Archives de Survie en Alsace

Commission d'Enquête Citoyenne

sur l'implication de la France dans le génocide au Rwanda

>>> Le site de la commission en 2007


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Billets d'Afrique spécial Rwanda
Revue de Presse
sur le site de la Nuit Rwandaise
L'économie du génocide Pierre Galand
Tous les témoignages écrits d'Immaculée Mpinganzima
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Billet d'Afrique N° 66 bis :


"Il est écrit dans les Annexes du rapport [parlementaire](p. 360) : " La Mission a reçu des témoignages très émouvants qu'il ne lui est pas possible de publier ici en totalité. Elle a donc choisi, plutôt que de procéder à une sélection, de n'en présenter qu'un seul au nom de toutes les victimes du génocide ".

Le témoignage qui suit, de Jeanne Uwimbabazi, est effectivement très émouvant. Mais la pieuse dédicace cache la censure des témoignages d'une autre rescapée, Yvonne Mutimura, et de son mari Pierre Galinier... [ndlr Ils n'y font vaguement allusion qu'au sujet secondaire de leur témoignage concernant la Minuar].

Cette censure n'est pas un hasard. Paul Quilès en personne a vivement apostrophé Yvonne Galinier, pour la dissuader de témoigner. Cette ancienne employée de la coopération française, sauvée in extremis par un convoi de l'ONU, a en effet vu et vécu des choses gênantes :
- elle a assisté à des contrôles d'identité ethniques effectués par des soldats français ;
- elle a vu des militaires français qui violaient des filles sur la route ;
- elle affirme que des militaires français entraînaient des miliciens Interahamwe - accusation que balaie la Mission ;
- son compagnon coopérant, devenu son mari, explique comment les autorités françaises ont plusieurs fois refusé de sauver Yvonne, leur employée tutsi ; il a trouvé un colonel belge moins insensible ; mais sa femme donne le nom de quatre autres Rwandais, travaillant pour la France, qui ont été abandonnés aux tueurs avec leur famille. On "comprend" que la Mission n'ait pas voulu publier ce double témoignage (encore que cela met en doute l'honnêteté de son travail).

Fallait-il habiller cette esquive de la mémoire des victimes ? "
La France condamnée pour la lenteur de sa justice
AFP/Jeune Afrique - L'intelligent 8 juin 2004
Affaire Galinier-Mutimura/Wanceslas Munyeshyaka
Lire le chapitre IV
des Recommandations
du rapport de l'OUA
:
"...Des excuses seules ne suffisent pas. Au nom de la justice et des responsabilités, le Rwanda est en droit de s'attendre à réparation de la part des acteurs de la communauté internationale pour le rôle qu'ils ont joué avant, pendant et depuis le génocide...
La France
devant
les Rwandais
Présentation de la CEC avant l'événement
Le parlement français s'honnorerait d'enquêter sur les activités de Paul Barril en Afrique. Qui arrête les parlementaires ?
 
 
 

La Commission d'enquête citoyenne s'est tenue comme prévu du 22 au 26 mars 2004

Les conclusions provisoires de la commission marquent une avancée importante dans la recherche de la vérité sur l'implication de la France au Rwanda. Des éléments nouveaux, et notamment des témoignages de Rwandais se trouvant au Rwanda au moment du génocide, ont permis de mettre en lumière des accusations très graves contre la France, qu'il importe de vérifier.

La mission d'information parlementaire de 1998 avait très peu entendu les victimes du génocide. Les députés s'étaient contentés d'un voyage de 36 heures au Rwanda. Les rares Rwandais qui avaient été entendus n'étaient pas forcément dans les endroits les plus critiques pour l'implication de la France. L'un de ces témoins, Yvonne Mutimura-Galinier, avait subi des pressions inacceptables de la part de Paul Quilès en personne. Yvonne Mutimura avait fait état de contrôles d'identité des Rwandais par les militaires français en 1993, de non assistance à personne en danger par refus d'évacuation au moment de l'opération Amaryllis, en avril 1994, et de viols de jeunes filles par des militaires français .

