Cliquez sur les chapeaux des titres de paragraphes pour remonter dans la page ------- précédent - menu - suivant

Histoire du Rwanda

 

Sommaire

Époque pré coloniale

Époque coloniale

L'indépendance

La première République hutu

La deuxième République hutu

Le génocide, d'avril à juillet 1994

Après le génocide

Voir aussi

Époque pré coloniale ^

Lors de la colonisation, les ethnologues européens et pères blancs de l'Église catholique contribuèrent à diffuser une histoire du Rwanda, aujourd'hui largement remise en cause. Les premiers habitants auraient été des Pygmées, certainement des ancêtres des Twa actuels.

Les premiers signes de présence humaine au Rwanda datent de 1000 ans av. J.-C. Des archéologues ont découvert les traces d'une civilisation maîtrisant le fer et la poterie. Les ethnologues et pères blancs affirment que cette population venait de l'actuelle République démocratique du Congo. C'est à cette époque là qu'ils considèrent que les tous premiers Hutu (originaires de l'Ouest) et Tutsi (originaires du Nord) sont arrivés dans l'actuel Rwanda. C'est vers le Xe siècle que le Rwanda commence à se transformer en une véritable nation.

Pour les pères blancs la population du Rwanda était divisée, jusqu'à l'arrivée des premiers colons, en trois groupes :

  • Les agriculteurs Hutu
  • les éleveurs Tutsi
  • les pygmées Twa

Les responsables du pays étaient ainsi répartis :

  • les chefs de sol, principalement des Hutu
  • les chefs de pâturages, des Tutsi
  • les chefs des armées, également des Tutsi

Cette catégorisation est aujourd'hui remise en cause. La réalité est bien plus complexe, les catégories Hutu, Tutsi, Twa étant variables, non figées (on pouvait plus ou moins passer d'un groupe à l'autre selon les mariages et les biens que l'on avait) et n'étant qu'un critère parmi d'autres. Rappelons qu'il n'y a pas de différences « ethnique » puisque l'ensemble de la population partageait la même langue, même religion et même culture.


Époque coloniale ^

Les premiers européens qui évoquèrent le Rwanda dans leurs récits indirects furent Richard Burton et John Hanning Speke, au milieu du XIXe siècle. Ce pays est également évoqué en 1885 lors de la conférence de Berlin par Henry Morton Stanley.

Après la brève incursion de 4 jours en 1892 d'un explorateur autrichien, en 1894 le comte allemand Gustav Adolf von Götzen entre officiellement au Rwanda à la tête d'une troupe de 620 soldats. Le Rwanda est ainsi probablement le dernier pays découvert et colonisé en Afrique par les Européens.

En 1916, pendant la Première Guerre mondiale, les Belges chassent les Allemands du Rwanda et occupent à leur tour le pays. En 1919 le Traité de Versailles attribue le Rwanda à la Belgique, et en 1924 la Société des Nations confie à la Belgique un mandat de tutelle sur ce pays. Le gouvernement colonial s'appuie sur les autorités locales en place, le Mwami Yuhi Musinga et l'aristocratie Tutsi.

En 1931, Yuhi Musinga, qui refuse de se faire baptiser, est obligé de partir en exil dans l'actuelle République démocratique du Congo. La Belgique confit le pouvoir à son fils le Mwami Mutara Rudahigwa, converti au catholicisme. La Carte d'identité ethnique est instituée.

Les missions catholiques prennent de plus en plus d'importance dans le pays. Elles se chargent de l'éducation sur tout le territoire.

En 1956, Mutara Rudahigwa commence à demander l'indépendance du pays auprès de l'ONU.

C'est également dans les années cinquante que la question de « l'ethnie », concept inventé par les ethnologues européens, et la question dite « ethnique » est devenu « raciale » (pour la genèse de cette idéologie voir Gobineau, Vacher de Lapouge) avec l'idéologie et la propagande politique diffusée par l'Église et les hommes politiques.


