Sommaire
Époque pré coloniale ^
Lors de la colonisation, les ethnologues européens et pères
blancs de l'Église catholique contribuèrent à diffuser
une histoire du Rwanda, aujourd'hui largement remise en cause. Les premiers
habitants auraient été des Pygmées, certainement
des ancêtres des Twa actuels.
Les premiers signes de présence humaine
au Rwanda datent de 1000 ans av. J.-C. Des archéologues ont découvert
les traces d'une civilisation maîtrisant le fer et la poterie. Les
ethnologues et pères blancs affirment que cette population venait
de l'actuelle République démocratique du Congo. C'est à
cette époque là qu'ils considèrent que les tous premiers
Hutu (originaires de l'Ouest) et Tutsi (originaires du Nord) sont arrivés
dans l'actuel Rwanda. C'est vers le Xe siècle que le Rwanda commence
à se transformer en une véritable nation.
Pour les pères blancs la population
du Rwanda était divisée, jusqu'à l'arrivée
des premiers colons, en trois groupes :
- Les agriculteurs Hutu
- les éleveurs Tutsi
- les pygmées Twa
Les responsables du pays étaient ainsi répartis :
- les chefs de sol, principalement des Hutu
- les chefs de pâturages, des Tutsi
- les chefs des armées, également des Tutsi
Cette catégorisation est aujourd'hui
remise en cause. La réalité est bien plus complexe, les
catégories Hutu, Tutsi, Twa étant variables, non figées
(on pouvait plus ou moins passer d'un groupe à l'autre selon les
mariages et les biens que l'on avait) et n'étant qu'un critère
parmi d'autres. Rappelons qu'il n'y a pas de différences «
ethnique » puisque l'ensemble de la population partageait la même
langue, même religion et même culture.
Époque coloniale ^
Les premiers européens qui évoquèrent
le Rwanda dans leurs récits indirects furent Richard Burton et
John Hanning Speke, au milieu du XIXe siècle. Ce pays est également
évoqué en 1885 lors de la conférence de Berlin par
Henry Morton Stanley.
Après la brève incursion de
4 jours en 1892 d'un explorateur autrichien, en 1894 le comte allemand
Gustav Adolf von Götzen entre officiellement au Rwanda à la
tête d'une troupe de 620 soldats. Le Rwanda est ainsi probablement
le dernier pays découvert et colonisé en Afrique par les
Européens.
En 1916, pendant la Première Guerre
mondiale, les Belges chassent les Allemands du Rwanda et occupent à
leur tour le pays. En 1919 le Traité de Versailles attribue le
Rwanda à la Belgique, et en 1924 la Société des Nations
confie à la Belgique un mandat de tutelle sur ce pays. Le gouvernement
colonial s'appuie sur les autorités locales en place, le Mwami
Yuhi Musinga et l'aristocratie Tutsi.
En 1931, Yuhi Musinga, qui refuse de se faire
baptiser, est obligé de partir en exil dans l'actuelle République
démocratique du Congo. La Belgique confit le pouvoir à son
fils le Mwami Mutara Rudahigwa, converti au catholicisme. La Carte d'identité
ethnique est instituée.
Les missions catholiques prennent de plus
en plus d'importance dans le pays. Elles se chargent de l'éducation
sur tout le territoire.
En 1956, Mutara Rudahigwa commence à
demander l'indépendance du pays auprès de l'ONU.
C'est également dans les années
cinquante que la question de « l'ethnie », concept inventé
par les ethnologues européens, et la question dite « ethnique
» est devenu « raciale » (pour la genèse de cette
idéologie voir Gobineau, Vacher de Lapouge) avec l'idéologie
et la propagande politique diffusée par l'Église et les
hommes politiques.
L'indépendance ^
Le 25 juillet 1959, Mutara Rudahigwa meurt
dans des conditions mystérieuses. Kigeli V Ndahindurwa est alors
placé au pouvoir par les conseillers de Mutara Rudahigwa. Avec
le soutien de l'Église, les Hutu refusent cette succession. Ils
veulent être intégrés au nouveau gouvernement. Des
manifestations dégénèrent en révoltes après
l'assassinat d'un homme politique hutu. Les Tutsi étant en minorité,
ils sont pourchassés et massacrés, le pays plonge alors
en pleine guerre civile.
