rachat du journal par Pierre Bergé en juin 2010, un mitterrandien comme Védrine, est-il en effet pour quelque chose dans ce revirement 2 ? Rappellons aussi que le chef de l'Etat est le chef suprême des armées selon notre constitution. L'autorité du gouvernement et du Président de la République est affaiblie. Chacun en profite pour pousser ses pions. Il semble que le quatuor Sarkozy, Kouchner, Alliot-Marie, Morin mène un jeu compliqué et dissonant sur la question rwandaise pour éviter à notre armée et aux mitterandiens, comme aux balladuriens de la cohabitation de 1993-1995, une impasse judiciaire imprescriptible sur la question de l'implication de la France dans le génocide au Rwanda, tout en normalisant les relations avec le Rwanda.

D'où cet éditorial stratégique du Monde du 9 septembre 2010 (10 septembre édition papier) qui montre un journal engagé aux côté des politiques et militaires français menacés par leur passé... sous la posture de fausse neutralité dans la défense des Droits de l'Homme, qui cherche en fait à redonner du lustre à la théorie négationniste du double génocide. Du pur Pierre Péan, autre "serviteur" de l'Etat "spécialiste" des "services" secrets. Bref de la vraie guerre d'information, l'avant veille du jour où une délégation française s'envole pour Kigali enquêter sur l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda... une équipe qui doit remplacer la construction (identique à celle de Pierre Péan - relayée longtemps par Stephen Smith dans Le Monde) du juge Bruguière, encore un autre "serviteur" de l'Etat "spécialiste" des "services" secrets. La constance de la structure des faits devrait mettre la puce à l'oreille de n'importe quelle rédaction libre !
1-Jean-Paul Gouteux, chercheur entomologue à l'IRD, était militant de Survie depuis juillet 1994 et également auteur de La Nuit rwandaise (ed. Esprit frappeur) - Il est décédé le 11 juillet 2006, un an après François-Xavier Verschave (morts presque simultanée des deux principaux leaders français contre la version française de son implication dans les événements au Rwanda, par des maladies graves et fulgurantes dont il semble pourtant impossible d'affirmer qu'elles auraient pu être provoquées : tumeur au cerveau pour l'un, cancer du pancreas pour l'autre) - Lire la page que nous avons dédiée à Jean-paul Gouteux
2-Voir Jacques Morel, La France au coeur du génocide des Tutsi, Izuba - L'esprit frappeur, 2010, pages 382-383 chap.: Le sidaction du 7 avril 1994.