L'indépendance ^

Le 25 juillet 1959, Mutara Rudahigwa meurt dans des conditions mystérieuses. Kigeli V Ndahindurwa est alors placé au pouvoir par les conseillers de Mutara Rudahigwa. Avec le soutien de l'Église, les Hutu refusent cette succession. Ils veulent être intégrés au nouveau gouvernement. Des manifestations dégénèrent en révoltes après l'assassinat d'un homme politique hutu. Les Tutsi étant en minorité, ils sont pourchassés et massacrés, le pays plonge alors en pleine guerre civile.

En 1960, l'ancien gouvernement de Kigeli Ndahindurwa quitte le pays vers l'Ouganda, ainsi que plus de 200 000 tutsi.

En janvier 1961, un référendum est organisé, 80% des votants veulent la mise en place d'une république.

En septembre 1961, le parti politique hutu, Parmehutu, obtient 78% des sièges de l'Assemblée nationale du Rwanda. Le 26 octobre 1961, Grégoire Kayibanda devient le premier président de la République du Rwanda.

Le Conseil de tutelle de l'ONU insiste pour que la Belgique proclame l'indépendance du Rwanda. C'est chose faite le 1er juillet 1962.


La première République hutu ^


Les événements de décembre 1963 ^

Les Tutsi exilés essayent de revenir sur le territoire rwandais par la force en 1963 : ils échouent. De nouveaux massacres sont commis contre les tutsi vivant au Rwanda. (Cf. Le Monde du 4 février 1964)


Les événements de 1973 ^

Une campagne d'épuration ethnique dans l'enseignement ^

À la suite d'une violente campagne anti-tutsi dans les institutions scolaires, en juillet 1973, Grégoire Kayibanda est destitué par son ministre de la défense, le général Juvénal Habyarimana. Une nouvelle vague de Tutsi prendront le chemin de l'exil à la suite de ces événements.


Le coup d'état de Juvénal Habyarimana ^

Grégoire Kayibanda et une grande partie de son dernier gouvernement mourront en prison, faute de soin.


La deuxième République hutu ^


Les années de séduction ^

Après son coup d'état, le général Juvénal Habyarimana semble ne plus vouloir pratiquer la politique de discrimination ethnique de Grégoire Kayibanda, empêchant les Tutsi d'accéder à des postes de responsabilité politique. Pourtant, il applique un système de quotas. Seulement 10% des Tutsi seront admis dans les écoles, les universités et les emplois et presque aucun Tutsi n'accèdera à un poste de maire ou de préfet. Si quelques Tutsi réussirent à se développer économiquement en sachant habilement prendre de l'ascendant sur le pouvoir, comme Valens Kajeguhagwa (ami de Pasteur Bizimungu qui deviendra membre de l'Akasu), d'autres payèrent leur succès en subissant emprisonnements arbitraires et confiscation de leurs biens. Valens Kajeguhagwa finira par subir le même sort avant de s'enfuir rejoindre le FPR avec Pasteur Bizimungu en 1990.

En 1975, Juvénal Habyarimana fonde son parti, le Mouvement révolutionnaire national pour le développement (MRND). En 1978, il change la Constitution et fait adopter un régime à parti unique.

Malgré sa dictature, Juvénal Habyarimana réussira à séduire les démocraties occidentales et à faire passer son pays pour la « Suisse de l'Afrique ». L'aide internationale au développement arrivera.

Les travaux collectifs « umuganda », service civique imposé le samedi, sont utilisés pour stimuler des actions de développement. De nombreux projets de développement, facilités par des jumelages avec des collectivités locales européennes (Belgique, France, Allemagne, Suisse, etc) soulignent ces bonnes relations entre l'Europe est le Rwanda.

Les Eglises sont très actives aussi dans ces projets. Le Pape se rendra au Rwanda très catholique en septembre 1990.

Sous la pression de la « communauté internationale », notamment du discours de La Baule de François Mitterrand le 20 juin 1990, Juvénal Habyarimana abandonne le 5 juillet 1990 la présidence de son parti unique et décide de changer la Constitution pour donner naissance à une démocratie en autorisant la création de partis politiques.


L'attaque des exilés Tutsi le premier octobre 1990 ^

Les exilés Tutsi s'organisent et créent le Front patriotique rwandais (FPR). Le 1 octobre 1990, venant de l'Ouganda, le FPR entre en force au nord du Rwanda. Le Président Habyarimana appelle la France à le soutenir. Des troupes françaises sont envoyées dès le 4 octobre 1990 pour soutenir le Président Habyarimana.