La commission a entendu un témoignage encore plus grave et plus ancien dans les faits que celui d'Yvonne Mutimura-Galinier, celui d'Immaculée Mpinganzima-Cattier qui se situe en avril 1991 et montre que des militaires français vérifiaient à cette époque, près de Ruhengeri, l'identité des Rwandais et remettaient immédiatement aux milices un Tutsi qui fût aussitôt assassiné devant eux. Dans le caniveau gisaient déjà trois ou quatre mourants. Or tout le monde sait qu'à cette époque les militaires français formaient officiellement l'armée rwandaise. On voit la nature de cette formation. (Vous pouvez écouter les témoignages d'Immaculée dans les séquences audio du site de la Commission d'enquête citoyenne)

D'autres témoignages ont été filmés au Rwanda par Georges Kapler, notre envoyé. Ils montrent des miliciens et des rescapés de Bisesero, tous concordants, qui disent que des militaires français auraient au minimum laissé faire les milices, sinon, les auraient encouragées, voire même aidées à "finir le travail" en débusquant par ruse les victimes pour le compte des miliciens. D'autres parlent de disparitions définitives de réfugiés, après convocation par des militaires français et de viols effectués par des militaires français sur des Tutsi réfugiés au camp de Nyarushishi.

Les militaires français de l'opération Turquoise étaient pourtant officiellement engagés dans une opération "humanitaire". Or tout montre qu'ils étaient à Bisesero pour nettoyer une poche de résistance qui s'est révélée être en fait le lieu d'un des plus grands massacre de Tutsi pendant le génocide. Certains militaires ont exprimé aux journalistes qu'ils auraient été manipulés. Par qui, si ce n'est par leurs chefs qui disposaient des meilleures informations sur le Rwanda ? Rappelons que les théories de la guerre révolutionnaire stipulent qu'un "COS", commando des opérations spéciales, obéït à une hiérarchie parallèle, et que ses exécutants n'ont jamais de vision de la stratégie globale. Les troupes envoyées à Bisesero faisaient partie de ces "COS".

Il est aussi apparu que les députés n'ont pas accepté dans leur rapport la version du Général Quesnot selon laquelle le FPR aurait aussitôt après l'attentat mis les troupes de l'APR en mouvement. Les députés avaient estimé que le FPR avait attendu 4 jours avant de bouger. Les propos du général Quesnot sont donc apparus comme un mensonge pur et simple aux députés français. Le général Quesnot était le premier patron des COS après François Mitterrand.

Ces COS nous apparaissent comme les éléments d'une garde présidentielle sans contrôle, qui menacent gravement la démocratie française.

Comme le suggère Jean-Paul Cruse, auteur d'"un corbeau au coeur de l'Etat", des éléments concordants nous laissent penser que les plus hauts responsables de la République sont tenus par un chantage qui, selon François-Xavier Verschave, porte une signature : "les génocides" au Rwanda, génocide au pluriel. Tous ceux qui formulent cette phrase seraient en fait menacés par un corbeau. Ils seraient ainsi complètement en désaccord avec le rapport de la mission d'information parlementaire sur le Rwanda qui a établi un seul génocide au Rwanda, comme la communauté internationale. Cet aspect extrêmement grave signifierait que des autorités élues ne sont pas libres sur ce sujet.

Nous avons longuement parlé d'un certain gendarme que les députés préfèrent prendre pour un "clown" selon la formule utilisée devant moi par Paul Quilès fin 1998 à Strasbourg. Les députés ont-ils peur de Paul Barril ? Nous remarquons aussi que Jean-Paul Cruse a travaillé pour le gendarme Paul Barril. L'enquête du juge Bruguière n'aurait-elle pas été lancée début 1998, entre autre pour donner un prétexte à Paul Barril pour ne pas être auditionné par les députés ? On peut se demander qui, véritablement, est le clown de cette histoire ? Le mercenaire Paul Barril est un "privé" étroitement lié aux rouages de la Défense Nationale et très impliqué dans les événements du Rwanda, ce qu'il confirme lui-même sur son site Internet.