En 1960, l'ancien gouvernement de Kigeli Ndahindurwa
quitte le pays vers l'Ouganda, ainsi que plus de 200 000 tutsi.
En janvier 1961, un référendum
est organisé, 80% des votants veulent la mise en place d'une république.
En septembre 1961, le parti politique hutu,
Parmehutu, obtient 78% des sièges de l'Assemblée nationale
du Rwanda. Le 26 octobre 1961, Grégoire Kayibanda devient le premier
président de la République du Rwanda.
Le Conseil de tutelle de l'ONU insiste pour
que la Belgique proclame l'indépendance du Rwanda. C'est chose
faite le 1er juillet 1962.
La première République
hutu ^
Les événements
de décembre 1963 ^
Les Tutsi exilés essayent de revenir
sur le territoire rwandais par la force en 1963 : ils échouent.
De nouveaux massacres sont commis contre les tutsi vivant au Rwanda. (Cf.
Le Monde du 4 février 1964)
Les événements
de 1973 ^
Une campagne d'épuration
ethnique dans l'enseignement ^
À la suite d'une violente campagne
anti-tutsi dans les institutions scolaires, en juillet 1973, Grégoire
Kayibanda est destitué par son ministre de la défense, le
général Juvénal Habyarimana. Une nouvelle vague de
Tutsi prendront le chemin de l'exil à la suite de ces événements.
Le coup d'état de
Juvénal Habyarimana ^
Grégoire Kayibanda et une grande partie
de son dernier gouvernement mourront en prison, faute de soin.
La deuxième République
hutu ^
Les années de séduction ^
Après son coup d'état, le général
Juvénal Habyarimana semble ne plus vouloir pratiquer la politique
de discrimination ethnique de Grégoire Kayibanda, empêchant
les Tutsi d'accéder à des postes de responsabilité
politique. Pourtant, il applique un système de quotas. Seulement
10% des Tutsi seront admis dans les écoles, les universités
et les emplois et presque aucun Tutsi n'accèdera à un poste
de maire ou de préfet. Si quelques Tutsi réussirent à
se développer économiquement en sachant habilement prendre
de l'ascendant sur le pouvoir, comme Valens Kajeguhagwa (ami de Pasteur
Bizimungu qui deviendra membre de l'Akasu), d'autres payèrent leur
succès en subissant emprisonnements arbitraires et confiscation
de leurs biens. Valens Kajeguhagwa finira par subir le même sort
avant de s'enfuir rejoindre le FPR avec Pasteur Bizimungu en 1990.
En 1975, Juvénal Habyarimana fonde
son parti, le Mouvement révolutionnaire national pour le développement
(MRND). En 1978, il change la Constitution et fait adopter un régime
à parti unique.
Malgré sa dictature, Juvénal
Habyarimana réussira à séduire les démocraties
occidentales et à faire passer son pays pour la « Suisse
de l'Afrique ». L'aide internationale au développement arrivera.
Les travaux collectifs « umuganda »,
service civique imposé le samedi, sont utilisés pour stimuler
des actions de développement. De nombreux projets de développement,
facilités par des jumelages avec des collectivités locales
européennes (Belgique, France, Allemagne, Suisse, etc) soulignent
ces bonnes relations entre l'Europe est le Rwanda.
Les Eglises sont très actives aussi
dans ces projets. Le Pape se rendra au Rwanda très catholique en
septembre 1990.
Sous la pression de la « communauté
internationale », notamment du discours de La Baule de François
Mitterrand le 20 juin 1990, Juvénal Habyarimana abandonne le 5
juillet 1990 la présidence de son parti unique et décide
de changer la Constitution pour donner naissance à une démocratie
en autorisant la création de partis politiques.
L'attaque des exilés
Tutsi le premier octobre 1990 ^
Les exilés Tutsi s'organisent et créent
le Front patriotique rwandais (FPR). Le 1 octobre 1990, venant de l'Ouganda,
le FPR entre en force au nord du Rwanda. Le Président Habyarimana
appelle la France à le soutenir. Des troupes françaises
sont envoyées dès le 4 octobre 1990 pour soutenir le Président
Habyarimana.
