Objet:
Lettre du collectif
Génocide made in France aux militants de Survie
De :
lafrancequitue@no-log.org [mailto:lafrancequitue@no-log.org]
Envoyé : mercredi 19 décembre 2007 12:53
À : lafrancequitue@no-log.org
Objet : Lettre du collectif Génocide made in France aux militants
de
Survie
Le collectif nommé « Génocide made in France »
est
composé de simples
citoyens souhaitant attirer l’attention de
leurs
semblables sur
l’implication de l’Etat français et de ceux qui
le
dirigent dans
l’accomplissement du génocide qui a eu lieu au
Rwanda en 1994.
Parmi les membres de ce collectif, certains
sont aussi
adhérents de
l’association Survie.
Le collectif ne revendiquant d’aucune manière
ce fragment
d’appartenance,
l’association Survie n’a aucune raison d’être «
informée»
des projets du
dit collectif et encore moins de les «
cautionner ». Il
en va bien sur de
même pour les autres associations qui
travaillent aussi
sur cette question
et comptent aussi des adhérents au sein du
collectif.
Pour ce qui est de l’action « Tapis rouge sang
pour M.
Védrine », elle
consistait à répandre un colorant alimentaire
aux pieds
d’Hubert Védrine
qui lui fut finalement versé directement
dessus. Son
objectif initial,
tout comme son résultat final, n’était bien
entendu pas
plus de « tenter
de décrédibiliser
Survie » que de « nuire à notre cause » commune.
L’émotion a pris la parole, le résultat parle à
celle du
spectateur.
Les réactions dont nous avons eu connaissance à
ce jour
en témoignent très
clairement, allant du rejet condamnatoire aux
félicitations et
remerciements enjoués en provenance de simples
citoyens,
de « connaisseurs
sérieux du dossier » (proches ou non de Survie)
comme de
« rescapés du
génocide », les uns et les autres n’étant pas
plus que
nous membres
d’entités homogènes à la pensée unique mais
bien une somme
d’individus
avec des personnalités et identités propres.
Cependant, la pertinence de notre action nous
pose aussi
et encore
question tant sur la forme qu’elle a prise que
sur son
pouvoir de
conviction et ses résultats médiatiques
immédiats.
Le collectif n'a jamais revendiqué ni laissé
entendre aux
médias ou à
quiconque une appartenance ou un partenariat
avec Survie.
Il s'est
contenté de citer les travaux de Survie, parmi
d'autres,
comme étant
sérieux sur la question.
Vu les tonalités contradictoires des
comptes-rendus
produits par les
medias (Charlie Hebdo, Europe 1, Jeune Afrique,
RMC,
Marianne, Le Post,
Yahoo actualités, ainsi que Rue89), il nous
paraît
réducteur d'affirmer
que cette action ne puisse contribuer qu'à «
détourner
les regards de la
réalité des faits». Comme toujours, elle en
attirera
certains et en
détournera d’autres, et au pire aura seulement
contribué
à renforcer les
ressentiments des uns et des autres dans leurs
convictions initiales.
Les «manifestations » organisées par Survie «
pour faire
passer [le]
message de façon visuelle et instructive près
du grand
public » présentent
à ce niveau les mêmes avantages et les mêmes
inconvénients, mais «
n’instruisent » ou ne plaisent peut être pas
aux mêmes
personnes …
D’autre part, nous tenons à rappeler qu’une
action
symbolique est une
chose, et qu’un travail de recherche et le
dépôt de
plaintes en sont deux
autres. Ainsi, une action symbolique menée par
un groupe
autonome ne
saurait avoir d’impact sur l’« avancée » du «
travail de
documentation de
l’implication de la France aux côtés du régime
rwandais
qui a commis le
génocide » mené par Survie (entre autres), ni
sur le
travail d’instruction
des plaintes. De plus, en aucun cas l'issue
d'une
procédure judiciaire ne
saurait être tributaire de la « crédibilité »
des
plaignants, mais bien de
la qualité des témoignages et documents
produits. En
outre, « la
crédibilité de Survie » ne saurait reposer sur
une action
générée par une
autre organisation dont elle condamne de
surcroît les
agissements.
Enfin, nous croyons qu’il est difficile et trop
tôt pour
mesurer
objectivement toutes les conséquences liées à
cette
action, et nous
invitons les individus à réfléchir et juger par
eux-mêmes
sans
précipitation. Ce qui est différent, ou même
opposé ,
peut aussi s'avérer
être complémentaire.
Amicalement,
Les quelques membres du collectif Génocide Made
in France
qui adhérent
aussi à Survie.
"Tout le monde dit la violence du fleuve
déchaîné,
mais personne ne parle
jamais de la violence des rives qui
l'enserrent".
Bertolt Brecht.