Survie en Alsace

Le cercle Menahem Taffel



La pierre tombale des 86 juifs victimes du projet de Hirt
Aujourd'hui, au cimetière juif de Cronenbourg à Strasbourg, une pierre tombale rappelle les noms, identifiés récemment, de 86 juifs victimes du projet du professeur Hirt de constituer à Strasbourg un musée de la race juive, pendant la deuxième guerre mondiale.

Dès 1992, Jacques Morel lançait un vibrant et assourdissant "Strasbourg, souviens-toi !" dont je reprends une partie du contenu.
"En ces temps où certains mettent en doute la réalité de l'extermination de juifs et de tsiganes par les nazis, il est peut être nécessaire de rappeler d'horribles forfaits qui se sont déroulés non pas dans la lointaine Pologne mais beaucoup plus près de nous : William Schirer dans son livre Le troisième Reich, des origines à la chute, Eugen Kogon, Hermann Langbein et Adalbert Rueckerl dans Les chambres à gaz, secret d'Etat racontent les expériences faites par le professeur August Hirt à Strasbourg" (2) .

"Le Hauptsturmführer SS August Hirt, professeur de médecine, directeur de l'Institut d'Anatomie de l'université de Strasbourg, s'occupait de recherches sur la race, alors très à la mode. Comme "la race juive" était sur le point d'être anéantie, il voulut réunir, tant qu'il était encore temps, "une collection de crânes de commissaires bolcheviks juifs". (...)

Hirt terminait son projet par ces mots : "Pour la conservation et l'étude du lot de crânes ainsi obtenus, la nouvelle université d'Etat de Strasbourg serait le lieu qui conviendrait, en raison des buts et des tâches qui lui ont été assignés (?)".


115 personnes furent ainsi sélectionnées à Auschwitz et transférées jusqu'au Struthof pour y être gazées dans la chambre spécialement aménagée à cet effet .
86 personnes périrent gazées (on ne sait pas ce que sont devenues les autres) et leur corps furent transférés à l'Institut d'Anatomie Normale des Hospices civils de Strasbourg durant le mois d'août 1943.
L'employé français Henri Henripierre devra participer la conservation les cadavres dans l'alcool et prendra note, probablement au péril de sa vie, de la liste des 86 matricules (sur l'avant-bras gauche des victimes).
Hirt séparait les têtes et étoffait sa collection de squelettes.
L'irruption des alliés le 23 novembre 1944 l'empêchera de se débarrasser des corps.
On en retrouvera 17 intacts et 166 segments de corps appartenant à 64 personnes au moins .

Je dois dire que je n'ai appris l'existence de ces crimes qu'en 1992, c'est à dire longtemps après la fin de mes études entièrement réalisées à Strasbourg.
Cela m'a beaucoup interrogé depuis et je me suis souvent demandé quelle pouvait être les causes d'un tel avatar dans la transmission de cette page sombre de l'histoire de la médecine à Strasbourg.
Je continue à m'interroger.

Lire sur ce lien la suite des explications du Dr Georges Yoram Federmann

(en 2005 avant l'identification des victimes)

Les expérimentations humaines du docteur Hirt
France culture - émission du mardi 9 mai 2006
Un colloque en 2003

Quelques articles de Wikipédia :