Bien que nous en ayons très peu parlé au cours de la CEC, rappelons aussi que le juge Bruguière ne se serait jamais rendu au Rwanda... ce qui est un peu léger pour conclure sur l'attentat de Kigali et donner un caractère authentique à son enquête. Il est aussi apparu au cours de notre enquête, que d'après un expert, au moins un autre français que les membres de l'équipage était dans l'avion descendu le 6 avril 1994... ce que Stephen Smith n'a pas révélé dans Le Monde, à moins que le juge Bruguière, qui a peu enquêté, ne soit peu renseigné. Beaucoup font remarquer que le juge Bruguière est fréquemment associé à des enquêtes liées au secret défense...et peu susceptibles d'être révélées objectivement au grand public. Ce que Stephen Smith aurait lu dans son rapport, n'est pas forcément une vision complète de ce que le juge Bruguière a écrit... et rien ne prouve que Stephen Smith ait accès au secret défense, ce qui relativise beaucoup ses communications. Enfin souligons que personne en dehors du journaliste Stephen Smith ne prétend avoir pris connaissance du rapport du juge Bruguière. Ce rapport est une arlésienne ! (Voir notre page attentat du 6 avril)

Les autres éléments sont évoqués dans les conclusions provisoires de la commission. Ces conclusions provisoires ont été lues dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale à Paris le 27 mars 2004 en présence de Monsieur Pierre Brana, co-rapporteur de la mission d'information parlementaire sur le Rwanda en 1998, et dont nous saluons sa capacité à assumer personnellement et seul la totalité des travaux de ses anciens collègues, même pendant la campagne des élections régionales.

Des voix se sont élevées à juste titre pour qu'on oublie pas les Hutus qui ont été massacrés parce qu'ils étaient de vrais démocrates qui refusaient la solution finale du Hutu Power. La première d'entre eux est bien entendu Agathe Uwilingiyimana, premier ministre assassiné le 7 avril 1994. Elle a été tuée par la garde présidentielle rwandaise. Le colonel Bagosora, premier officier rwandais à avoir suivi l'école de guerre française, orchestrateur présumé du génocide, semble avoir été l'inspirateur et le coordinateur du coup d'état qui a renversé le gouvernement de madame Agathe Uwilingiyimana le 6 avril 1994. Devant de nombreux témoins, dont le général Dallaire et l'ambassadeur de France, Bagosora n'a pas cessé de contester avec acharnement la légitimité du premier ministe entre l'attentat et sa mort quelques heures plus tard. Bagosora a ainsi fait éliminer dès le début du génocide tous les responsables, répertoriés comme Hutu par l'administration rwandaise, susceptibles de géner son entreprise génocidaire.

Emmanuel Cattier, 28-31 mars, 19 avril 2004

La commission d'enquête citoyenne a tenu une conférence de presse le 3 février 2005

Cette conférence de presse a été tenue par les commissaires de la commission et les deux avocats qui ont déposé une première série de plaintes et préparent une deuxième série.

La première série de plaintes émane de victimes d'exactions de soldats français au camp de Nyarushishi en 1994. La deuxième série de plaintes concerne d'autres victimes de l'armée française pendant l'opération Turquoise.

Ces plaintes sont l'amorce d'une mise en cause juridique de responsables français dans le génocide, pour complicité et même éventuellement dans certains cas, si les juges le confirment, pour co-responsabilité dans le génocide.

Corrélativement, la CEC a présenté son rapport et une étude juridique de Géraud de La Pradelle, son président, dans laquelle l'auteur situe le contexte juridique dans lequel la justice devra travailler pour juger des responsables français.

Voir la suite des procédures sur le site de la CEC

Constitutions de parties civiles autour des plaintes de Rwandais contre des responsables français et obstruction systématique du parquet du Tribunal aux armées condamnée à deux reprises par la Cour d'Appel de Paris en mai et juillet 2006

Lire sur le site de la CEC

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