Sur le terrain la progression du FPR fut marquée par les déplacements massifs des populations hutu de Byumba et Ruhengeri, fuyant les combats ou incitées par les FAR (Forces armées rwandaises, l'armée du régime) à les suivre dans leur retraite. Environ un million de personnes furent déplacées. Ce déracinement fut propice au recrutement d'Interahamwe parmi les jeunes. Le régime diabolisait le FPR pour éviter que les populations soient séduites par ces nouveaux venus. Les FAR étaient positionnées parmi ces populations et des civils furent tués dans les combats avec le FPR. Par exemple, à Mulindi, qui devint le quartier général du FPR, les FAR s'étaient retranchées dans l'"usine à thé" pour se battre contre la progression du FPR. L'usine fut pilonnée par le FPR et beaucoup d'employés, Hutu comme Tutsi, furent tués.

Le général Dallaire raconte comment il a vu le Colonel Bagosora bloqué sur une route au milieu de mines posées trop tôt par les FAR alors qu'il rentrait d'une négociation avec le FPR.

D'une manière générale les FAR attribuèrent au FPR tous les morts de ces combats. Elles les accusent d'avoir massacré et déporté les populations hutu.


Les massacres de Tutsi de l'intérieur ^

Parallèlement les autorités de Kigali ont entamé dès octobre 1990 une politique de traque des Tutsi à l'intérieur du Rwanda. Plus de 10 000 Tutsi sont emprisonnés. La majorité d'entre eux échappe aux exécutions envisagées grâce aux interventions de la communauté internationale et des ONG. L'ambassadeur de Belgique prendra spectaculairement et courageusement la parole au nom des Droits de l'Homme au milieu de milliers de Tutsi détenus dans la stade Amahoro à Kigali. Malgré ces interventions, plusieurs dizaines de prisonniers succombèrent aux tortures pendant les interrogatoires dans les diverses prisons du pays.

Dans le Nord-ouest du pays le massacre des Bagogwe est organisé dans des camps où sont aussi installés les formateurs de l'armée française qui prétendent n'avoir rien remarqué. Ce massacre sera perçu comme une répétition du génocide. Les autres Tutsi sont traqués par leur voisinage, au gré de l'obéissance des autorités locales aux injonctions gouvernementales. La Fédération internationale des Droits de l'Homme fera deux rapports en 1992 et 1993 sur ces événements pré-génocidaires.


Des manifestations démocratiques à Kigali ^

Les efforts faits en Europe pour médiatiser et soutenir l'aide au Rwanda dans les années 1980 ont tissé un efficace réseau de solidarité européen, dans des opérations de jumelages et de coopération. Ce réseau aura beaucoup de mal à admettre l'évolution interne du régime Rwandais, d'autant plus que ces événements s'accompagnent d'un engagement vers le multipartisme et d'une poussée populaire demandant la démocratie.

Des manifestations publiques sont menées par les nouveaux partis de l'opposition. On verra jusqu'à cent mille manifestants dans les rues de Kigali en janvier 1992. Des manifestations auront aussi lieu dans d'autres villes. Ces mouvements étonnants, traduisent en fait une convergence de malaises dans le pays. Le Sud du pays se révolte contre l'accaparement du pouvoir par les Hutu du Nord et souhaitent que le FPR ne soit pas considéré comme un ennemi de l'extérieur. Ils demandent un gouvernement de transition pour redistribuer le pouvoir dans le pays et poursuivre des négociations véritables avec le FPR.

Les événements qui suivent apparaissent comme une reprise en main par le pouvoir en mars 1992. Des massacres de Tutsi qui contiennent en germe les méthodes même du génocide, (Radio Rwanda interviendra dans l'appel au massacre), sont commis dans le Bugesera au sud-est du Rwanda. Les durs du régime créent la Coalition de défense de la République (CDR), et en même temps une milice nommée « Impuzamugambi » (ceux qui poursuivent le même but). Les milices Interahamwe, qui assimileront les autres milices pendant le génocide, sont aussi créées pendant cette période par le MRND, le parti du président.

