Après les législatives...

Tant que tous les Rwandais n'auront pas clairement dénoncé le génocide et présenté à la justice tous les auteurs du génocide, la vie démocratique du Rwanda sera amputée.

Ceux qui ont voulu le génocide ont échoué. Complètement échoué. Ils voulaient exterminer une partie des Rwandais. Même les morts sont au pouvoir ! Ils hantent les consciences.

On ne règle aucun problème politique par la mort de ses adversaires. Ce n'est pas le sens de la vie. La vie se venge quand on la méprise.

Les stratèges ont trompé le peuple Rwandais. Ils ont fait croire qu'en exterminant les Batutsi le Rwanda serait plus beau. Ils ont menti. Il ne fallait pas les écouter. Maintenant les Rwandais compromis dans le génocide et leurs soutiens Français, et autres Occidentaux, doivent leur demander des comptes... au lieu de les protéger encore.

Tant qu'une partie des Rwandais, et leurs soutiens, n'auront pas tiré au clair les conclusions du génocide des Batutsi, le FPR aura beau jeu de dénoncer "les divisionnistes".

Le FPR est l'expression des trente ans d'injustices qu'ont subit les exilés du Rwanda. Mais il aura aussi sa fin, comme tout mouvement humain. La France aussi aura un jour sa fin, diluée comme toute oeuvre humaine dans la marche de l'humanité.

En attendant tous les Rwandais, et tous les Occidentaux mêlés de près ou de loin au génocide, doivent regarder les choses en face.

Aucune politique ne justifie la mort d'un seul homme. Absolument aucune. On ne peut pas laisser passer la mort d'un homme par un autre homme.

E.C. 30 septembre 2003 au soir.

Avant les élections législatives...

On pourrait dire que le "pont aux ânes" de la démocratie, et il y a beaucoup d'ânes en France, est de comprendre ou pas que la ligne de partage du bien et du mal ne passe pas entre la majorité et l'opposition, mais à l'intérieur de chaque homme politique, comme de chaque homme.

Au Rwanda le problème est encore plus aigu, car la tentation est grande de dire que le bien c'est ceux qui ont été victimes du génocide et la mal c'est les autres. Plus de la moitié des Rwandais avaient moins de dix ans en 1994 ou n'étaient pas encore nés. Plus de la moitié des Rwandais est hors de cette tentation à priori. C'est eux qui contruiront vraiment la démocratie.

En attendant il faut soritr des diabolisations faciles de l'opposant politique et de la sanctification tout aussi facile des hommes au pouvoir. Les victimes du génocides ont été victimes de cet handicap mental qui consiste à diaboliser l'ennemi et l'opposant politique. Il faut arrêter cette mentalité chez tous les hommes politiques du Rwanda , de France et d'ailleurs... S'il y a un axe du mal, c'est là qu'il se trouve, au coeur de ceux qui n'ont pas compris ce "pont aux ânes"

Par contre qu'aucun pays n'oublie, au Rwanda comme en France ou ailleurs, que tous les génocidaires doivent être jugés.

E.C. 11 septembre 2003

Après les élections présidentielles...

Selon des informations, ponctuelles ou médiatiques, et dignes de foi, en provenance du Rwanda, il y aurait bien eu des pressions exercées sur des personnes en lien avec les élections. Il semble que la peur du vote ethnique ait fait commettre pas mal de "maladresses démocratiques" inacceptables par les partisans et la police politique du FPR. Mais il ne serait pas honnête intellectuellement d'en rester à ce constat.

Cette élection n'en demeure pas moins incontournable dans le contexte fragile du Rwanda. Elle est certainement beaucoup moins contestable que celle de dictateurs de la Françafrique tels que l'usurpateur sanguinaire Idriss Deby au Tchad , le dictateur désastreux et non moins sanguinaire Denis Sassou Nguesso au Congo Brazza et d'autres figures bien connues des services électoraux spécialisés et corrupteurs de la France, voire même que celle de Georges Bush aux USA qui a été manifestement acquise par des manipulations électorales.... Alors que Paul Kagame, même sans pressions sociales déplacées, aurait probablement eu un pourcentage de voix plus élevé au Rwanda que celui de Georges Bush aux USA !

Le Rwanda, malgré sa fragilité et la domination internationale qu'il doit subir comme beaucoup de pays, n'est paradoxalement le valet de personne. C'est encore rare en Afrique et cela doit être souligné et respecté. Les autres candidats étaient-ils en mesure de préserver cette indépendance dans un contexte aussi difficile que celui d'un tout petit pays sur le continent le plus pauvre et qui a subi le plus dévastateur des génocides connus, il y a à peine dix ans ? Ce vote est de plus un pied de nez à l'ethnisme qui fait tant de ravages dans le monde.

Il reste que les Rwandais vont certainement apprendre, dans tous les partis, à user de leurs libertés politiques et à devenir des citoyens plus efficaces contre certaines pratiques ; ce qui sera sans doute bénéfique pour l'avenir de leur pays et de l'Afrique. Les Rwandais vont peut être inventer une démocratie à l'Africaine, car après tout, les modèles démocratiques occidentaux ne sont pas forcément les seuls qui vaillent... surtout quand ils ne sont pas toujours respectés par leurs propres promoteurs !

E.C. 27 août 2003