Les accusations de crimes contre le FPR

Réflexions sur la campagne "Anti-Kagame" des services français et de leurs relais
Jacques Morel novembre 2003

Les sources d'origine française ou Hutu power/génocidaires

  • Le livre de Pierre Péan, d'une très grande partialité, qui a pour but évident de tenter de jeter un doute sur ceux qui cherchent la vérité en France et sont traités de "cabinet noir du FPR en France" (Nous faisons partie au premier chef des groupes visés) - caractéristique essentielle de ce livre, il s'appuie sur le témoignage de Ruzibiza (dont le livre est sorti providentiellement trois semaine plus tôt que le sien).
  • Le livre de Ruzibiza qui a depuis complètement démenti ses propos dans plusieurs médias. Rappelons qu'il prétendait être membre du "network commando", transfuge du FPR qui roulait apparemment pour la France, tout en l'accusant pour son rôle au Rwanda, dont la principale caractéristique était de prétendre être membre du commando responsable de l'attentat du 6 avril 1994. Il avait donc assassiné deux présidents de la République, trois officiers français, et des responsables politiques et militaires de deux pays (Rwanda et Burundi), et était ressorti libre du bureau du juge français anti-terroriste Bruguière. Cela jetait pour nous un doute sérieux dès l'origine sur la qualité de ce témoignage.
  • Inshuti, site des sympathisants du régime génocidaire au Rwanda qui aspirent au retour à l'ancien régime
  • Les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) et le RDR groupements politiques qui rassemblent les anciens génocidaires de la diaspora rwandaise. Les FDLR sont un regroupement, en République démocratique du Congo, de génocidaires, Interahamwe et ex Forces armées rwandaises, et de leurs enfants, (voire peut être aussi de quelques enfants rescapés du génocide emmenés très jeunes en exil en 1994 et ignorant tout de leur passé).
  • L'association France-Turquoise.(Militaires français)
  • Quelques livres en français (Lugan, Hogard, Debré, Onana, Philpot, Booh Booh, etc) qui font partie de la nébuleuse des services français.
  • Des militaires français et des Forces armées rwandaises de l'ancien régime
  • Des journalistes et des intellectuels
  • Des témoins rwandais

Il est très difficile d'avoir des informations fiables sur les accusations de crimes contre le FPR.

La principale cause est le génocide des Tutsi, que le FPR a combattu, qui a focalisé à juste titre l'attention de la communauté internationale.

Il convient d'observer que les crimes du FPR apparaissent pour la France comme un moyen d'expliquer sa présence au Rwanda. Présenter le FPR comme plus criminel que les génocidaires justifierait l'acharnement de leur soutien français. 

Il en résulte une évidente surévaluation de ces crimes par les services français qui ont été à maintes reprises humiliés ou rappelés à l'ordre au Rwanda par le FPR et Paul Kagame, notamment lors de l'opération Turquoise et ensuite dans des discours officiels. Globalement on peut dire que la stratégie française au Rwanda a été mise en échec par le FPR... et les Français sont très mauvais perdants. 

A contrario il apparait que Paul Kagame a petit à petit séduit les américains. Mais ce soutien, au départ, ne semble pas avoir été aussi déterminant que le disent les services français. Pendant le génocide les USA ont en effet freiné des quatre fers pour reconnaitre le génocide, et Alain Juppé, ministre des affaires étrangères du gouvernement Balladur, s'enorgueillit d'avoir été le premier à l'ONU à employer officiellement ce mot. Mais dès la fin du génocide le soutien américain à Kagame n'a pas cessé de s'amplifier.

Quand on parle de crimes du FPR, de quoi parle-t-on ?  Nous essayons de le déterminer  sur cette page. Les services Français et les alluvions du Hutu power génocidaire amplifient ces crimes *, les services américains les relativisent. Entre ces deux courants les sociétés civiles essayent d'y voir clair à travers les ONG.

On pourra lire le chapitre 22 du rapport de l'OUA consacré à ce sujet.

 *Voir à ce sujet le site de l'association France-Turquoise créée à la suite des plaintes portées devant le Tribunal aux armées de Paris par des Rwandais.

Ces crimes tournent autour de quatre périodes :

  • La période 1990-mars 1994
    • La difficulté est ici de faire la part entre ce qui serait une volonté criminelle et les pertes liées à toute guerre civile au milieu de la population civile. Donc crimes de guerre ou crimes contre l'humanité.
    • De nombreux assassinats qui ont destabilisé le Rwanda durant cette période sont inexpliqués et peuvent être l'oeuvre aussi bien du FPR que des durs du régime Habyarimana pour faire échec à tout processus de paix.
  • Pendant le génocide (avril-juillet 1994)
    25 000 à 45 000 morts selon l'ONU et HRW, 60 000 morts selon Amnesty international
    Ces lettres de HRW posent une question de fond, sur laquelle HRW donne son opinion.

