COMMUNIQUE

 

 

 

Côte d’Ivoire : l’état de guerre n’exonère pas le Gouvernement ivoirien de son devoir de protection

Retour d’une mission de la FIDH

 

Paris, le 2 décembre 2002 – Alarmée par l’explosion de la crise ivoirienne, dont les risques de dérive vers une véritable guerre civile ne sont pas inexistants, et par les violations des droits humains constatées depuis le 19 septembre, la FIDH a envoyé à Abidjan une mission qui y a séjourné du 25 au 28 novembre, et qui était composée de Sidiki Kaba, Président de la FIDH et de Sophie Bessis, chargée de mission. L’objectif de cette courte mission, qui s’est entretenue avec plusieurs membres du gouvernement, ainsi qu’avec le premier ministre et le chef de l’Etat, était d’attirer l’attention des autorités ivoiriennes sur les dangers que recèle la situation actuelle.

Les envoyés de la FIDH ont notamment fait part de leur inquiétude devant la multiplication des assassinats commis à Abidjan pendant les heures de couvre-feu par des groupes d’hommes en uniforme. Ils ont demandé aux autorités de réprouver fermement de telles exactions, d’ouvrir systématiquement des enquêtes sur les assassinats de civils, et de ne pas encourager leur multiplication en laissant leurs auteurs impunis. La mission a aussi déploré l’extrémisme des médias proches de certains partis politiques et a appelé à ce qu’un terme soit mis aux dénonciations haineuses qu’ils diffusent trop souvent. La FIDH a enfin rappelé aux plus hauts représentants de l’Etat ivoirien que ce dernier a le devoir de protéger l’ensemble de ses citoyens et des personnes résidant sur son territoire, et qu’ils ne sauraient invoquer l’état de guerre que connaît le pays pour se soustraire à ce devoir.

Tout en rappelant aux membres du gouvernement que la FIDH est opposée à toute tentative de prise du pouvoir par la force et qu’elle condamne de ce fait l’agression dont le gouvernement légal de Côte d’Ivoire a été la victime, la mission a demandé à ses interlocuteurs de ne pas céder à la tentation militaire et de tout mettre en œuvre pour faire aboutir une solution politique à la crise actuelle. Elle a par ailleurs condamné les exactions commises contre les populations par tous les belligérants.

Faisant suite à cette courte mission, la FIDH projette d’envoyer prochainement une mission d’enquête en Côte d’Ivoire, qui aura pour objectif d’enquêter sur les violations des droits humains qui lui ont été signalées dans les zones où s’exerce l’autorité du gouvernement comme dans les régions contrôlées par les rebelles. Elle enquêtera également sur les conditions d’application de la loi sur le foncier rural et de la procédure d’identification des citoyens ivoiriens.