Rwanda 1994 : La République française et le génocide.

 

Colloque du 27 mars 2004 à l’Assemblée nationale

Programme

 

9h30 Accueil par Noël Mamère, député

Présentation des objectifs de la journée par Sharon Courtoux

Puis quatre séries d’interventions suivies de débats :

 

9h40-11h10    Un demi-millénaire de construction du racisme européen

L’ouvrage magistral de Sven Lindqvist, Exterminez toutes ces brutes, expose à quel point les sociétés européennes colonisatrices véhiculaient un mépris négateur de l’Autre, qui devenait exterminateur chaque fois que le contexte
y invitait. Ce racisme-là s’est construit, idéologisé. En France, les Lumières étaient sur le sujet plutôt obscurantistes.
La science du XIXe siècle était de son côté majoritairement raciste. La conquête de l’Algérie a eu une dimension exterminatrice. Ainsi, les complaisances françaises contemporaines s’enracinent dans un mépris pluriséculaire.

Intervenants : Yves Ternon (président), Odile Biyidi, Jean-Pierre Chrétien, Olivier Le Cour Grandmaison

 

11h10-12h40            1940-1994. Un demi-siècle de complaisances françaises envers le crime de génocide

L’itinéraire d’un François Mitterrand favorable à René Bousquet, à Milosevic et au Hutu Power, ajoutant qu’« un génocide dans ces pays-là, ce n’est pas trop important », est symptomatique d’une forme française d’insensibilité au crime de génocide, comme si la raison d’État et bien d’autres motifs traditionnels, pouvaient l’emporter sans problème sur le refus de l’abomination. Regards croisés sur la collaboration, les complicités ou les connivences françaises avec la Shoah, le génocide cambodgien, le nettoyage ethnique en Bosnie, le génocide des Tutsi.
Continuité et spécificités.

Intervenants : Catherine Coquio (présidente), Nicolas Bancel*, Véronique Nahoum-Grappe, Gabriel Périès

 

13h45-15h            Rwanda : un paroxysme dans la longue série des crimes néocoloniaux ?

En 1962, les Français ont été invités par référendum à tourner la page de la colonisation et du mépris colonial. Ils l’ont fait massivement. Mais De Gaulle et Foccart ont installé en parallèle un système néocolonial, la Françafrique, qui n’a pas cessé de massacrer, d’attiser des guerres et d’assassiner comme au temps des colonies. Le pouvoir exécutif, l’armée et les services secrets ont donc continué leurs raisonnements ethnistes et leurs pratiques meurtrières, directement ou avec des relais locaux, notamment en Afrique centrale (Cameroun, Tchad, les deux Congo… ), mais aussi aux Comores, au Togo, etc. Tout cela à l’insu du Parlement et du peuple français, qui d’ailleurs se montraient peu curieux. En 1990, l’intervention au Rwanda en soutien à un régime raciste a paru relever du business as usual. Mais cette fois rien n’a empêché les schémas racistes ou cyniques d’aller jusqu’au bout de leur logique mortifère.
Les connivences françaises avec les responsables du génocide des Tutsi sont-elles le dérapage fatal d’une conduite
en état d’ivresse néocoloniale, jamais sanctionnée ? Y a-t-il d’autres facteurs plus spécifiques et plus “modernes” ?

Intervenants : Patrice Yengo (président), Sœuf El Badawi, Comi Toulabor

 

15h Présentation des conclusions provisoires de la Commission d’enquête citoyenne

15h15-15h30 Pause

 

15h30-17h            L’engrenage : une République sans contre-pouvoirs

Un cercle influent d’officiers français a-t-il favorisé le coup d’État qui a ouvert la voie au génocide, comme le donne à penser le dernier livre de Patrick de Saint-Exupéry ? Il suffisait en tout cas que les responsables politiques
et militaires français s’aveuglent sur les intentions radicales de la frange la plus dure de leurs alliés rwandais,
puis qu’ils continuent de la soutenir durant l’exécution du crime des crimes. Ces responsables agissaient sur la base de leurs propres calculs et mobiles, mais s’ils ont pu le faire, c’est que les freins capables d’empêcher l’emballement de la mécanique décisionnelle françafricaine (contrôle parlementaire, médias, réceptivité à des sources d’information universitaires ou associatives, etc.) ont tous été soigneusement desserrés par une pratique constitutionnelle qui favorise à l’excès un pouvoir exécutif de type monarchique. Cela peut-il changer ?

Intervenants : Jean-François Dupaquier (président), Pierre Brana, Patrick de Saint-Exupéry, François-Xavier Verschave

 

* À confirmer