Sur le terrain la progression du FPR fut marquée
par les déplacements massifs des populations hutu de Byumba et
Ruhengeri, fuyant les combats ou incitées par les FAR (Forces armées
rwandaises, l'armée du régime) à les suivre dans
leur retraite. Environ un million de personnes furent déplacées.
Ce déracinement fut propice au recrutement d'Interahamwe parmi
les jeunes. Le régime diabolisait le FPR pour éviter que
les populations soient séduites par ces nouveaux venus. Les FAR
étaient positionnées parmi ces populations et des civils
furent tués dans les combats avec le FPR. Par exemple, à
Mulindi, qui devint le quartier général du FPR, les FAR
s'étaient retranchées dans l'"usine à thé"
pour se battre contre la progression du FPR. L'usine fut pilonnée
par le FPR et beaucoup d'employés, Hutu comme Tutsi, furent tués.
Le général Dallaire raconte
comment il a vu le Colonel Bagosora bloqué sur une route au milieu
de mines posées trop tôt par les FAR alors qu'il rentrait
d'une négociation avec le FPR.
D'une manière générale
les FAR attribuèrent au FPR tous les morts de ces combats. Elles
les accusent d'avoir massacré et déporté les populations
hutu.
Les massacres de Tutsi de
l'intérieur ^
Parallèlement les autorités
de Kigali ont entamé dès octobre 1990 une politique de traque
des Tutsi à l'intérieur du Rwanda. Plus de 10 000 Tutsi
sont emprisonnés. La majorité d'entre eux échappe
aux exécutions envisagées grâce aux interventions
de la communauté internationale et des ONG. L'ambassadeur de Belgique
prendra spectaculairement et courageusement la parole au nom des Droits
de l'Homme au milieu de milliers de Tutsi détenus dans la stade
Amahoro à Kigali. Malgré ces interventions, plusieurs dizaines
de prisonniers succombèrent aux tortures pendant les interrogatoires
dans les diverses prisons du pays.
Dans le Nord-ouest du pays le massacre des
Bagogwe est organisé dans des camps où sont aussi installés
les formateurs de l'armée française qui prétendent
n'avoir rien remarqué. Ce massacre sera perçu comme une
répétition du génocide. Les autres Tutsi sont traqués
par leur voisinage, au gré de l'obéissance des autorités
locales aux injonctions gouvernementales. La Fédération
internationale des Droits de l'Homme fera deux rapports en 1992 et 1993
sur ces événements pré-génocidaires.
Des manifestations démocratiques
à Kigali ^
Les efforts faits en Europe pour médiatiser
et soutenir l'aide au Rwanda dans les années 1980 ont tissé
un efficace réseau de solidarité européen, dans des
opérations de jumelages et de coopération. Ce réseau
aura beaucoup de mal à admettre l'évolution interne du régime
Rwandais, d'autant plus que ces événements s'accompagnent
d'un engagement vers le multipartisme et d'une poussée populaire
demandant la démocratie.
Des manifestations publiques sont menées
par les nouveaux partis de l'opposition. On verra jusqu'à cent
mille manifestants dans les rues de Kigali en janvier 1992. Des manifestations
auront aussi lieu dans d'autres villes. Ces mouvements étonnants,
traduisent en fait une convergence de malaises dans le pays. Le Sud du
pays se révolte contre l'accaparement du pouvoir par les Hutu du
Nord et souhaitent que le FPR ne soit pas considéré comme
un ennemi de l'extérieur. Ils demandent un gouvernement de transition
pour redistribuer le pouvoir dans le pays et poursuivre des négociations
véritables avec le FPR.
Les événements qui suivent apparaissent
comme une reprise en main par le pouvoir en mars 1992. Des massacres de
Tutsi qui contiennent en germe les méthodes même du génocide,
(Radio Rwanda interviendra dans l'appel au massacre), sont commis dans
le Bugesera au sud-est du Rwanda. Les durs du régime créent
la Coalition de défense de la République (CDR), et en même
temps une milice nommée « Impuzamugambi » (ceux qui
poursuivent le même but). Les milices Interahamwe, qui assimileront
les autres milices pendant le génocide, sont aussi créées
pendant cette période par le MRND, le parti du président.