    A notre sens, peut-on mettre sur le même plan les crimes de guerre du FPR et la justice du génocide ? Rappelons qu'après la première guerre mondiale, la "justice des vainqueurs" n'a jugé que les auteurs de la Shoah et pas les alliés pour leur stratégie anti-cité contre l'Allemagne et le Japon et qui ont globalement fait des millions de victimes. Dans le cas du Rwanda, HRW, qui a pourtant largement établi des éléments de la complicité de la France dans le génocide dans son rapport "Aucun témoin ne doit survivre" (Karthala), n'a jamais demandé à ce que des responsables français soient jugés pour cette complicité. Cette complicité relève directement du crime de génocide. Elle est pourtant plus grave que les crimes de guerre du FPR (dont "l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a évalué le nombre des victimes de 25 000 à 45 000 entre avril et août 1994").

    Lire aussi : Le Rwanda dément que des FPR aient échappé à la justice 
    L'express 2 juin 2009
  • La période de transition juillet 1994-aoüt 2003
    • Kibeho
      Billet d'Afrique N° 22 de mai 1995
    • Au Nord-Ouest du pays deux ou trois villages auraient été massacrés à la même époque pour dissuader les Rwandais de soutenir des infiltrés en provenance du Zaïre qui accomplissaient des massacres "pour terminer le travail" du génocide.
    • Les guerres au Congo
      Le FPR aurait massacré sans distinction les anciens génocidaires et les populations civiles au milieu desquelles ils se cachaient. Il est difficile de discerner les morts qui relèvent de l'action directe du FPR, de celles des autres forces présentes (Ouganda, rebelles, etc), ainsi que de celles qui relèvent des conditions de vie précaires dans la forêt équatoriale pour une population en fuite.
      Les chiffres évoqués varient de quelques dizaine de milliers à deux cent mille morts, voire plus.
      Pour mémoire :
    La première guerre du Zaïre/Congo1996-1997
    La deuxième guerre du Congo 1998-2002
    Voir à ce sujet :
    la lettre du secrétaire général de l'ONU au Conseil de sécurité du 29 juin 1998
    Dans cette lettre, envoyée par le secrétaire général de l'ONU au Conseil de sécurité à la suite d'une première exploration d'une équipe, celui-ci demande à ce qu'une enquête confirme l'hypothèse d'éventuels actes de génocide commis sur des réfugiés Hutu par les membres de l'alliance (rebelles Zaïrois, Ouganda, Rwanda). Jusqu'en 2009, aucune enquête n'avait confirmé cette hypothèse d'un génocide des Hutu en RDC avec le concours du Rwanda. Mais des violences relevant du crime contre l'humanité semble bien y avoir été commis. Toutefois un rapport d'enquête déjà contesté en France devrait être publié en 2010 :
    Polémique française, engagée par le quotidien Le Monde, à propos de la préparation d'un rapport de l'ONU sur la période 1993-2003 au Zaïre/RDC
     Archives de Survie en Alsace 26 août 2010

La période présente depuis l'adoption de la constitution en 2003

Sources plus sérieuses

>>> Voir les rapports internationaux

  • Le "rapport Gersony" qui a été étouffé au sein de l'ONU et dont Alison Des Forges parle dans "Aucun témoin ne doit survivre".Cf.Wikipédia (en anglais)
>>> Les ONG
  • Human Rights Watch ONG américaine qui semblait objective jusqu'à la mort d'Alison Des Forges en 2009.
  • Amnesty International, qui a tendance à ne prendre la mesure du génocide dans la contestation d'emprisonnement de certaines personnes et à souligner les crimes du FPR.
  • Reporters sans frontières qui semble très proche de la démocratie chrétienne et ne voir que l'aspect "journaliste en prison" même s'il s'agit d'un journaliste compromis dans le génocide ou de la couverture d'un membre des services secrets d'un pays étranger agissant sous couvert d'une carte de journaliste.
>>> Des sources ponctuelles
  • Des militaires de la Minuar
  • Quelques rares militaires français
  • Des journalistes et des intellectuels
  • Des témoins rwandais

Sujets connexes

Notre association est accusée de fermer les yeux sur les crimes du FPR par Pierre Péan et les militaires français - constatez vous-même la partialité de cette accusation, recherche sur les mots "FPR" et "crime" sur nos sites :

Sur le site de Survie France 
Sur le site de Archives de Survie en Alsace