RÉPUBLIQUE
DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Les
Nations unies doivent intervenir de toute urgence pour empêcher un génocide
Index AI :
AFR 62/022/02
Embargo :
17 octobre 2002 (00 h 01 GMT)
Dans une
lettre ouverte adressée au Conseil de sécurité des Nations unies, Irene Khan,
secrétaire générale d'Amnesty International, a demandé au Conseil d'examiner
sans délai la situation qui prévaut dans la région d'Ituri, située dans le
nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), où les violations des
droits humains se multiplient. Le Conseil de sécurité doit se réunir
aujourd'hui (jeudi 17 octobre 2002) pour examiner le nouveau rapport du
secrétaire général sur la Mission de l'Organisation des Nations unies en
République démocratique du Congo (MONUC).
Dans sa
lettre, Irene Khan souligne que des massacres ont eu lieu, ainsi que des viols
ciblés, motivés par l'appartenance ethnique des victimes. Les appels
extrémistes demandant des villes et des villages “ ethniquement purs ” sont de
plus en plus répandus. Les extrémistes, précédemment marginaux au sein des
différents groupes ethniques, jouent aujourd'hui un rôle de premier plan. Alors
qu'une haine très vive ne cesse de se renforcer, Amnesty International craint
que les appels destinés à attiser ce sentiment ne puissent déboucher sur un
génocide.
La
multiplication des homicides à caractère ethnique et la généralisation des
comportements extrémistes dans la région d'Ituri appellent des mesures urgentes
de la part de la communauté internationale. Amnesty International exhorte en
particulier le Conseil de sécurité à accroître le nombre d'observateurs
présents dans la région, en vue d'empêcher de nouvelles attaques contre des
civils, et afin que les agissements de ce type fassent l'objet d'une
surveillance et donnent lieu à des enquêtes.
L'organisation
est très favorable à la formation d'une police civile, qui serait chargée
d'assurer la sécurité de la population locale, ainsi que l'a suggéré le
représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en RDC. Amnesty
International appelle en particulier le Conseil de sécurité à veiller à la
pleine application du mandat de la MONUC, et à prendre les mesures qui
s'imposent pour protéger tant la population civile que les représentants des
Nations unies.
L'organisation
reçoit des informations concordantes faisant état de massacres de civils non
armés perpétrés, ordonnés ou cautionnés par des dirigeants qui exploitent des
questions d'appartenance ethnique pour acquérir ou préserver un pouvoir
économique et politique. Selon certaines estimations, les affrontements armés
entre membres des groupes ethniques hema et lendu ont fait 50 000 morts – des
civils pour la plupart – depuis juin 1999, et contraint environ 500 000
personnes à prendre la fuite, la principale ville de la région d'Ituri, Bunia,
ayant accueilli à elle seule 60 000 personnes déplacées.
Outre
l'aggravation des violences dirigées contre les civils, les divisions
politiques persistantes et les violences répétées à caractère ethnique ont eu
des conséquences désastreuses sur les organisations internationales
humanitaires opérant dans la région. Les membres de certaines d'entre elles ont
été victimes de menaces, de manœuvres d'obstruction et même d'homicides.
Depuis
1998, l'Uganda People's Defence Forces (UPDF, Forces de défense populaire de
l'Ouganda) occupe la région d'Ituri, riche en minerais, dans le nord-est de la
RDC. En apportant leur soutien à des groupes politiques armés rivaux, les
membres de l'UPDF ont permis une escalade de la violence entre les différents
groupes ethniques congolais, tout en provoquant des violations généralisées des
droits humains.
D'après
les informations dont dispose Amnesty International, depuis 1999, des membres
de l'UPDF ont pris part à des attaques contre des civils non armés et commis
des atrocités dans le cadre du conflit armé. Dans la mesure où l'UPDF a non
seulement omis de protéger des civils non armés mais aussi activement contribué
à des violations des droits humains, Amnesty International estime qu'il incombe
à la communauté internationale d'empêcher que la situation ne se dégrade
davantage. ?