Mais la ministre de l'Education nationale, Agathe Uwilingiyimana, une enseignante du sud du Rwanda, imposera un contrôle policier de la bonne tenue des examens. Beaucoup moins de jeunes hutu du Nord (la région du président) seront cette année là reçus aux examens. Un commando agressera Agathe Uwilingiyimana. Des milliers de Rwandaises braveront les menaces armées des Interahamwe dans la rue, se regroupant dans une manifestation par solidarité avec Agathe Uwilingiyimana à la fin de l'été 1992.


Les accords d'Arusha ^

A partir de 1992, les négociations d'Arusha, conduites en Tanzanie avec le FPR et dont les accords sont signés en août 1993, prévoient à terme l'intégration politique et militaire des différentes composantes internes et externes de la nation rwandaise. L'armée française se retire fin 1993, conformément aux négociations d'Arusha, pour laisser l'ONU déployer au Rwanda une mission de paix, la Minuar. Un détachement de six cent soldats du FPR est autorisé par les négociations d'Arusha à s'installer au CND (parlement rwandais). À la stupeur de la Minuar qui craignait le pire lors de ce transfert, ce détachement est acclamé par la foule à son arrivée à Kigali le 28 décembre 1993. Cet accueil chaleureux est sans doute un écho des manifestations de 1992 dans les rues de Kigali.

La mise en œuvre de ces accords est partiellement retardée par le président Habyarimana, dont les alliés extrémistes de la CDR (Coalition de Défense de la République) n'acceptent pas les termes. Madame Agathe Uwilingiyimana est choisie comme premier ministre pendant les négociations d'Arusha, mais en vertu des accords aurait du être remplacée depuis plusieurs mois par Faustin Twagiramungu.


Le génocide, d'avril à juillet 1994 ^

Le déclencheur visible du génocide est l'attentat contre les présidents rwandais et burundais, qui intervient dans ce contexte le 6 avril 1994. Cet attentat, dont les soldats Belges de la Minuar sont aussitôt accusés par la radio des mille collines, est ensuite attribué au FPR par les uns, aux extrémistes hutu par les autres et même aux Français selon des indices rapportés par Colette Braeckman, journaliste au journal Le Soir. Le lendemain le premier ministre, Madame Agathe Uwilingiyimana, les soldats belges de la Minuar qui assurent sa protection et des personnalités politiques modérées, susceptibles de faire échouer le projet génocidaire, sont assassinées par la garde présidentielle. Faustin Twagiramungu échappe de justesse aux tueurs grâce à la Minuar et est évacué en Belgique par les soldats belges.

A partir du 7 avril 1994, le projet génocidaire est exécuté par les extrémistes hutu de l'entourage du Président Habyarimana, constitués aussitôt après sa mort en gouvernement intérimaire sous l'instigation du colonel Bagosora. La plupart des membres de ce gouvernement intérimaire ont été jugés ou sont en cours de jugement devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda.

Au moins huit cent mille personnes ont été massacrées, avec des méthodes et un acharnement particulièrement horribles. Ont été victimes à plus de 90 % des Tutsi, parce qu'ils étaient nés Tutsi ou des Hutu parce qu'ils étaient « modérés » et considérés comme complices des Tutsi ou suspectés d'être des Tutsi qui avaient fait modifier leur carte d'identité ethnique ou simplement avaient un faciès Tutsi, tel que défini par les théoriciens occidentaux des années 20.

Les autorités rwandaises évaluent aujourd'hui le nombre de tueurs directs à plus de cinq cent mille, sans compter cette partie de la population qui assistait, soutenait et profitait des crimes. Ce fut un génocide « populaire » encouragé heure par heure par la radio télévision des mille collines, créée à cette fin.

Ce génocide fut l'un des quatre génocides du XXe siècle reconnus par les institutions internationales et répondant à la définition juridique internationale.

Après le génocide ^

Une période de transition politique - 1994 à 2003 ^

Le 4 juillet 1994, le FPR prend la capitale, Kigali, et constitue le 19 juillet un gouvernement sur la base des accords d'Arusha, première étape de la reconstruction de l'État rwandais. Une période de transition politique est décrétée.