Mais la ministre de l'Education nationale,
Agathe Uwilingiyimana, une enseignante du sud du Rwanda, imposera un contrôle
policier de la bonne tenue des examens. Beaucoup moins de jeunes hutu
du Nord (la région du président) seront cette année
là reçus aux examens. Un commando agressera Agathe Uwilingiyimana.
Des milliers de Rwandaises braveront les menaces armées des Interahamwe
dans la rue, se regroupant dans une manifestation par solidarité
avec Agathe Uwilingiyimana à la fin de l'été 1992.
Les accords d'Arusha ^
A partir de 1992, les négociations
d'Arusha, conduites en Tanzanie avec le FPR et dont les accords sont signés
en août 1993, prévoient à terme l'intégration
politique et militaire des différentes composantes internes et
externes de la nation rwandaise. L'armée française se retire
fin 1993, conformément aux négociations d'Arusha, pour laisser
l'ONU déployer au Rwanda une mission de paix, la Minuar. Un détachement
de six cent soldats du FPR est autorisé par les négociations
d'Arusha à s'installer au CND (parlement rwandais). À la
stupeur de la Minuar qui craignait le pire lors de ce transfert, ce détachement
est acclamé par la foule à son arrivée à Kigali
le 28 décembre 1993. Cet accueil chaleureux est sans doute un écho
des manifestations de 1992 dans les rues de Kigali.
La mise en œuvre de ces accords est
partiellement retardée par le président Habyarimana, dont
les alliés extrémistes de la CDR (Coalition de Défense
de la République) n'acceptent pas les termes. Madame Agathe Uwilingiyimana
est choisie comme premier ministre pendant les négociations d'Arusha,
mais en vertu des accords aurait du être remplacée depuis
plusieurs mois par Faustin Twagiramungu.
Le génocide, d'avril
à juillet 1994 ^
Le déclencheur visible du génocide
est l'attentat contre les présidents rwandais et burundais, qui
intervient dans ce contexte le 6 avril 1994. Cet attentat, dont les soldats
Belges de la Minuar sont aussitôt accusés par la radio des
mille collines, est ensuite attribué au FPR par les uns, aux extrémistes
hutu par les autres et même aux Français selon des indices
rapportés par Colette Braeckman, journaliste au journal Le Soir.
Le lendemain le premier ministre, Madame Agathe Uwilingiyimana, les soldats
belges de la Minuar qui assurent sa protection et des personnalités
politiques modérées, susceptibles de faire échouer
le projet génocidaire, sont assassinées par la garde présidentielle.
Faustin Twagiramungu échappe de justesse aux tueurs grâce
à la Minuar et est évacué en Belgique par les soldats
belges.
A partir du 7 avril 1994, le projet génocidaire
est exécuté par les extrémistes hutu de l'entourage
du Président Habyarimana, constitués aussitôt après
sa mort en gouvernement intérimaire sous l'instigation du colonel
Bagosora. La plupart des membres de ce gouvernement intérimaire
ont été jugés ou sont en cours de jugement devant
le Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Au moins huit cent mille personnes ont été
massacrées, avec des méthodes et un acharnement particulièrement
horribles. Ont été victimes à plus de 90 % des Tutsi,
parce qu'ils étaient nés Tutsi ou des Hutu parce qu'ils
étaient « modérés » et considérés
comme complices des Tutsi ou suspectés d'être des Tutsi qui
avaient fait modifier leur carte d'identité ethnique ou simplement
avaient un faciès Tutsi, tel que défini par les théoriciens
occidentaux des années 20.
Les autorités rwandaises évaluent
aujourd'hui le nombre de tueurs directs à plus de cinq cent mille,
sans compter cette partie de la population qui assistait, soutenait et
profitait des crimes. Ce fut un génocide « populaire »
encouragé heure par heure par la radio télévision
des mille collines, créée à cette fin.
Ce génocide fut l'un des quatre génocides
du XXe siècle reconnus par les institutions internationales et
répondant à la définition juridique internationale.
