Archives de Survie en Alsace

Compte-rendu du Forum Social Européen de Florence à Strasbourg du 10/11/2002.

Cette année s'est tenu le Forum social européen qui s'inscrit dans la même ré­flexion et dans le même mouvement que le Forum social mondial qui a eu lieu à Porto Alegre. En effet, outre le Forum social européen, le prochain Forum social mondial sera précédé du Forum asiatique et du Forum panamazonien, tandis que les forums panaméricain, méditerranéen et africain seront prévus l'année d'après.

Le Forum social européen s'est déroulé à Florence du 6 au 10 novembre 2002. Il s'est défini "comme un rendez-vous contre le libéralisme, la guerre, le racisme et pour une nouvelle démocratie et de nouveaux droits de citoyenneté. "

L'association Attac de Strasbourg a organisé en collaboration avec de nom­breuses associations (Association des travailleurs maghrébins de France, Confédération paysanne, Ligue des droits de l'homme, Artisans du monde, Archives de Survie en Alsace, Collectif strasbourgeois de soutien aux sans papiers, Le Sel Strasbourg), des syndicats (UD GGT, GGT PTT), des partis politiques (PCF, Les Verts, LCR) un forum social lo­cal pour faire écho à celui de Florence.

Ce forum social local a eu lieu le 10 novembre de 15 heures à 23 heures débattant sur les 4 thèmes suivants :

1) Contre les privatisations et les processus de libéralisation

- défendre et améliorer les services publics - augmenter l'espace du domaine public à l'eau, l'air, les brevets sur le vivant,

2) Pour une politique agricole commune "citoyenne"

- l'agriculture paysanne

- les OGM

- le respect de l'environnement

- l'élargissement de l'UE et ses conséquences

- l'impact de la politique agricole commune sur les pays du tiers-monde

3) L'immigration et citoyenneté - les droits fondamentaux - régularisation des sans papiers - les rapports "nord-sud"

4) Les droits des femmes

- les femmes face aux discriminations salariales

- les femmes lères victimes de la mondialisation libérale

- femmes et prostitution

En réalité, chacun des thèmes pré-cités durait environ l H 30, les interventions devaient être brèves et ciblées de sorte à constituer une amorce au débat qui sui­vait. Il y avait à chaque fois deux thèmes qui avaient lieu en même temps, dans des salles différentes. En soirée, après une petite restauration organisée par la confédération paysanne, était organisée une séance plénière durant laquelle les rapporteurs des ateliers faisaient un compte-rendu des débats à l'ensemble de la salle.

En tant que Archives de Survie en Alsace, nous avions projeté 2 interventions.

La première portait sur la réglementation des MGV (Matières Grasses Végé­tales) suite au vote du Parlement Européen en mars 2000 autorisant la fabrication et la commercialisation dans toute l'UE de chocolat intégrant jusqu'à 5% du poids du produit fini des MGV autres que le beurre de cacao. Cette nouvelle législation européenne n'a pas été sans conséquences pour les producteurs de cacao...

Par manque de temps et d'intervenant approprié, nous avons du abandonner cet­te idée.

La deuxième intervention que nous nous proposions de faire par le biais de Jean Prosper BOULADA en tant que représentant du groupe Archives de Survie en Alsace, portait sur le rôle d'observateur du Parlement européen dans l'organisation, le fonctionnement et la légitimation des élections dites démocratiques en Afrique.

Cette intervention a eu lieu dans l'atelier Immigration et Citoyenneté (cf. tex­te rédigé par Jean Prosper).

Parallèlement, nous avons tenu un stand avec livres, brochures, dépliants qui à notre grand contentement a eu un franc succès (nous avons même été en rup­ture de stock pour certains ouvrages).

Déroulement :

Durant la préparation de cette journée, nous avons été drôlement surpris, après un an d'existence de Archives de Survie en Alsace, du peu d'associations connaissant Survie, certains avaient déjà rencontré Odile KRIEG de Survie 68 mais pour la plupart, même s' ils avaient déjà plus ou moins eu vent des ouvrages de F.X. VERSCHAVE, ça restait très flou.

Pour le coup, nous avons beaucoup fait parler de nous durant cette journée, d'ailleurs nous avons eu un nombre significatif de nouvelles visites sur notre site Internet local.

En première instance, nous avons eu l'occasion de croiser le conseiller immo­bilier personnel (selon ses dires en tout cas) d'Omar BONGO. Il nous a glissé que nous n'avions pas tout à fait compris l'affaire ELF et qu'il serait très intéressé (!) à venir participer à l'une ou l'autre de nos réunions (il nous a laissé ses coordon­nées). Notre vice-présidente, après l'avoir écouté avec beaucoup de courtoisie, lui a finalement vendu un de nos exemplaires de Noir Procès.

L'intervention de Jean Prosper a beaucoup remué 1' auditoire. En premier lieu, nous avons eu droit à des commentaires très étonnants sur F.X.VERSCHAVE de la part d'un jeune africain qui a pris la parole lors du débat. En quelques mots, il a lancé que VERSCHAVE ne connaissait rien à l'Afrique, qu'il ne s'est jamais donné la peine de dénoncer les conditions d'existence des africains et que ses livres n'étaient qu'une sorte de mémoire pour régler des comptes personnels avec ses anciens amis dictateurs africains (?) Emmanuel CATTIER a donc du rétablir les faits en retraçant une petite historique de l'association et en précisant que les prin­cipales sources des ouvrages partaient de témoignages africains.

Après cette petite mise au point qui s'imposait, un certain nombre de person­nes nous ont fait savoir qu'ils estimaient notre intervention hors-sujet (?).

De plus, Jean Prosper avait ciblé dans son discours qu'une grande partie de l'immigration africaine (clandestine ou non) s'expliquait par la dégradation toujours croissante des conditions de vie sociales, économiques et politiques des africains.

Cela venait sonner en porte à faux par rapport aux différentes interventions d'autres associations qui s'étaient, par ailleurs, évertuées à démonter l'image ré­ductrice et partiale de l'immigré sans ressources cherchant pain et travail. Car il est vrai que l'immigration a toujours existé et qu'elle trouve une multiplicité de causes.

Néanmoins, à Archives de Survie en Alsace, il nous semble plus qu'évident que l'immigra­tion africaine dans sa majorité est tout à fait correlée à la situation dramatique actuelle de la plupart des pays africains et que la raison économique reste une des raisons principales (et il faut bien comprendre que pour partir il faut déjà quel­ques moyens financiers...). A ce sujet, Gaudiose LUHAHE a pris la parole pour té­moigner de son propre vécu.

Enfin, Emmanuel a pu glisser dans le débat la question de la fermeture à Strasbourg du conseil consultatif des étrangers lorsque la nouvelle municipalité de droite s'est mise en place. C'est un sujet qui lui tient particulièrement à coeur. Effectivement au cours des débats, à plusieurs reprises, les gens lançaient que gouvernement de gauche ou gouvernement de droite la question de l'immigra­tion était devenue un enjeu politique et que rien ne changeait de l'un à l'autre, alors que là, Emmanuel pouvait offrir un contre-exemple très actuel.

Une fois cette longue journée terminée, nous en avons encore débattu entre nous. Le résultat était somme toute positif : il y a eu une bonne participation et même s'il y a encore méprise vis à vis de la situation de l'Afrique noire les person­nes présentes ont démontré de l'intérêt, donc il nous reste du travail...

Le 26/11/02, pour Archives de Survie en Alsace, Joanna.