Le président de la République est un ancien Hutu ayant rejoint le FPR, monsieur Pasteur Bizimungu, homme d'affaire, administrateur de banque, ayant occupé le poste de président directeur général de l'entreprise publique « Électro-Gaz » jusqu'au moment de sa fuite du Rwanda en 1990. Le Premier ministre est également d'origine Hutu, ainsi que plusieurs autres ministres, dont celui de la justice. Mais « l'homme fort » du Rwanda est le général major Paul Kagame, vice-président et ministre de la défense, co-fondateur du FPR, ancien exilé Tutsi en Ouganda.

L'un des problèmes les plus aigus après le génocide est de rendre la justice. Très vite ce sont 130 000 présumés génocidaires qui sont emprisonnés. Ils ne représentent qu'une faible proportion du nombre de tueurs. (cela équivaudrait en France à un million de prisonniers...) Il ne reste qu'une petite dizaine de juges et l'administration judiciaire est détruite. Beaucoup de rescapés vivent dans le voisinage des tueurs de leur famille. La question de la réconciliation est souvent mise en avant comme solution politique, très mal acceptée par les rescapés.

Le Tribunal pénal international pour le Rwanda est constitué par l'ONU fin 1994 par la résolution 955 du Conseil de sécurité.[1] :

« 1. Décide par la présente résolution, comme suite à la demande qu'il a reçue du Gouvernement rwandais (S/1994/1115), de créer un tribunal international chargé uniquement de juger les personnes présumées responsables d'actes de génocide ou d'autres violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire du Rwanda et les citoyens rwandais présumés responsables de tels actes ou violations commis sur le territoire d'États voisins, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994, et d'adopter à cette fin le Statut du Tribunal criminel international pour le Rwanda annexé à la présente résolution; »

Les opposants au FPR voient dans cette résolution une obligation pour le TPIR de juger aussi les auteurs de l'attentat du 6 avril 1994 contre les Présidents Habyarimana et Juvénal et Ntaryamira Cyprien et d'autres crimes contre l'humanité attribués au FPR et accusent les responsables de ce tribunal de partialité. Le FPR de son côté y voit aussi une possibilité que des responsables français soient jugés pour complicité de génocide.

Les forces génocidaires repliées au Zaïre, anciennes FAR et milices Interahamwe, menacent continuellement le Rwanda par des infiltrations violentes semant la terreur dans le nord-ouest, montrant à l'évidence la volonté de « finir le travail » et de reconquérir le pays. En 1996, pour venir à bout de cette rébellion, le Rwanda s'allie avec l'Ouganda et les rebelles de l'Est du Zaïre. Cette coalition militaire conquiert le Zaïre quatre-vingt-dix fois plus grand que le Rwanda, et renverse en 1997 son président, Mobutu Sese Seko (Première guerre du Congo puis Deuxième guerre du Congo). Des populations civiles rwandaises réfugiées au Zaïre, souvent otages des forces génocidaires repliées, subissent sans distinction des massacres de la part de cette coalition. Une dizaine de pays africains prennent part à ce conflit qui entraîne la perte de 3 à 4 millions de Congolais.

Après la prolongation de la période de transition, plusieurs changements de premiers ministres, la démission du président de l'assemblée nationale, Pasteur Bizimungu démissionne en 2000. Paul Kagame est élu président de la République par l'assemblée nationale de transition.

La difficulté de juger les nombreux prisonniers, qui croupissent dans les prisons rwandaises fait surgir l'idée de relancer les Gacaca, structures de justice traditionnelle. Littéralement, Gacaca signifie « gazon ». On forme rapidement des personnes intègres pour présider ces tribunaux populaires. Autre initiative, des prisonniers de certaines catégories sont relâchés, sans être amnistiés, avant de passer devant les Gacaca. Ces décisions ravivent, dans la société rwandaise et la diaspora, le débat controversé sur la réconciliation.

En 2002, l'armée rwandaise quitte officiellement la République démocratique du Congo, (ex-Zaïre depuis 1997). Mais des rumeurs insistantes en RDC affirment que de nombreux soldats rwandais y sont restés, ce qui n'a jamais pu être vérifié par les organisations internationales et fut toujours démenti fermement par le Rwanda.