Après le génocide ^
Une période de transition
politique - 1994 à 2003 ^
Le 4 juillet 1994, le FPR prend la capitale,
Kigali, et constitue le 19 juillet un gouvernement sur la base des accords
d'Arusha, première étape de la reconstruction de l'État
rwandais. Une période de transition politique est décrétée.
Le président de la République
est un ancien Hutu ayant rejoint le FPR, monsieur Pasteur Bizimungu, homme
d'affaire, administrateur de banque, ayant occupé le poste de président
directeur général de l'entreprise publique « Électro-Gaz
» jusqu'au moment de sa fuite du Rwanda en 1990. Le Premier ministre
est également d'origine Hutu, ainsi que plusieurs autres ministres,
dont celui de la justice. Mais « l'homme fort » du Rwanda
est le général major Paul Kagame, vice-président
et ministre de la défense, co-fondateur du FPR, ancien exilé
Tutsi en Ouganda.
L'un des problèmes les plus aigus après
le génocide est de rendre la justice. Très vite ce sont
130 000 présumés génocidaires qui sont emprisonnés.
Ils ne représentent qu'une faible proportion du nombre de tueurs.
(cela équivaudrait en France à un million de prisonniers...)
Il ne reste qu'une petite dizaine de juges et l'administration judiciaire
est détruite. Beaucoup de rescapés vivent dans le voisinage
des tueurs de leur famille. La question de la réconciliation est
souvent mise en avant comme solution politique, très mal acceptée
par les rescapés.
Le Tribunal pénal international pour
le Rwanda est constitué par l'ONU fin 1994 par la résolution
955 du Conseil de sécurité.[1] :
« 1. Décide par la présente résolution,
comme suite à la demande qu'il a reçue du Gouvernement
rwandais (S/1994/1115), de créer un tribunal international chargé
uniquement de juger les personnes présumées responsables
d'actes de génocide ou d'autres violations graves du droit international
humanitaire commis sur le territoire du Rwanda et les citoyens rwandais
présumés responsables de tels actes ou violations commis
sur le territoire d'États voisins, entre le 1er janvier et le
31 décembre 1994, et d'adopter à cette fin le Statut du
Tribunal criminel international pour le Rwanda annexé à
la présente résolution; »
Les opposants au FPR voient dans cette résolution
une obligation pour le TPIR de juger aussi les auteurs de l'attentat du
6 avril 1994 contre les Présidents Habyarimana et Juvénal
et Ntaryamira Cyprien et d'autres crimes contre l'humanité attribués
au FPR et accusent les responsables de ce tribunal de partialité.
Le FPR de son côté y voit aussi une possibilité que
des responsables français soient jugés pour complicité
de génocide.
Les forces génocidaires repliées
au Zaïre, anciennes FAR et milices Interahamwe, menacent continuellement
le Rwanda par des infiltrations violentes semant la terreur dans le nord-ouest,
montrant à l'évidence la volonté de « finir
le travail » et de reconquérir le pays. En 1996, pour venir
à bout de cette rébellion, le Rwanda s'allie avec l'Ouganda
et les rebelles de l'Est du Zaïre. Cette coalition militaire conquiert
le Zaïre quatre-vingt-dix fois plus grand que le Rwanda, et renverse
en 1997 son président, Mobutu Sese Seko (Première guerre
du Congo puis Deuxième guerre du Congo). Des populations civiles
rwandaises réfugiées au Zaïre, souvent otages des forces
génocidaires repliées, subissent sans distinction des massacres
de la part de cette coalition. Une dizaine de pays africains prennent
part à ce conflit qui entraîne la perte de 3 à 4 millions
de Congolais.
Après la prolongation de la période
de transition, plusieurs changements de premiers ministres, la démission
du président de l'assemblée nationale, Pasteur Bizimungu
démissionne en 2000. Paul Kagame est élu président
de la République par l'assemblée nationale de transition.
La difficulté de juger les nombreux
prisonniers, qui croupissent dans les prisons rwandaises fait surgir l'idée
de relancer les Gacaca, structures de justice traditionnelle. Littéralement,
Gacaca signifie « gazon ». On forme rapidement des personnes
intègres pour présider ces tribunaux populaires. Autre initiative,
des prisonniers de certaines catégories sont relâchés,
sans être amnistiés, avant de passer devant les Gacaca. Ces
décisions ravivent, dans la société rwandaise et
la diaspora, le débat controversé sur la réconciliation.