Malgré les immenses difficultés pour reconstruire le pays qui ont marqué la période de transition, la pression de la communauté internationale aidant, le pouvoir rwandais prépare une constitution et des élections au suffrage universel pour 2003. A tort ou à raison, la crainte des rescapés tutsi de voir le pouvoir à nouveau entre les mains de supposés proches des génocidaires est réveillée et des intimidations des candidats, et des électeurs pour qu'ils votent pour le pouvoir en place, sont remarquées.

En 2002, accusé de « divisionnisme », l'ancien président de la république, Pasteur Bizimungu, est arrêté et mis en prison. Il est accusé d'avoir constitué un parti politique d'opposition non autorisé par les accords d'Arusha (qui limitaient les partis à ceux qui les avaient signés), des malversations financières et d'avoir publié un article où il manipule les concepts « Hutu/Tutsi ». Il est condamné à quinze ans de prison. Beaucoup à travers le monde verront dans cette condamnation l'élimination d'un opposant politique qui s'appuie sur l'idée ethnique qu'il est hutu.

Le MDR, signataire des accords d'Arusha, accusé d'abriter en son sein un courant idéologique génocidaire, est dissout par les députés. Une association des droits de l'homme est aussi menacée pour les mêmes raisons.

C'est dans ce climat de suspicion de « division » que se déroulent les élections en 2003.


Les consultations électorales de 2003 ^

La constitution adoptée par référendum - 26 mai 2003 ^

Inspirée des principales constitutions occidentales, elle laisse néanmoins une large place aux problèmes spécifiques du Rwanda post-génocidaire, inscrivant dans la constitution le refus de l'ethnisme hérité du colonialisme. Elle crée aussi des outils juridiques pour favoriser la place des femmes dans la vie politique.

L'élection présidentielle au suffrage universel - 25 août 2003 ^

Monsieur Paul Kagame est élu président de la République contre son principal opposant, Faustin Twagiramungu [2], du MDR dissous. Le score de Paul Kagame, 95%, suggère un manque de liberté dans le processus électoral. Des membres du comité de soutien à Faustin Twagiramungu ont été arrêtés la veille du scrutin. Certains ont subit des violences avant d'être relâchés. Les observateurs de la communauté européenne ont émis des critiques, regrettant des pressions exercées sur le corps électoral, et ont constaté des fraudes, même s'ils reconnaissent qu'un pas important vers la démocratie a été franchi.

Les élections législative au suffrage universel - 2 octobre 2003 ^

Les députés favorables à Paul Kagame obtiennent la majorité des sièges.

49% des députés sont des femmes, ainsi qu'une très forte proportion de sénateurs et de ministres, ce qui fait du Rwanda le pays le plus avancé au monde en matière de participation des femmes au pouvoir politique.


Mise en place des « Gacaca » ^

Le 15 janvier 2005, huit mille nouvelles juridictions « Gacaca », (tribunaux populaires chargés de juger les auteurs présumés du génocide de 1994), ont entamé la phase administrative de leur travail. Elles viennent se rajouter aux 750 « Gacaca » pilotes mises en place depuis 2001. Les « gacaca » sont inspirées des anciennes assemblées villageoises. L'expérience des « gacaca » pilotes laisse penser qu'il y aura au moins sept cent cinquante mille personnes dénoncées et jugées par ces assemblées populaires.

Voir aussi ^

  • Histoire du Rwanda
  • Pères blancs : Centenaire de l'Evangélisation au Rwanda 8 février 2000 à Save
  • Commission juridique et constitutionnelle du Rwanda
  • La nuit rwandaise - L'implication française dans le dernier génocide du XXeme siècle

 


précédent - menu - suivant

Un militant de Archives de Survie en Alsace a beaucoup contribué à la rédaction de cet article sur le site de Wikipédia, page Histoire du Rwanda actuelle et présenté ici sur le site de Archives de Survie en Alsace dans une version de la page d'octobre ou novembre 2005. Elle sera éventuellement modifiée directement ici.

Pour toute observation ou question : Contact Archives de Survie en Alsace