En 2002, l'armée rwandaise quitte officiellement
la République démocratique du Congo, (ex-Zaïre depuis
1997). Mais des rumeurs insistantes en RDC affirment que de nombreux soldats
rwandais y sont restés, ce qui n'a jamais pu être vérifié
par les organisations internationales et fut toujours démenti fermement
par le Rwanda.
Malgré les immenses difficultés
pour reconstruire le pays qui ont marqué la période de transition,
la pression de la communauté internationale aidant, le pouvoir
rwandais prépare une constitution et des élections au suffrage
universel pour 2003. A tort ou à raison, la crainte des rescapés
tutsi de voir le pouvoir à nouveau entre les mains de supposés
proches des génocidaires est réveillée et des intimidations
des candidats, et des électeurs pour qu'ils votent pour le pouvoir
en place, sont remarquées.
En 2002, accusé de « divisionnisme
», l'ancien président de la république, Pasteur Bizimungu,
est arrêté et mis en prison. Il est accusé d'avoir
constitué un parti politique d'opposition non autorisé par
les accords d'Arusha (qui limitaient les partis à ceux qui les
avaient signés), des malversations financières et d'avoir
publié un article où il manipule les concepts « Hutu/Tutsi
». Il est condamné à quinze ans de prison. Beaucoup
à travers le monde verront dans cette condamnation l'élimination
d'un opposant politique qui s'appuie sur l'idée ethnique qu'il
est hutu.
Le MDR, signataire des accords d'Arusha, accusé
d'abriter en son sein un courant idéologique génocidaire,
est dissout par les députés. Une association des droits
de l'homme est aussi menacée pour les mêmes raisons.
C'est dans ce climat de suspicion de «
division » que se déroulent les élections en 2003.
Les consultations électorales
de 2003 ^
La constitution adoptée par référendum
- 26 mai 2003 ^
Inspirée des principales constitutions
occidentales, elle laisse néanmoins une large place aux problèmes
spécifiques du Rwanda post-génocidaire, inscrivant dans
la constitution le refus de l'ethnisme hérité du colonialisme.
Elle crée aussi des outils juridiques pour favoriser la place des
femmes dans la vie politique.
L'élection présidentielle au
suffrage universel - 25 août 2003 ^
Monsieur Paul Kagame est élu président
de la République contre son principal opposant, Faustin Twagiramungu
[2], du MDR dissous. Le score de Paul Kagame, 95%, suggère un manque
de liberté dans le processus électoral. Des membres du comité
de soutien à Faustin Twagiramungu ont été arrêtés
la veille du scrutin. Certains ont subit des violences avant d'être
relâchés. Les observateurs de la communauté européenne
ont émis des critiques, regrettant des pressions exercées
sur le corps électoral, et ont constaté des fraudes, même
s'ils reconnaissent qu'un pas important vers la démocratie a été
franchi.
Les élections législative au
suffrage universel - 2 octobre 2003 ^
Les députés favorables à
Paul Kagame obtiennent la majorité des sièges.
49% des députés sont des femmes,
ainsi qu'une très forte proportion de sénateurs et de ministres,
ce qui fait du Rwanda le pays le plus avancé au monde en matière
de participation des femmes au pouvoir politique.
Mise en place des «
Gacaca » ^
Le 15 janvier 2005, huit mille nouvelles juridictions
« Gacaca », (tribunaux populaires chargés de juger
les auteurs présumés du génocide de 1994), ont entamé
la phase administrative de leur travail. Elles viennent se rajouter aux
750 « Gacaca » pilotes mises en place depuis 2001. Les «
gacaca » sont inspirées des anciennes assemblées villageoises.
L'expérience des « gacaca » pilotes laisse penser qu'il
y aura au moins sept cent cinquante mille personnes dénoncées
et jugées par ces assemblées populaires.
Voir aussi ^
- Histoire du Rwanda
- Pères blancs : Centenaire de l'Evangélisation au Rwanda
8 février 2000 à Save
- Commission juridique et constitutionnelle du Rwanda
- La nuit rwandaise - L'implication française dans le dernier
génocide du XXeme siècle
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